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n ommer q uelque a utre m esure q ue l e plaisir e t l a d ouleur ( 354c), q ue vous ayez e n vue 69 , p our a ssurer q ue ces c hoses s ont b onnes?

Publié le 19/01/2013

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n ommer q uelque a utre m esure q ue l e plaisir e t l a d ouleur ( 354c), q ue vous ayez e n vue 69 , p our a ssurer q ue ces c hoses s ont b onnes? Ils d iraient q ue n on, s elon moi. - Et s elon m oi p areillement, d it P rotagoras. - Ne poursuivez-vous pas le plaisir c omme é tant u n b ien, e t n e fuyez-vous p oint l a d ouleur c omme u n m al? N ous e n c onvînmes tous deux. Vous tenez d onc l a d ouleur p our u n m al, e t l e plaisir p our u n b ien, p uisque v ous d ites q ue l a j oie m ême e st m auvaise, l orsqu'elle v ous prive d e p laisirs p lus g rands q ue c eux q u'elle vous p rocure, o u q u'elle vous cause d es p eines p lus g randes q ue n e s ont ses plaisirs; (354d) c ar si vous aviez q uelque a utre m otif d 'appeler l a j oie m auvaise, e t q ue v ous eussiez e n v ue u ne a utre m esure, v ous p ourriez n ous l e dire. O r, v ous n 'en t rouverez p oint. - Je n e l e p ense p as n on p lus, d it P rotagoras. - N'est-ce pas la m ême c hose à l 'égard d e l a d ouleur? Vous dites q ue c 'est u n b ien, l orsque les p eines d ont e lle vous délivre s ont p lus g randes q ue celles q u'elle v ous cause, o u q ue les plaisirs q u'elle vous p rocure l 'emportent s ur les peines. Si vous aviez e n vue q uelque a utre c hose q ue c e q ue j e dis, (354e) l orsque v ous a ppelez l a d ouleur u n b ien, vous p ourriez n ous le dire. O r, vous n e le p ourrez pas. - Tu as raison, r épondit P rotagoras. - Mais, repris-je, si vous m e d emandiez vous-mêmes, à v otre t our : P ourquoi n ous p arlez-vous d e l a m ême c hose d epuis si l ong- t emps, e t l a t ournez-vous e n t ant d e m anières? Pardonnez-le-moi, vous dirais-je : car, p remièrement, il n 'est p as a isé d 'expliquer e n q uoi c onsiste c e q ue vous a ppelez ê tre v aincu p ar l e plaisir; e n s econd l ieu, d e c e p oint d épend t out c e q ue j e v eux d émontrer. Au reste, il vous est e ncore l ibre d e r evenir s ur vos pas, (355a) a u cas o ù vous a ppeliez « bien« q uelque chose d 'autre q ue le plaisir, e t « mal« q uelque a utre c hose q ue l a d ouleur. Êtes-vous c ontents, p ourvu q ue vous passiez v otre vie d ans l e plaisir, e xempts d e t oute d ouleur? E t si c ela vous suffit, s'il n 'est a ucune c hose q ue vous puissiez d ire b onne o u m auvaise, q ui n e se t ermine p ar d u p laisir o u d e l a d ouleur, é coutez c e q ui suit. Car, si c ela est v raiment ainsi, j e s outiens q u'il e st t out à fait ridicule d e d ire, c omme vous faites, q ue, le plus souvent, u n h omme q ui sait q u'une a ction e st mauvaise, q uoiqu'il puisse s 'empêcher d e l a f aire, l a f ait c ependant, p arce q u'entraîné e t c omme é tourdi (355b) p ar le plaisir; il est t out aussi r idicule, p ar a illeurs, d e p rétendre q u'un h omme q ui c onnaît l e b ien n e v eut p as l e faire, à c ause d u p laisir p résent a uquel il s uccombe. Vous verrez plus c lairement c ombien d e tels discours s ont a bsurdes, si n ous n 'employons p as p lusieurs n oms, tels q ue c eux d 'agréable e t d e d ésagréable, d e b on e t d e mauvais, et, c omme n ous avons vu q u'il n 'y a q ue d eux c hoses, n ous n e n ous s ervons aussi q ue d e d eux n oms p our les e xprimer: d 'abord d e c eux d e b on e t d e m auvais; ensuite, d e c eux d 'agréable e t d e d ésagréable. C ela posé, disons q u'un h omme, c onnaissant p our mauvais ce q ui e st mauvais (355c), n e se lasse p as d e l e faire. Si q uelqu'un n ous d emande p ourquoi, n ous r épondrons q ue c 'est q u'il est vaincu. P ar q uoi? n ous dira-t-il. Il n e n ous e st plus p ermis d e d ire q ue c 'est p ar l e plaisir, p uisqu'à l a p lace d u n om d e plaisir n ous avons substitué celui d e b ien. Répondons-lui d onc, e t d isons q ue c 'est p arce q u'il e st vaincu. P ar q uoi? répliquera-t-il. P ar le bien, dirons-nous. Si c elui q ui n ous i nterroge e st u n r ailleur, il se m oquera d e n ous, e t n ous d ira : E n v érité, vous avancez là u ne c hose b ien a bsurde ( 355d), q u'un h omme q ui sait q ue c e q u'il va faire est mauvais le fasse l orsque r ien n e l'y oblige, e t c ela vaincu p ar l e b ien. Q uoi d onc ! poursuivra-t-il, les b iens n e m éritent-ils pas d e l 'emporter d ans v otre estime s ur l es m aux, o u le méritent-ils? Nous r épondrons s ans d oute q u'ils n e l e m éritent p as; a utrement c elui q ue n ous d isons s 'être laissé vaincre p ar l e plaisir n e s erait c oupable d 'aucune f aute. P our q uelle r aison, continuera-t-il peut-être, les b iens n e doivent-ils p as l 'emporter s ur les maux, o u les m aux s ur les b iens, s inon p arce q ue les u ns s ont p lus g rands, les a utres p lus p etits, o u les u ns e n p lus g rande, les autres e n m oindre q uantité? (355e) Nous n 'aurons c ertainement d 'autre r aison à a lléguer q ue celle-là. Il e st d onc é vident, c onclura-t-il, q ue se laisser v aincre p ar le plaisir n 'est a utre c hose q ue c hoisir d es m aux p lus g rands à l a p lace d e b iens p lus p etits. E n v oilà assez s ur c e p oint. A ppliquons à p résent a ux m êmes o bjets les n oms d ' « agréable« e t d e« d ésagréable«. E t c ontrairement à c e q ue n ous d isions t out à l 'heure q u'un h omme f ait c e q ui e st m auvais, d isons ici q u'il f ait ce q ui e st d ésagréable, q uoiqu'il l e c onnaisse p our t el, p arce q u'il se laisse v aincre p ar c e q ui e st a gréable, ( 356a) sans d oute d ans le cas o ù l 'agréable n e m érite p as d e l 'emporter; e t q uel a utre m érite l e p laisir p eut-il a voir s ur l a d ouleur, si c e n 'est l 'excès o u l e d éfaut d e l 'un c omparé à l 'autre, c 'est-à-dire l orsque l 'un e st p lus g rand, l 'autre p lus p etit, l 'un e n p lus g rande, l 'autre e n m oindre q uantité? E n e ffet, si o n n ous d isait : S ocrate, l e p laisir o u l a p eine p résente l 'emporte d e b eaucoup s ur l e p laisir o u l a p eine f uture; p ar q uel a utre e ndroit, r épondraisje, s inon p ar l e p laisir o u p ar l a d ouleur? Il n 'est p as p ossible q ue c e s oit p ar a utre c hose. N ous r essemblons t ous à u n h omme q ui, s achant b ien p eser ( 356b), m et d 'un c ôté les c hoses a gréables, d e l 'autre les d ésagréables, e t c elles q ui s ont p roches e t c elles q ui s ont é loignées, l es p èse d ans s a b alance, e t d écide d e q uel c ôté e st l 'avantage. Si v ous p esez p laisirs c ontre p lai-

