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L'Europe de l'Edit de Nantes (cours d'histoire)

Publié le 02/05/2019

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L’Europe politique

Les grands Etats

L'Europe de Charles Quint (1555) L'Europe de Charles Quint voit l'effondrement du mythe médiéval de la monarchie universelle, c'està-dire de la vocation de l'Empereur à incarner l'unité politique et religieuse du continent. Si Charles Quint a pu étendre son contrôle sur un espace exceptionnel, son abdication de 1556 sonne le glas d'une époque révolue.

Charles Quint  partage son empire entre son fils Philippe et son frère Ferdinand, séparant les Habsbourg d'Espagne et ceux d'Autriche.

La France d'Henri II, où le renforcement de l'autorité royale est bien marqué, mène le double combat contre les Habsbourg à l'extérieur et les protestants à l'intérieur.

L'Angleterre, soumise à des changements brutaux de politique religieuse, ne peut guère peser sur la scène européenne.

L'Italie, divisée politiquement, est sous influence espagnole, à l'exception de Venise qui recule devant la pression ottomane.

L’Empire ottoman connaît son apogée sous le règne de Soliman le Magnifique. L'architecte Sinan édifie les grandes mosquées impériales à Istanbul, qui est alors la plus grande ville d'Europe, tandis que la Hongrie et la Méditerranée subissent la forte pression militaire d’un Etat tout puissant qui inquiète et fascine à la fois le monde chrétien.

L'Europe de l'édit de Nantes (1598)

L'Europe de la fin du XVIe siècle reste dominée par l'Espagne, appuyée sur ses richesses américaines et asiatiques, et érigée en championne de la défense du catholicisme.

Quand disparaît Philippe II, roi très catholique, l’Espagne perd un souverain aussi actif dans sa politique extérieure contre les Ottomans, les Anglais et les partisans français d'Henri IV, que dans sa politique intérieure marquée par un durcissement de l'Inquisition et par le refus de la sécession des calvinistes des Pays-Bas.

L'Angleterre voit la fin du règne d'Elisabeth Ière, fondatrice de l'Anglicanisme. L'affrontement militaire maritime avec l'Espagne, dont l’Angleterre conteste le monopole colonial, s'explique par le renforcement de la vocation marchande d'une puissance tournée jusqu'alors vers le continent.

Dans la république des Provinces-Unies, qui soutient une guerre d'indépendance contre l'Espagne depuis 1579, une oligarchie dirigeante calviniste entend fonder la puissance du pays sur la maîtrise des mers et la domination des échanges mondiaux.

Pour sortir la France des guerres civiles, lui rendre sa prospérité intérieure et son rang dans les relations internationales, Henri IV impose une paix de religion qui légalise le pluralisme religieux pour tous les sujets. C'est le seul exemple en Europe.

Les Habsbourg d'Autriche, toujours sous la menace ottomane, bénéficient des difficultés de l'Empire victime d'un dérèglement de son administration et de la montée de la puissance perse sur ses frontières orientales.

La Pologne connaît son siècle d'or. Le principe de liberté religieuse pour la noblesse, adopté par la Diète et reconnu par la monarchie, permet de préserver la paix intérieure. Le problème essentiel tient à la méfiance viscérale de l'aristocratie pour tout essai de renforcement de l'autorité royale.

L'Europe des traités de Westphalie (1648)

La fin de la guerre de Trente ans, qui a ensanglanté le monde allemand, marque le recul des Habsbourg.et le début de l'hégémonie française.

Après l'échec de leur grande politique impériale, les Habsbourg d'Autriche entendent donner priorité au renforcement de leur autorité dans leurs Etats en Europe centrale.

L'Espagne traverse une grave crise interne avec les sécessions de la Catalogne et du Portugal à partir de 1640.

Alors qu'elle triomphe sur le plan diplomatique, avec la Fronde, la France entre, pour cinq années, dans sa plus grave crise politique du siècle.

La Suède, alliée de la France, s'affirme comme la grande puissance du Nord.

Les Provinces-Unies, autre allié français et première puissance commerciale et financière du monde, font enfin reconnaître leur indépendance.

L'Angleterre s'apprête à sortir de la guerre civile sur la défaite du roi Charles Ier, exécuté en janvier 1649. En retrouvant son unité, le pays réapparaît vite au rang de grande puissance, directement en concurrence économique avec l'Espagne et surtout les Provinces-Unies.

L'Empire ottoman connaît une grave crise interne caractérisée par l'incapacité des sultans et l'instabilité d'un gouvernement qui ne peut empêcher la corruption de gagner l'administration des provinces.

