Devoir de Philosophie

La science doit-elle tout maîtriser ?

Publié le 12/10/2005

Extrait du document

Peut-on tout expliquer par la science ? La première objection à cette omnipotence de la science en terme de connaissance se trouve chez Kant (dans la Critique de la raison pure). Il explique que si l'homme peut rendre raison scientifiquement des phénomènes de la nature, certains objets lui sont inaccessibles. Il s'agit des objets métaphysiques (littéralement au-delà de la nature). Jamais l'homme ne pourra démontrer que Dieu existe ou encore que le monde est infini du fait de l'inexpérimentabilité de ces deux hypothèses. La science voit donc ici une limite à son idéal pouvoir de tout maîtriser par la connaissance. De plus, quand il s'agit de rendre intégralement raison des comportements humains, un problème se pose : qu'en est-il de la liberté ? Certes les sciences humaines doivent adopter le présupposé selon lequel nos comportements sont déterminés par des éléments extérieurs à nos individualités seules, mais elles sont lucides sur le fait que leur projet explicatif ne pourra jamais être exhaustif. Il est par exemple possible d'expliquer les comportements humains par des lois sociologiques mais ces lois ne seront jamais absolument vraies ; ce serait nier la liberté et le pouvoir d'initiative des hommes. Quelque chose dans l'homme résiste à la toute-puissance de la science en terme d'explication.

On s’étonne souvent que la science ne résolve pas tout, que la communauté scientifique n’ait pas encore découvert par exemple un moyen médical d’immuniser les populations contre le sida. Nous croyons en la science et à son pouvoir de maîtrise sur le monde. Cependant, tous les débats éthiques soulevés par la question de la maîtrise de la reproduction par la médecine mettent en lumière un autre aspect du problème : si la science peut beaucoup, reste à savoir si toutes ses possibilités doivent être exploitées. Il semble donc pertinent de se poser la question de savoir si la science doit tout maîtriser. Le problème n’est pas tant de savoir ce que la science maîtrise ou ne maîtrise pas actuellement, mais plutôt de s’interroger sur la science dans sa définition idéale (à savoir ce qu’elle devrait être au-delà de la réalité historique de la connaissance scientifique)dans ses rapports avec le monde. Le terme de « maîtrise « sera le fil conducteur de notre réflexion. Car si la maîtrise par la science est synonyme de connaissance du monde, alors il faudra s’interroger sur la capacité de la science à TOUT connaître. Mais si « maîtrise « implique nécessairement une intervention active dans le monde, alors la question de la limitation par l’éthique de son omnipotence ne pourra pas ne pas se poser.

« appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »). Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de natureentre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à desmachines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber. Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit lechercher. »La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but.

II.

Mais le peut-elle seulement ? La question qui se pose désormais est de savoir si la science peut, comme l'ont affirmé les positivistes, toutmaîtriser par la connaissance.

Peut-on tout expliquer par la science ?La première objection à cette omnipotence de la science en terme de connaissance se trouve chez Kant (dans la Critique de la raison pure ).

Il explique que si l'homme peut rendre raison scientifiquement des phénomènes de la nature, certains objets lui sontinaccessibles.

Il s'agit des objets métaphysiques (littéralement au-delà de lanature).

Jamais l'homme ne pourra démontrer que Dieu existe ou encore quele monde est infini du fait de l'inexpérimentabilité de ces deux hypothèses.

Lascience voit donc ici une limite à son idéal pouvoir de tout maîtriser par laconnaissance.De plus, quand il s'agit de rendre intégralement raison des comportementshumains, un problème se pose : qu'en est-il de la liberté ? Certes les scienceshumaines doivent adopter le présupposé selon lequel nos comportements sontdéterminés par des éléments extérieurs à nos individualités seules, mais ellessont lucides sur le fait que leur projet explicatif ne pourra jamais êtreexhaustif.

Il est par exemple possible d'expliquer les comportements humainspar des lois sociologiques mais ces lois ne seront jamais absolument vraies ;ce serait nier la liberté et le pouvoir d'initiative des hommes.

Quelque chosedans l'homme résiste à la toute-puissance de la science en termed'explication.Dans cette perspective, il semble erroné de penser que la science peut toutmaîtriser par la connaissance.

III.

La question éthique du pouvoir d'intervention de la science dans lemonde des hommes. Il s'agit désormais de s'interroger sur le deuxième sens de « maîtrise ».

On parle par exemple de maîtriser deséléments perturbateurs au sens de les rendre inoffensifs, et ainsi de permettre à tous de vivre mieux.

La questionest donc de savoir jusqu'où la science peut nous aider, et parallèlement quels sont les problèmes que pose cepouvoir d'intervention.

Et-ce une bonne chose de laisser la science tout maîtriser ?L'exemple de la génétique semble ici un exemple particulièrement pertinent : il ne fait aucun doute que la science afait récemment d'immenses progrès dans ce domaine, permettant par exemple d'expliquer le processus de l'hérédité.Cela a permis à la médecine de prévenir les maladies génétiques et de les identifier très tôt, laissant ainsi auxparents le choix de garder leur enfant ou non.

Mais il y a toujours une possibilité de dérive génétique comme parexemple le clonage humain ou le « tri » des embryons selon des critères fantaisistes comme par exemple la couleurdes yeux.

On voit bien ici que ce n'est pas parce que la science a un pouvoir de maîtrise sur les phénomènes du faitde sa connaissance du monde qu'elle doit nécessairement la mettre en pratique.La science, dans son aspect « recherche fondamentale », est désintéressée.

La question de son éventuelle maîtrisedes phénomènes naturels comme la procréation, le climat, les maladies…ne se pose qu'a posteriori.

Il s'agit, enfonction des éléments théoriques que nous apporte la science, de voir ce qu'il est MORALEMENT bon de maîtriser.

Ilfaut trier les possibilités que nous offre la science.

La science ne doit pas, d'avance et par principe, avoir l'ambitionde tout maîtriser.

Conclusion - Pour les plus optimistes, la science tend vers un idéal de maîtrise de tous les phénomènes du monde par. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles