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Les Baroques par Pierre Francastel École des Hautes Études, Paris Après avoir été considéré, au XIXe siècle, comme une épithète péjorative, le terme de Baroque a pris depuis les années 20, une valeur apologétique.

Publié le 05/04/2015

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Les Baroques par Pierre Francastel École des Hautes Études, Paris Après avoir été considéré, au XIXe siècle, comme une épithète péjorative, le terme de Baroque a pris depuis les années 20, une valeur apologétique. A la base de cette transformation, il y a un changement d'appréciation des valeurs psychologiques et une connaissance plus approfondie des faits historiques. Pour les hommes du XIXe siècle, le sens de l'histoire moderne était simple ; la Renaissance constituait la dernière forme valable de la vraie civilisation, parce que l'homme est éternellement le même et qu'on ne peut mesurer les valeurs qu'il crée dans le temps que par rapport à des types de perfection dont, à plusieurs reprises déjà dans le passé, l'humanité s'est approchée. On condamnait donc le Baroque en considération d'une philosophie de l'histoire et de l'homme qui est platonicienne, puisqu'elle suppose l'existence d'un paradigme de l'Homme aussi bien que du Beau. Les différentes sectes chrétiennes et les encyclopédistes comme les disciples de Kant ou de Hegel se rencontraient d'ailleurs dans cette vue. Il en résultait une croyance toute naturelle dans la périodicité des mouvements de l'histoire comme dans la supériorité absolue - hors de l'histoire - des styles et des époques qui se sont le plus approchées d'une interprétation adéquate de l'éternel humain. Ainsi le Baroque, art de l'instable et du fugitif, apparaissait comme une décadence. Certains des apologistes modernes du Baroque se sont encore inspirés d'une philosophie entièrement conforme aux anciennes attitudes de l'esprit. Eugenio d'Ors s'est fait, par exemple, le défenseur des constantes historiques. Il a eu beau les appeler des " éons ", il n'a pas rajeuni le thème. Baroque éternel, éternels retours des périodes de la vie des formes ou des civilisations calquées sur le développement de l'être humain parcourant des âges immuablement fixés par la nature, cette philosophie n'est qu'un rajeunissement des termes où se concilient le décadentisme et le nietzschéisme des années 1880 avec le conformisme chrétien le plus miraculeux. D'autres commentateurs ont fait preuve de plus de modernisme. Non pas, certes, un Wölfflin - pour qui le Baroque et le Classique ne constituent que deux modes de présentation éternellement opposés - mais les vrais historiens, qui, s'approchant des oeuvres, se sont refusés à les condamner à priori, simplement parce qu'elles ne répondaient pas à une définition abstraite du vrai. Si l'intérêt pour le Baroque s'est développé depuis un demi-siècle, on le doit donc aux hommes qui ont analysé les oeuvres ou qui les ont replacées dans leur contexte historique. Les uns et les autres ont insisté sur le fait que le Baroque s'est efforcé d'enseigner et de plaire dans la forme particulière à une époque unique de l'histoire et à travers des génies originaux. Apologistes des Carrache et du Dominiquin, du Caravage, de Tintoret ou du Greco, les goûts particuliers s'opposent, mais les Marcel Reymond, les Welsbach et les Mâle, les Barrès, ou les Brinckmann ont fait plus pour relever le goût du Baroque que les théoriciens de la forme. Simultanément des historiens de la civilisation, comme Benedetto Croce, étudiaient avec ferveur l'âge baroque tout entier à travers des faits globaux de littérature et de civilisation.<...

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