De la spécificité des sciences humaines
Publié le 10/05/2012
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A. Dans les sciences de la nature l'observation des faits ne requiert que l'exercice des sens. Ceux-ci, sans doute, sont grandement aidés par de multiples instruments conçus et réalisés par la technique scientifique ; mais, en définitive, c'est d'après des données sensorielles que le chercheur juge du réel. Il n'en est pas de même dans les sciences humaines. L'observateur y recourt bien aux données des sens : la vue et l'ouïe lui sont indispensables pour accéder aux immenses sources ...
«
1.
-DIFFERENCE DE NATURE
Aux êtres qui constituent 1 'objet des sciences de la nature,
il manque
la conscience réfléchie et la pensée qui sont pro
pres
à l'homme.
A.
Les animaux, il est vrai, du moins les espèces animales
supérieures, pourvues d'une certaine conscience,
participent
plus ou moins à ces prérogatives de l'humanité: i!s éprouvent
plaisir et douleur, se souviennent, sont ::apables d'adaptations
intelligentes qu'on n'observe pas c;àns le règne végétal ...
Y a-t-il,
entre le psychisme humain et le psychisme animal une diffé
rence
de nature ou simplemer.t de degré, ce n'est pas ici le
lieu d'en débattre.
Tiendrait-on pour une simple différence de
degré,
il ne s'ensuivrait pas que l'étude de l'homme en totalité
ressortit aux sciences de la nature : c'est en effet le psycho
logue,
et non le biologi.ste, qui s'occupe du psychisme animal
et en particulier de l'instinct.
N'est-ce pas reconnaître pratique
ment la spécificité du psychisme par rapport aux phénomènes
dans lesquels la conscience
n'intervient pas ?
B.
C'est bien, en effet, la conscience qui marque la sépa
ration des deux domaines
dont nous traitons.
Toutefois il n'est
de proprement humain, que la conscience réfléchie et la pensée
qui la conditionne.
Si l'animal n'a rien de ce qui fait l'objet des sciences pro
prement humaines - art et religion, histoire et organisation
juridique, psychologie
et langage ...
- c'est qu'il ne pense pas.
Limité aux données sensorielles, il est incapable d'en abstraire
les notions
et les lois générales grâce auxquelles l'homme
comprend les faits
qu'il observe et les organise en un système
explicatif grâce auquel il prévoit l'avenir et le prépare.
C'est
faute de pensée que l'hirondelle d'aujourd'hui, comme celle
d
ii y a dix mille ans, émigre, à l'approche de l'hiver, sous des
cieux plus cléments, tandis que l'homme construit des habi
tations climatisées.
L'étude
de ces faits dans lesquels interviennent la con
science
et la pensée ne saurait procéder de la même manière
que celles des
êtres qui en sont dépourvus.
Il.
- DIFFERENCE DE METHODE
Dans ses grandes lignes, la méthode expérimentale qui,
des
faits d'observation, s'élève aux lois générales ou aux syn
thèses explicatives,
est commune aux sciences de la nature.
»
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