Le sentiment anti-français

L'année 1689 correspond au point de renversement de l'hégémonie française en Europe. L’impérialisme de Louis XIV a fini de triompher.

La révocation de l'édit de Nantes en 1685 provoque une grande émotion dans tous les pays protestants, ce qui favorise la conclusion de la Ligue d'Augsbourg de 1686 entre l'Empereur et les princes allemands.

La Glorieuse Révolution anglaise de 1689 voit la naissance d'une monarchie constitutionnelle parlementaire et rapproche l'Angleterre des Provinces-Unies. A elles deux, ces puissances maritimes deviennent le fer de lance de la contestation de la suprématie française.

Après la dévastation du Palatinat, les sentiments anti-français progressent aussi dans le monde allemand. Si le Brandebourg remplace la Saxe au rang d’Etat le plus puissant, le prestige de l'Empereur se trouve renforcé suite à sa victoire contre les Ottomans devant Vienne en 1683, mais aussi grâce à son rôle de contre-poids à la puissance française.

L'Espagne, elle, reste en crise. L'Europe attend avec inquiétude la disparition de son roi Charles II, dernier Habsbourg de la branche aînée, parce que se pose le problème de la succession revendiquée à la fois par Léopold Ier et Louis XIV.

Les soubresauts de l’Est Dans la consolidation de ses Etats danubiens, Léopold Ier de Habsbourg rencontre des difficultés avec la petite noblesse calviniste de Hongrie.

Obligé de reconnaître la liberté religieuse de la Hongrie en 1681, Léopold 1er de Habsbourg prend une revanche six ans plus tard en faisant admettre l'hérédité de la couronne.

Toujours en Hongrie, l'Empire ottoman, qui a rêvé un moment du retour à l'âge d'or grâce à l'action des grands vizirs Köprülü, s'effondre militairement devant les armées de la Sainte Ligue. Cette première série de défaites marque le début d’un recul historique qui s’achèvera avec la première guerre mondiale.

Les grands rapports de force

Passe d’armes à l’Est, rivalité au Nord Un long conflit oppose l'Empire ottoman et les Habsbourg sur un double front continental et maritime, tandis que la bataille économique est rude en Europe du Nord.

La rivalité entre l’Empire ottoman et les Habsbourg s'inscrit dans l'affrontement traditionnel entre islam et chrétienté, deux monothéismes également universalistes. Le XVIe siècle est nettement à l'avantage des Turcs avec la saisie de l'essentiel de la Hongrie en 1526, le traité inégal d'Edirne conclu avec les Habsbourg de Vienne en 1568 et la prise de Chypre sur Venise en 1574. Seul faux pas : la défaite navale de Lépante en 1571 devant les marines espagnoles et vénitiennes.

Le XVIIe siècle voit le lent retournement du rapport de forces qui passe d'un équilibre, après le traité de Szitvatorok en 1606, au refoulement militaire des Ottomans par la Sainte Ligue menée par les Habsbourg.

Les Français et les Habsbourg L'affrontement entre la France et les Habsbourg est une donnée fondamentale de la géo-politique de l'Europe moderne.

L'Espagne entend empêcher toute ingérence française en Italie qu'elle considère comme sa zone d'influence. De son côté, la France, qui se voit comme une forteresse assiégée, regarde sa frontière avec les Pays-Bas comme trop proche de la capitale.

La première “joute”, commencée avec les guerres d'Italie en 1494 et achevée par le traité du CateauCambrésis en 1559, est équilibrée. C’est l'échec du rêve italien pour la France et du rêve bourguignon pour l'Espagne. La seconde lutte, qui court de 1635 à 1697, tourne en revanche nettement en faveur de la France dont le territoire s'accroit.

Les rivalités maritimes et coloniales Les rivalités maritimes et coloniales, renforcées par une profonde animosité religieuse, expliquent la persistance d'une opposition entre l'Angleterre et l'Espagne.

Les Anglais entendent briser le monopole colonial établi au profit de Philippe II d’Espagne en 1580. Leurs corsaires harcèlent les convois de galions qui rapportent les métaux précieux, tandis que la réplique espagnole de l'Invincible Armada en 1588 est un échec.

Cette animosité anglo-espagnole profite à la France qui négocie l'alliance anglaise au XVIIe siècle jusqu’à ce que la croissance colbertiste des années 1664 à 1683 transforme Paris en adversaire principal de Londres.

