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CONSTITUTION D'UNE SCIENCE DE L'HOMME EXEMPLE : L'HISTOIRE.

Publié le 01/05/2014

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STATUT ET CONSTITUTION DES SCIENCES HUMAINES : APPROCHE GÉNÉRALE.

Les sciences humaines sont de constitution récente. Cf. Scheler : L'homme n'est devenu que tardivement un probl�me pour lui-même. D'une certaine mani�re, les sciences humaines, dans leur diversité et la spécialisation de leurs démarches respectives, marquent la « mort de l'homme �, c'est-à-dire la fin des représentations tradition¬nelles de la réalité humaine.

Comment rendre compte d'un av�nement aussi tardif des différentes sciences de l'homme ? Indépendamment de la complexité propre à l'objet d'étude, il faut surtout trouver une explication dans l'emprise de conceptions valorisées, d'emblée investies par des repré-sentations subjectives ou idéologiques, sur toute démarche visant à élucider le phénom�ne humain. La ténacité des interdits, des préjugés détermine un probl�me épistémologique de taille : la difficulté pour l'homme de s'affranchir de la tendance qu'il a à projeter sur son objet d'étude ses propres normes, d'absolutiser sa position relative à une culture (ethnocentrisme) et/ou à un moment du devenir (illusion rétro¬spective). Cette difficulté met en lumi�re un phénom�ne général de l'idéologie : la ténacité des illusions que l'homme se fait sur lui-même,

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« que ce soit sur le plan des normes culturelles, des valeurs éthiques ou idéologiques, ou même de motifs conscients auxquels il réfère constam­ ment son action.

-L'avènement des différentes sciences de l'homme.

comme celui des sciences de la nature, a requis et requiert encore une rupture épistémologique avec toutes ces illusions.

L'Histoire a dû rejeter, après les avoir élucidées, les illusions idéologiques diverses qui pouvaient le conditionner à son insu (cf.

Marx et la critique des justifications et des apologies).

L'Ethnologie a dû s'affranchir de /'ethnocentrisme et des préjugés évolutionnistes après les avoir identifiés comme obstacle à une démarche objective (cf.

Lévi-Strauss).

La Psychanalyse n'a pu donner à la psychologie un caractère scientifique qu'en refusant /'assimilation traditionnelle du psychisme à la conscience.

-L'homme n'est-il qu'une abstraction 1 Les problèmes épisté­ mologiques qui viennent d'être évoqués conduisent à une question mé­ thodologique de fond dont les implications philosophiques sont décisi­ ves : comment aborder la diversité effective des hommes, saisis dans leur existence réelle ? Y a-t-il vraiment une psychologie, une histoire, une ethnologie ? Si oui, à quel niveau de généralité pourra-t-on en définir les objets respectifs ? Ces questions sous-tendent et renouvel­ lent les discussions classiques sur l'existence d'une nature humaine.

Lorsque Marx et Engels reprochent à la philosophie classique alle­ mande de parler de «l'homme en général» et signalent qu'il n'existe en fait que des hommes, historiquement déterminés et vivant dans des conditions particulières (cf.

L'idéologie allemande, première partie), ils ne font pas autre chose que souligner les difficultés épistémologiques des sciences humaines, saisies au niveau de la définition même de leur objet.

Lorsque Malinovsky reproche à Freud d'avoir fait du complexe d'Œdipe une structure universelle, il met en relief le même type de difficulté.

Aristote affirmait : « Il n'y a de science que du général ».

On peut se demander, à la limite, si les sciences humaines peuvent être constituées dans le cadre d'une telle définition.

L'enjeu d'une telle question montre la nécessité d'une élucidation rigoureuse des présup­ posés, des conceptions préalables qui animent toute démarche à pré­ tention explicative.

Le propos de l'étude scientifique de la réalité hu­ maine est-il de ramener une diversité de fait à luniversalité d'une explication obtenue par « réduction des différences », ou bien de pren­ dre cette diversité comme une donnée fondamentale et irréductible ? Ces deux démarches peuvent-elles être conciliées dans une entreprise théorique qui comporterait à la fois des concepts généraux (valable pour toute réalité humaine) et des concepts spécifiques (c'est-à-dire propres à des phénomènes particuliers et irréductibles) ? - Il ne faut pas se masquer la difficulté de telles questions, dont les enjeux politiques et idéologiques sont par ailleurs très importants.

Le temps n'est pas si loin où la différence des cultures, thématisée comme hiérarchie alimentait la justification du colonialisme ou du néo­ colonialisme.

La façon dont une classe sociale peut « reconstituer », travestir ou malmener l'histoire réelle lorsqu'elle y a intérêt nous rensei- 163. »

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