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Quelle est la valeur explicative de la science, sa valeur de vérité ?

Publié le 12/06/2009

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a) La certitude scientifique. Le chimiste DUCLAUX pouvait dire récemment : « C'est parce qu'elle n'est sûre de rien que la science progresse toujours. « Jugement paradoxal à première vue si l'on songe aux qualités bien connues de la connaissance scientifique et à ce prestige qu'elle tire précisément du modèle de certitude qu'elle offre à l'esprit humain. Pourtant, à la réflexion, il apparaît que la science ne progresserait pas si elle atteignait une fois pour toutes un tel degré de certitude qu'il ne se posât plus de problème relevant de son ordre de recherches. Qui dit progrès ou marche en avant dit également instabilité, insécurité, déséquilibre même. La science ne doit pas se figer en un savoir définitif et intangible. Il lui faut rester une connaissance ouverte, en incessant devenir, une conquête perpétuelle. Or c'est précisément ce qui se dégage des faits, nous voulons dire du mouvement même de la science. Le logicien GONSETH le note : « De ses sources à ses aboutissements, toute l'étendue de la connaissance doit être ouverte à une éventuelle révision. « Et le physicien BARZIN : « Ce que nous appelons dialectique c'est une certaine conception de la science selon laquelle toute proposition scientifique est en principe révisible. Il n'existe pas de jugement scientifique dont nous soyons assuré qu'il ne sera pas à rectifier un jour. « La marche de la science se poursuit à travers les obstacles; succès et revers y alternent mais la chose la moins étonnante n'est-elle pas que l'on puisse tirer parti et profit des erreurs et des échecs, aussi instructifs que la réussite même, sinon davantage? C'est ainsi que, loin de la détruire, l'incertitude immanente à la science est la contradiction motrice de son propre devenir. Dialectique en ce sens, la science est une lutte incessante non seulement entre le sujet et l'objet mais entre les représentations ou les théories antagonistes, dans un conflit où l'esprit est sans cesse tenu en éveil. La raison qui préside à ce mouvement n'est plus, pour user (l'un langage kantien, la raison architectonique purement statique ou contemplative mais la raison dialectique et polémique installée dans un état permanent de crise, comme l'ont montré BRUNSCHVICG et BACHELARD. Mais il est indispensable de bien interpréter cette allure de la science. Ce renouvellement profond ne ressemble en rien à la ruine ou à la faillite que certains y ont vu; il est au contraire un signe de vitalité et de rajeunissement. Le déclin des absolus mathématiques ou scientifiques a rendu à la science une liberté que lui ravissait le prestige des conceptions traditionnelles tenues pour immuables et pesant sur elle comme autant d'hypothèques. La science apparaît désormais comme une grande aventure qui n'est rien d'autre que l'aventure même d'une raison en devenir.

 

« Discussion. On ne peut admettre que les lois soient vraies cependant que les théories ne le seraient pas.

Sans doute celles-ci supposent-elles une interprétation du réel à travers l'esprit mais rien ne dit que, malgré leurrenouvellement incessant, elles n'aient pas une valeur objective ou qu'on ne puisse du moins s'orienter vers unemeilleure représentation du réel.

A l'idée de POINCARÉ, « qu'il existe une infinité de points de vue différents qui sontlogiquement équivalents et entre lesquels le savant ne choisit que pour des raisons de commodité », on peutopposer la conception de DESCARTES : « Je crois bien qu'on peut expliquer un même effet particulier en diversesfaçons qui soient possibles, mais je crois qu'on ne peut expliquer la possibilité des choses en général que d'unefaçon qui est la vraie.

» Solution rationaliste à tendance idéaliste. Exposé.

A plusieurs reprises nous avons rencontré la théorie rationaliste-idéaliste.

Elle se résumerait fort bien dans cette formule de SCHELLING : penser la nature, c'est créer la nature.

De ce point de vue le monde s'inscrit dans lapensée humaine et il en est une création en ce sens que déjà la science est une création de l'esprit.

La valeur de lascience est alors fonction de la valeur de la raison dont elle est tributaire et la raison doit nous inspirer confiancecar elle n'est pas autre chose que la foi fondamentale de l'être.L'univers, selon BRUNSCHVICG, n'est qu'un réseau de relations et de fonctions et il faut le définir par la convergencede ses expressions rationnelles.

