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Cours de philo: L'ETHIQUE

Publié le 24/03/2015

Extrait du document

Cette morale républicaine, humaniste, marque donc à la fois la fin du cosmologico-éthique et celle du théolo-gico-éthique.

 

Par exemple, une cité républicaine idéale, une cité républicaine bien faite, ce n'est pas une cité dans laquelle les faibles par nature, les handicapés par exemple, ceux qui n'ont pas de dons naturels tr�s brillants ou qui sont handicapés par la maladie, qui sont affaiblis à quelque égard que ce soit, seraient pour autant mis en bas de l'échelle.

 

C'est au contraire une cité dans laquelle on va chercher à les aider, une cité dans laquelle on va essayer de compenser les faiblesses naturelles par une aide sociale, par une justice sociale.

 

On la trouve déjà inscrite dans les différents projets de Déclaration des droits de l'homme qui fleurissent en août 1789.

 

Si l'on en juge par le montant des dépenses publiques engagées dans les républiques, ce n'est pas seulement d'idée qu'il s'agit, mais bien de réalité tout à fait factuelle.

 

La formule de l'idée républicaine, «ma liberté s'arrête là où commence celle d'autrui�, est une formule artificielle, non naturelle, et nous savons bien que dans l'école de la république, comme dans les familles républicaines, on doit éduquer l'enfant à la civilité, contraindre sa nature.

 

L'être humain n'est plus un animal politique par nature --- un zoon politikon, comme le dit Aristote ---, ce n'est pas la nature qui fait le citoyen, mais c'est l'éducation, et cette éducation suppose qu'on s'oppose presque en permanence à la nature.

 

Avec l'idée républicaine, on entre dans ce qu'on pourrait appeler un «humanisme juridico-politique�, au sens où la source de la loi ne réside plus dans un texte religieux --- et c'est cela, véritablement, l'essence de la laïcité : c'est l'idée que la source du droit, la source de la loi, n'est ni cosmologique --- imiter le cosmos, imiter la hiérarchie naturelle des êtres comme dans les éthiques grecques --- ni religieuse, comme dans les théocraties.

 

Discours sur la dignité humaine, mais aussi chez Rousseau, dans le Discours sur l'origine de l'inégalité.

 

On en trouve certaines prémisses dans le monde ancien, chez les sophistes, quand ils font de l'homme la «mesure de toute chose�.

 

Mais c'est seulement avec la Renaissance qu'elle vient au premier plan --- les sophistes étant, dans le monde grec, plutôt des marginaux, les représentants d'une esp�ce de contre-culture, pour ne pas dire de contre-philosophie, comme en témoigne leur opposition à la tradition philosophique.

 

Que dit Rousseau sur cette différence entre humanité et animalité afin de définir, comme le faisait déjà Pic, la dignité spécifique de l'homme?

 

Il faut bien comprendre que cela n'a rien d'anecdotique, malgré l'apparence.

 

Cette question de l'animalité, de la différence entre l'humain et l'animal, du propre de l'humain par rapport à la bête, par rapport à ceux que Michelet appellera joliment «nos fr�res inférieurs�, elle se pose au moment de la naissance de l'humanisme pour une raison absolument fondamentale, philosophiquement et politiquement : si on pense que la morale, la politique et le droit peuvent et doivent se fonder désormais sur l'être humain, sur cet homme qui fabrique maintenant les lois dans un parlement indépendamment de la représentation de Dieu ou du cosmos, dans une Assemblée nationale composée d'êtres humains qui ne sont pas forcément des croyants, si on pense, donc, que l'humain est un être de morale, que c'est même le seul qui puisse bénéficier de ces fameux droits de l'homme, alors la question doit bien se poser : pourquoi l'homme et lui seul?

 

Qu'y a-t-il --- voilà la question fondamentale de l'humanisme naissant et voilà pourquoi le débat sur les animaux va occuper une place aussi cruciale, à partir de Descartes, et susciter des milliers d'ouvrages en Europe ---, qu'y a-t-il donc dans l'humain de si extraordinaire, de si singulier, qu'il apparaisse désormais, non seulement comme le seul être moral, mais comme l'unique fondement possible d'une éthique et d'un droit dorénavant coupés de toute cosmologie comme de toute théologie?

 

Si je regarde au-dessus de l'homme et en dessous, je n'aperçois aucun équivalent moral.

 

Les anges ne sont pas des êtres moraux, puisqu'ils ne peuvent faire que le bien, ils ne peuvent choisir le mal.

 

Pour être un être moral, il faut avoir le choix.

 

Les anges et les dieux ne peuvent donc pas être des êtres à proprement parler moraux, puisqu'ils n'ont pas le choix entre le bien et le mal, ils ne font que le bien, les malheureux, si je puis dire.

 

arbitre, donc pas de préoccupations éthiques ou juridiques à résoudre.

 

Qu'est-ce que c'est que cet humain, entre les animaux en bas et les anges en haut, cet être qui n'est ni ange ni bête, comme dit Pascal?

 

Rousseau, dans le droit fil de Pic, propose une réponse géniale, une réponse qui, implicitement ou explicitement, va servir de fondement aux républiques modernes --- et ce n'est pas pour rien que son Contrat social aura une telle influence sur les révolutionnaires français.

 

Elle tient dans l'idée que la vraie différence entre l'humain et l'animal, ce n'est pas l'intelligence --- il y a des animaux tr�s intelligents et des humains tr�s bêtes, nous ne différons à cet égard que quantitativement, par le degré, et l'éthologie contemporaine lui donne raison.

 

« Si j'ai intitulé cette leçon « brève histoire de l'éthique », c'est que je voudrais la consacrer tout entière à dévoiler la logique souterraine, le fil d'Ariane qui par­ court l'histoire des grandes visions morales du monde.

Pour parler le langage de nos vieux maîtres, c'est ce qu'on appelle une séance de révision, parce que les idées que je vais vous exposer aujourd'hui, nous les avons déjà plus ou moins rencontrées dans des leçons antérieures, mais sous des formes différentes et sans lien entre elles.

Ceux qui ont suivi les épisodes précédents vont donc s'y retrou­ ver facilement.

Pour les autres, je ferai en sorte, grâce à quelques mises au point ponctuelles, que ce soit malgré tout compréhensible.. »

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