Les Provinces-Unies, qui doivent assumer une très longue guerre d'indépendance contre l'Espagne (83 années, de 1565 à 1648), se situent dans la même perspective : la bonne alliance avec l’Angleterre se transforme en guerre entre 1652 et 1674.

La guerre de Trente Ans

La guerre de Trente Ans dans le Saint-Empire (1618-1648) est un conflit entre Etats allemands.

La guerre de Trente Ans est suscitée par le désir de l'Empereur de favoriser la Contre Réforme catholique tout en augmentant ses pouvoirs au détriment de ceux des princes territoriaux.

La recherche d'alliances transforme la crise en grand conflit international : les Danois, les Suédois et les Français interviennent en faveur des princes protestants pour contrer la solidarité familiale des Habsbourg.

Les traités de Westphalie en 1648 consacrent la défaite impériale et le début de l'hégémonie française qui, avec les initiatives guerrières de Louis XIV, va en s'amplifiant jusqu'en 1685.

 L’Europe économique

Les routes commerciales

L’ouverture atlantique La découverte du continent américain, suite aux quatre voyages de Christophe Colomb entre 1492 et 1504, et l'ouverture de la route des Indes par Vasco de Gama en 1497-1498, modifient considérablement le visage économique de l'Europe des XVIe et XVIIe siècles. Le centre de gravité économique du continent se déplace vers la façade atlantique.

La colonisation de l'Amérique latine par l'Espagne, marquée par la saisie de l'Empire aztèque au Mexique et de l'Empire inca au Pérou, se termine vers 1560. Elle ne laisse aux Portugais que la côte brésilienne, conformément au partage du monde prévu par le traité de Tordesillas de 1494.

Dans le premier quart du XVIe siècle, les Portugais installent une chaîne de comptoirs commerciaux sur les rivages des pays de l'Océan indien, poussant même ensuite jusqu'en Chine et au Japon.

La Méditerranée détrônée Au XVIe siècle, les républiques marchandes italiennes résistent longtemps grâce au profit des banques et de l'industrie textile avant de s'effacer progressivement devant les métropoles d'Europe du Nord.

Le basculement vers l'Océan atlantique détrône la Méditerranée. C'est une mauvaise affaire pour toutes les villes marchandes d'Italie - principalement pour Venise - qui perdent le monopole du commerce d'Orient. L'augmentation des productions du Sud-Est asiatique préserve cependant le contact avec les marchands musulmans du Levant.

La vielle route médiévale intercontinentale qui relie les villes italiennes aux villes de Flandres ou aux villes hanséatiques à travers les Alpes et le monde allemand ne disparaît pas, même si elle doit céder le premier rang au grand cabotage atlantique à partir de Lisbonne, de Séville et de Cadix.

Les puissances du Nord Les Provinces-Unies s'affirment comme la première puissance commerciale et financière du XVIIe siècle en s'imposant dans le grand cabotage européen et dans le commerce de l'Océan indien. Cette prédominance est marquée par la création de la Compagnie des Indes orientales en 1602 et de la Banque d'Amsterdam en 1609.

L'essor économique anglais est vraiment lancé à partir de l'acte de navigation de 1651, en faveur de la marine nationale et de la progression coloniale. L'affrontement inévitable avec le commerce hollandais explique les trois guerres qui se succèdent de 1652 à 1674.

Le colbertisme, lancé en 1664, ajoute la France dans la compétition économique.

Le reclassement des villes La conjoncture fait passer l’Europe de l'expansion du XVIe siècle à un long XVIIe siècle plus diversifié.

L’expansion du XVIe siècle est marquée par une hausse soutenue des prix jusqu’aux années 1570. Le siècle qui suit est confronté à de réelles difficultés agricoles en raison de la stagnation des prix, alors que l'expansion commerciale appuyée sur la demande croissante de produits coloniaux se poursuit.

Le glissement géographique des centres de commandement de l'économie européenne est révélateur des reclassements observés. Les villes italiennes comme Venise ou Florence cèdent la place à Anvers, laquelle, dans le dernier quart du XVIe siècle, doit s'effacer devant Amsterdam, elle-même rattrapée et dépassée par Londres à la fin du XVIIe.

L’Europe des villes et l’Europe des champs

La croissance des villes Un des faits les plus marquants du XVIIe siècle est la croissance urbaine, due en partie à l’afflux des réfugiés de la guerre.

Paris passe probablement de 200-220 000 habitants vers 1600 à plus de 450 000 dès 1650 pour dépasser le demi-million en 1700. Elle est rejointe par Londres qui compte alors 575 000 habitants. Toutefois la population parisienne ne représente que 2% de la population française, tandis que Londres, hypertrophiée, abrite 10% des Anglais.