D'ailleurs la prodigieuse mathématisation de la physique semble confirmer cettefaçon de voir.

Tout se passe comme si le sensible s'était converti en intelligible, le réel en rationnel, la nature enesprit. Discussion.

Rappelons que la nature ne saurait être la création de l'esprit, à moins qu'on entende par là l'esprit divin.

Que la science soit la rationalisation du réel ou la réalisation de la raison dans le réel, elle n'en suppose pasmoins la dualité du sujet et de l'objet, de l'esprit et (le la nature.

BRUNSCHVICG lui-même enseigne que le savoirscientifique est tenu d'ajuster sans cesse ses concepts aux données de l'expérience, ce qui n'aurait pas de sens sil'expérience n'avait un contenu transcendant et extérieur à l'esprit humain.

Il se peut que la raison retrouve lerationnel au fond du réel mais cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas une réalité objective indépendante de notreconnaissance.

Au lieu de dire que les lois du monde font partie des lois de notre esprit, on peut soutenir que ce sontles lois de notre esprit qui font partie des lois du monde.• Il y a une dualité de la connaissance scientifique que M.

BACHELARD rappelle en citant cette déclaration deBOUTY « La science est un produit de l'esprit humain, produit conforme aux lois de notre pensée et adaptée aumonde extérieur.

Elle offre donc deux aspects, l'un subjectif, l'autre objectif, tous deux également nécessaires car ilnous est aussi impossible de changer quoi que ce soit aux lois de notre esprit qu'à celle du monde.

» Solution réaliste et critique. Exposé. Entre le sujet et l'objet, le rationnel et le réel, le monde de nos représentations et le monde de la réalité objective, il y a une correspondance profonde, un accord fondamental qui n'exclut pas une certaine inadéquation.C'est pourquoi leur harmonie n'est pas statique mais mouvante et leur accord est possible sans être jamais définitif.La science est constituée par l'incessant va-et-vient qui s'opère entre l'esprit et les choses, la pensée et la nature.Aussi est-elle une oeuvre inachevée où se poursuit le dialogue du rationnel et du réel.

Cependant sa vérité estassurée car il y a, non pas identité mais symétrie entre les lois de l'esprit et les lois du monde.

Il suffit que noustravaillions à mieux intégrer la nature aux cadres de la raison ou à mieux ajuster les cadres de la raison aux formesmêmes de la nature.

Être réaliste ce n'est pas être empiriste et faire de la science un simple reflet du monde.

C'esttenir compte, dans une sorte de synthèse, de l'apport respectif de l'esprit et des choses dans l'élaboration de lascience où se rencontrent l'activité de l'esprit et la réalité objective des choses.

Cela expliquant que la science soitvraie et pie cependant elle soit toujours obligée de réviser ses concepts, de refondre ses principes d'explication. Discussion. Comme nous l'avons vu, il reste à découvrir la raison profonde de cet accord, de la pensée et du monde, la cause même de cette harmonie qui vient du fond de l'être, afin qu'elle n'ait pas l'air d'être affirméegratuitement ou constatée sans autre explication.

Le principe de raison suffisante ou d'universelle intelligibilité exigeque rien ne soit sans raison d'être, sans qu'on puisse dire pourquoi il en est ainsi plutôt qu'autrement.A cette question dernière il n'y a plus que deux réponses, nous l'avons vu à diverses reprises.• La réponse matérialiste qui consiste, en somme, à éluder cette difficulté suprême, en faisant de l'esprit le produitd'une nature qui ne l'avait pas prévu et de la science le simple reflet du monde au miroir de la pensée humaine, letout étant conduit par une dialectique dont on ne sait pourquoi l'univers la porte en lui.• La réponse spiritualiste, à la fois rationaliste et réaliste consiste à expliquer l'accord en question et à fonder lavérité de la science ou de la connaissance sur la certitude métaphysique au sens cartésien, c'est-à-dire sur l'idéeque Dieu existe, qu'il est l'auteur de toutes choses, qu'il a donné au monde et à l'esprit humain qui en sort en effet,une commune structure logique ou dialectique fondamentale, comme s'il avait voulu que fût possible leur dialoguedans une science, qui loin de témoigner contre lui, comme l'enseignent les matérialistes, est alors l'un des signes lesplus éclatants de sa présence dans l'univers.. »

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