« temps, et la tournez-vous en tant de manières? Par­ donnez-le-moi, vous dirais-je : car, premièrement, il n'est pas aisé d'expliquer en quoi consiste ce que vous appelez être vaincu par le plaisir; en second lieu, de ce point dépend tout ce que je veux démon­ trer.

Au reste, il vous est encore libre de revenir sur vos pas, (355a) au cas où vous appeliez «bien» quelque chose d'autre que le plaisir, et «mal» quelque autre chose que la douleur.

Êtes-vous contents, pourvu que vous passiez votre vie dans le plaisir, exempts de toute douleur? Et si cela vous suffit, s'il n'est aucune chose que vous puissiez dire bonne ou mauvaise, qui ne se termine par du plaisir ou de la douleur, écoutez ce qui suit.

Car, si cela est vraiment ainsi, je soutiens qu'il est tout à fait ridicule de dire, comme vous faites, que, le plus souvent, un homme qui sait qu'une action est mauvaise, quoiqu'il puisse s'empêcher de la faire, la fait cependant, parce qu'entraîné et comme étourdi (355b) par le plaisir; il est tout aussi ridicule, par ailleurs, de prétendre qu'un homme qui connaît le bien ne veut pas le faire, à cause du plaisir présent auquel il succombe.

Vous verrez plus clairement combien de tels discours sont absurdes, si nous n'employons pas plusieurs noms, tels que ceux d'agréable et de désagréable, de bon et de mauvais, et, comme nous avons vu qu'il n'y a que deux choses, nous ne nous servons aussi que. »

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