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L'irréalisme byzantin et son influence par Paul Lemerle Directeur d'études à l'École des Hautes Études (Sorbonne), Paris Il n'est pas aisé d'enfermer en peu de pages la définition et l'évolution de la peinture byzantine.

Publié le 05/04/2015

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L'irréalisme byzantin et son influence par Paul Lemerle Directeur d'études à l'École des Hautes Études (Sorbonne), Paris Il n'est pas aisé d'enfermer en peu de pages la définition et l'évolution de la peinture byzantine. La première difficulté vient du cadre historique dans lequel elle s'inscrit. Le mot même de " byzantin " appelle un commentaire, sinon des réserves, et peut-être parlerait-on plus justement d'art " chrétien d'Orient ". Chrétien, parce qu'il se constitue au moment où s'affirme le triomphe du christianisme, et que jusqu'au terme de son histoire il restera d'abord serviteur de l'idée chrétienne. Oriental, parce que l'époque de sa formation est justement celle où se relâchent les liens politiques de l'Empire romain, qui avait été, malgré toutes les atténuations qu'il faut apporter, un empire occidental ; celle où se réveillent les nationalismes orientaux, en Égypte, en Grèce, en Syrie et Palestine, en Asie Mineure, en même temps que les traditions artistiques locales ; celle enfin où l'ancienne Rome, sous la menace des barbares, se voit dépossédée de sa primauté au profit de la Nouvelle Rome, puisque tel est le nom que tout au long de son histoire portera Byzance, ville orientale par la géographie, par la population, par la langue. Le rôle propre de Byzance sera d'ailleurs considérable, et dans une large mesure justifie les expressions d'art " byzantin " et de " peinture byzantine ". Pendant onze siècles, la ville inaugurée en 330 par Constantin remplira son rôle de capitale d'empire comme aucune autre cité dans l'histoire ne l'a fait. Attaquée sans cesse et de tous côtés, elle résistera, et protégera de ses puissantes murailles la lente transmutation par le génie grec des influences nombreuses et diverses, dont la fusion formera la civilisation byzantine. Après avoir recueilli des mains défaillantes de Rome ce qui pouvait être sauvé de l'héritage antique, elle l'enrichira de toutes les forces nouvelles que sa gloire attirait vers elle. Il ne faut cependant pas oublier que son rôle, au moins dans les premiers siècles, fut surtout d'ordonner, d'harmoniser, de confronter, de susciter et méconnaître la part créatrice des provinces et des pays périphériques. Il faudrait beaucoup de temps et de place pour suivre, à travers tant de siècles et tant de pays, l'évolution de la peinture byzantine, et reconstituer un schéma où le capricieux hasard des monuments conservés ou détruits, ceux-ci en nombre infiniment plus grand - laisse encore aujourd'hui subsister tant de zones d'ombre. Du moins peut-on dégager quelques traits permanents, communs à l'ensemble des mosaïques, fresques, icônes et miniatures parvenues jusqu'à nous. Par le choix des sujets, la peinture byzantine est avant tout peinture religieuse. Non pas seulement au sens où l'expression s'appliquerait à la peinture occidentale : l'étude iconographique nous avertit d'une différence profonde. Le peintre d'Occident prend ses sujets dans l'histoire de sa foi, parce que les monastères et les églises sont ses principaux clients, et parce que cette foi est le principal objet des pr&e...

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