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Fiche de cours en philo : CONSTITUTION D'UNE SCIENCE DE L'HOMME .

Publié le 02/08/2009

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SUJETS DE BACCALAURÉAT — Les sciences de l'homme doivent-elles s'inspirer des méthodes utilisées dans les sciences de la nature? — Est-ce au même titre que l'on parle de sciences de la nature et de sciences de l'homme? — L'homme peut-il être l'objet d'une science particulière? — Les sciences humaines donnent-elles un pouvoir sur l'homme? — Les sciences humaines sont-elles compatibles avec l'affirmation de la liberté? — La pluralité des sciences de l'homme ne contredit-elle pas le projet philosophique de penser l'homme? — Peut-on, sans se contredire, parler de «science de l'homme«?

• Attention! Ne comptez pas la biologie, l'anatomie ou la physiologie humaines parmi les sciences de l'homme! Les sciences humaines se définissent, en effet, comme l'ensemble des disciplines traitant, par opposition au reste de la nature, de ce qui caractérise l'homme : comportement psychologique, histoire, société...  • Lisez, en même temps que cette fiche, celle consacrée au «sens« : les sciences humaines ont, en effet, comme objet privilégié d'étude, l'homme comme projet et conscience porteuse de sens et de signification.  • L'homme, comme activité dont il est possible d'étudier les lois, est apparu tardivement dans le savoir (§ 1) : les sciences humaines se constituent à partir du XIXe siècle (§ 2).  • Le modèle scientifique et surtout physique a d'abord fasciné les sciences humaines (§ 3), comme en témoignent les écrits de Durkheim, un des fondateurs de la sociologie (§ 3). Le projet structuraliste, dans les années 1950-1960, n'a fait que réitérer ces exigences de scientificité (§ 4).  • Néanmoins, les sciences humaines possèdent leur spécificité par rapport aux sciences de la nature, dans la mesure où l'homme est d'abord objet de compréhension (§ 5).  • L'exemple de la sociologie montre bien que le modèle positiviste ne peut et ne doit pas supprimer l'approche compréhensive (§ 6).

« de scientificité.

Illustrées par les travaux de Lacan et surtout de Lévi-Strauss, les recherches structuralistestentèrent de constituer en savoirs rigoureux et objectifs des domaines qui appartenaient encore à la philosophie.

Ens'efforçant de construire des structures, c'est-à-dire des ensembles ou des totalités dont les éléments n'ont desens que par rapport à l'organisation générale (la langue, par exemple, est un système de cet ordre), lesstructuralistes prolongeaient l'effort d'objectivité en s'efforçant de dégager des structures sociales un ensemble delois. Dès lors, le structuralisme oubliait l'homme, donateur de sens, qu'il dissolvait au profit des structures.«Nous croyons que le but dernier des sciences humaines n'est pas de constituer l'homme, mais de le dissoudre.» (C.Lévi-Strauss, La pensée sauvage, Plon, 1962) V — On explique la nature et on comprend l'homme L'erreur des recherches purement positivistes est d'oublier que l'homme ne peut jamais être étudié comme les autresréalités du monde.

Elles méconnaissent l'essence de la réalité humaine, l'homme comme donateur de sens et projet.Les positivistes occultent la nécessité de la compréhension : on explique la nature, mais on comprend l'homme et lavie de l'esprit, ont noté Dilthey et, plus tard, Sartre : «L'homme est pour lui-même et pour les autres un être signifiant, puisqu'on ne peut jamais comprendre le moindre deses gestes sans dépasser le présent pur et l'expliquer par l'avenir...

Pour saisir le sens d'une conduite humaine, ilfaut disposer de ce que les psychiatres et les historiens allemands ont nommé «compréhension.» (Sartre, Questionde Méthode, in Critique de la raison dialectique, NRF, 1960)Ainsi, les sciences humaines ne peuvent s'inspirer totalement des méthodes utilisées dans les sciences de la nature. VI — Naissance d'une science humaine.

Exemple : la sociologie Jusqu'au xixe siècle, société et État se trouvent confondus chez tous les philosophes qui en traitent à partir d'uneréflexion métaphysique pour en expliquer le fonctionnement, l'évolution, décrivant ainsi des sociétés idéales (LaRépublique, de Platon, la Cité de Dieu, de Saint Augustin). Auguste Comte fonde la sociologie : il veut en faire la «science des sciences ».

Mais son discours, ainsi que celui deses successeurs immédiats (Spencer, Mill), reste d'abord une justification de certaines idées générales, tirées del'observation de faits sociaux du passé et très imprégnées encore de métaphysique. C'est Durkheim qui va réellement tenter de faire accéder la sociologie au statut de science exacte en lui appliquantle modèle scientifique (cf.

§3).

Il crée le concept du fait sociologique traité comme une chose, avec une définitionprécise, et recherche, par le biais de mesures statistiques, des lois liant les faits et permettant de prévoir l'évolutiondes sociétés.

Avec Marcel Mauss (1872-1950) et les autres continuateurs de Durkheim, la sociologie tented'atteindre à une objectivité réelle, comme si elle était «le véritable instrument d'information par lequel la société sepense». Mais l'imbrication des faits sociaux dans toutes les activités de l'homme rend leur définition difficile et imprécise ; lacomplexité et la fluidité des relations sociales échappent sans cesse à toute description rigoureuse.

La sociologie nepeut être définie comme une science positive telles la biologie ou l'agronomie. Ces difficultés ont conduit la sociologie contemporaine, d'abord fascinée par l'objectivité quantitative, à renoncerprogressivement à celle-ci comme unique approche et à redonner de l'importance à la quotidienneté vécue, commeen témoignent les travaux désormais célèbres d'Henri Lefebvre sur la sociologie de la vie quotidienne (La viequotidienne moderne, PUF, 1968).

C'est, par exemple, le vécu de la ville qui intéresse les sociologues de notretemps.

De même, Jean Baudrillard analyse-t-il le sens vécu et concret de la consommation moderne, lorsque leSigne pur et simple prédomine (livres, disques, meubles se ramènent à des signes, indépendamment de leur contenu.Ainsi consommons-nous des signes et cela explique qu'il n'y ait pas de limites à la consommation).Edgar Morin, lui aussi, a développé des analyses sociologiques fort concrètes, dans de multiples directions : celle ducinéma (dans Le cinéma et l'homme imaginaire, il montre que la participation imaginaire au culte des stars représenteune expérience vivante, non point un abrutissement), celle du racisme et de l'antisémitisme (dans la Rumeurd'Orléans), mais aussi dans le domaine du nouvel esprit de notre temps : son approche se fait attentive pourenregistrer la crise de la culture et la crise de là société, en bref toutes les ruptures concrètes qui traversent notrechamp social (cf.

L'esprit du temps, 1 et 2).Comment s'est donc constituée la sociologie? A travers une double approche :— positive et scientifique (Durkheim, etc.),— à travers une réflexion qualitative et concrète sur le vécu social (Lefebvre, Baudrillard, etc.). Conclusion Ce n'est pas au même titre que l'on parle de sciences de la nature et de sciences de l'homme, car ces dernières nepeuvent totalement s'émanciper de la pensée philosophique ou de la spéculation métaphysique. SUJETS DE BACCALAURÉAT. »

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