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La conscience (cours de philo - TL)

Publié le 20/03/2015

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conscience

En cet effort particulier d'attention, ma conscience s'atteste comme présence au monde indissociable d'une saisie de ma situation en ce monde, d'une présence à soi.

 

Alors que l'obstacle qui m'arrête est palpable, localisable, doté d'une certaine consistance et d'un contenu déterminé, ma conscience est insaisissable, ici et ailleurs, attentive au présent mais aussi soucieuse de l'avenir qu'elle prépare et rapportée au passé qu'elle évoque, espérant y trouver la réponse aux questions qu'elle se pose.

 

Si les choses peuvent nous irriter, en effet, nous ne les embarrassons en aucune façon : nous ne sommes rien pour elles, qui ne sont rien non plus pour elles-mêmes.

 

De sorte que leur indifférence est synonyme d'inertie et notre inquiétude, de spontanéité.

 

La conscience, au contraire, ne surgit que pour reprendre une initiative que nos habitudes --- de pensée autant que de comportement ---nous avaient ravie.

 

Ainsi nous lib�re-t-elle de la «force des choses�, qu'elle s'efforce de connaître pour mieux les transformer ; ainsi nous arrache-t-elle à nous-mêmes en enrayant les réactions automatiques, les réflexes qu'un conditionnement plus ou moins long a inscrits dans notre corps, et que nous appelons, un peu vite, notre nature.

 

3. On lira dans les cél�bres Définitions d'Alain un paragraphe sur l'âme qui soutient la même idée.

 

Déçu par une science scolastique qu'il juge inutile et incertaine, mû par le désir de trouver une certitude telle «que les plus extravagantes suppositions des sceptiques� ne soient «pas capables de l'ébranler�, il tient pour faux tout ce en quoi il peut imaginer le moindre doute.

 

Nous trompant quelquefois, il peut nous abuser toujours.

 

Et, comme nous croyons aussi fermement à l'existence de ce que nous voyons et sentons en rêve qu'à la réalité que nous percevons étant éveillés, nous pouvons et devons feindre qu'il n'y ait aucun monde et que nous n'ayons aucun corps.

 

Afin de radicaliser son doute, en effet, Descartes imagine qu'un «malin génie� le trompe chaque fois qu'il se persuade de la vérité des énoncés mathématiques les plus contraignants.

 

Sentiment et imagination doivent être I. Discours de la méthode, quatri�me partie, Éd.

 

réputés faux si j'admets dans leur définition l'idée de mon corps, qui peut en être la cause, et celle d'un objet matériel qu'ils sont censés me représenter.

 

Ainsi la conscience est-elle réifiée et considérée comme une substance unie au corps mais distincte de lui.

 

La volonté de mentir, en effet, rév�le toujours une imperfection : la dépendance du menteur à l'égard de celui qu'il trompe.

 

La modification produite dans la glande pinéale par le mouvement des esprits animaux provoque une émotion de l'âme, c'est-à-dire une passion.

 

Ainsi, en présence d'un animal effroyable, disposé à nous nuire, l'afflux des esprits animaux agit de mani�re à susciter, d'une part, des automatismes corporels de fuite et, d'autre part, la passion de la peur en l'âme.

 

Ses volontés sont, nous venons de le lire, absolument en son pouvoir.

 

En outre, la communication établie par la glande pinéale entre l'âme et le corps n'est pas à sens unique : à chaque action du corps correspond une passion de l'âme, à chaque action de l'âme correspond une passion du corps.

 

«Rien ne me force�, «je veux ce que je pense, et rien de plus�, telle est, résumée par Alain2, «la conception héroïque de la conscience3� proposée par Descartes et en vertu de laquelle il définit la morale comme une entreprise de domination des passions par la conscience, c'est-à-dire comme maîtrise de soi.

 

De ce «parallélisme� se déduisent quelques conséquences opposées au cartésianisme et à la tradition philosophique dans laquelle il s'inscrit.

 

conscience

« La conscience 5 choses.

Alors que l'obstacle qui m'arrête est palpable, localisable, doté d'une certaine consistance et d'un contenu déterminé, ma conscience est insaisissable, ici et ailleurs, attentive au présent mais aussi soucieuse de l'avenir qu'elle prépare et rapportée au passé qu'elle évoque, espérant y trouver la réponse aux questions qu'elle se pose.

« Pont jeté entre le passé et l'avenir 1 », elle ne semble vraiment elle-même qu'en proie à l'inquiétude : ne se fait-elle pas d'autant plus aiguë que la crise qu'elle traverse est profonde ? N'assombrit-elle pas nos plus beaux instants en nous rappelant notre impuissance à les retenir ? N'envie-t-elle pas, aux heures de désespoir, l'indifférence de l'obstacle qui lui fait perdre patience et qui n'a cure d'elle ? Facteur et témoin indiscret de notre misère, beaucoup n'hésiteront pas à la maudire.

« Mais, leur objectera toujours Pascal, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien2.

» Si les choses peuvent nous irriter, en effet, nous ne les embarrassons en aucune façon : nous ne sommes rien pour elles, qui ne sont rien non plus pour elles-mêmes.

De sorte que leur indifférence est synonyme d'inertie et notre inquiétude, de spontanéité.

Une chose est comme engluée dans le monde ; elle est ce que les circonstances l'ont faite, auxquelles elle ne peut rien changer.

La conscience, au contraire, ne surgit que pour reprendre une initiative que nos habitudes -de pensée autant que de comportement - nous avaient ravie.

Ainsi nous libère-t-elle de la « force des choses », qu'elle s'efforce de connaître pour mieux les transformer ; ainsi nous arrache-t-elle à nous-mêmes en enrayant les réactions automatiques, les réflexes qu'un conditionnement plus ou moins long a inscrits dans notre corps, et que nous appelons, un peu vite, notre nature.

« Remarquez, note en ce sens Alain, que ce qui se fait par l'homme sans hésitation, sans doute de soi, sans blâme de soi, est aussi sans conscience.

Conscience suppose arrêt, scrupule, division entre soi et soi.

Il arrive que dans les terreurs paniques, l'homme est emporté comme une chose.

Sans hésitation, sans délibération, sans égard d'aucune sorte.

Il ne sait plus alors ce qu'il fait3.

» La conscience apparaît donc comme ce qui domine le corps en le refusant.

Est-ce à dire qu'il faille les tenir pour deux choses distinctes ? L'exemple de Descartes incite à le penser.

1.

La Conscience et la Vie, in : L'Énergie spirituelle, P.U.F., collection Quadrige, 1985, p.

6.

2.

Pensées, Éd.

Gallimard, Pléiade, 1954, p.

1157.

3.

On lira dans les célèbres Définitions d'Alain un paragraphe sur l'âme qui soutient la même idée.. »

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