L’Italie compte cinq villes de 100 000 habitants, mais rien n’égale l’énorme densité urbaine de la province de Hollande qui, entre Leyde et Amsterdam, totalise 500 000 personnes en six villes distantes de 40 kilomètres les unes des autres.

La vie en ville La ville est un monde en soi. Un grouillement où se côtoient dans l’espace étriqué des rues, des boutiques, des cabarets et des logis d’hommes et de femmes de toutes conditions : bourgeois de souche ancienne, nouveaux venus de la campagne, immigrants d’une autre cité, voyageurs de passage.

Côte à côte, mais bien séparés, vivent en ville trois catégories d’habitants : l’élite, la classe moyenne et les salariés. L’élite urbaine est faite des hommes de loi, particulièrement respectés, des marchands, parfois plus riches mais à la réputation moins lisse et des rentiers, bourgeois propriétaires. Les petits patrons (boutiquiers, artisans) constituent la classe moyenne. Les compagnons (employés stables) et la main d’œuvre non qualifiée et volante forment la masse des salariés.

La dépendance des campagnes L’essor urbain a lentement mais profondément modifié l’ordre traditionnel de la société. Il en résulte un renversement des relations entre villes et campagnes.

Longtemps dépendantes des campagnes, les villes prennent aux XVIe et XVIIe siècles le commandement de la société. Le plus souvent, elles refusent aux communautés rurales toute part aux décisions, même à l’exercice de la justice.

L’assujettissement matériel des campagnes est plus manifeste encore. Les villes sont les marchés où se négocient non seulement les articles du grand commerce international, objets de luxe réservés aux seuls nobles et bourgeois urbains, mais aussi les produits de la ferme, aux conditions et aux prix dictés par les seuls marchands citadins.

La mainmise des villes sur leurs campagnes se traduit également par l’acquisition de terres, de domaines, de maisons de campagne par une élite citadine qui relève souvent des propriétés seigneuriales ou des fiefs tombés en déshérence, quand elle ne confisque pas leurs champs à des paysans endettés.

La majorité des paysans sont fermiers ou métayers, protégés par un bail plus ou moins durable. Des journaliers sont engagés sur les moyennes et grandes exploitations.

L’instabilité des emplois s’ajoute à la médiocrité des revenus de beaucoup de ruraux et à leur basse condition sociale. Dans l’ensemble, l’impression de misère se dégage d’une campagne pourtant prospère. Cet état de fait explique la présence de populations flottantes de gueux en quête d’un travail, d’une aumône ou d’un mauvais coup, que les villes accueillent ou chassent sans scrupule, au gré de leur conjoncture.

L’Europe religieuse et intellectuelle

Le temps des Réformes et des confessions

Le besoin de réforme L'Europe chrétienne du XVIe siècle est caractérisée par une intense demande religieuse résultant du sentiment de l'éloignement de Dieu.

Le manque de Dieu est hérité du désarroi ressenti par les populations victimes des grands crises, où l'enchaînement des famines, des épidémies et des guerres a été interprété comme une punition divine.

Cette conscience d'une vie éternelle plus difficile à atteindre a favorisé l'explosion d'une demande cultuelle. Les chrétiens veulent essayer de se garantir, non pas un paradis devenu presque inaccessible, mais un purgatoire érigé en véritable porte du salut à côté d'un enfer dont la mise en images traduit l'obsédante présence dans les esprits.

Le durcissement doctrinal Le durcissement doctrinal, qui conduit à fixer quatre grandes confessions chrétiennes dans une orthodoxie rigide, entraîne le développement de dures controverses où la dispute entre protestants n'est pas moins vive que leur hostilité au papisme.

Le combat théologique aboutit vite à la formation d'une scolastique confessionnelle qui marginalise tous les modérés et dénonce toutes les approches de tolérance comme autant de trahisons.

Dans chaque Etat où triomphe le principe “un roi, une loi, une foi”, l'Eglise tend à devenir une structure d'encadrement de la société au service du renforcement de l'autorité politique.

La réformation luthérienne Une minorité de chrétiens dans laquelle se retrouvent clercs et laïcs n'est pas satisfaite de l’accumulation de rites qu'elle considère comme une dérive.

Des fidèles se reconnaissent volontiers dans l'enseignement d'Erasme qui en appelle à un retour aux vertus de l'Eglise primitive pour se recentrer sur la seule philosophie du Christ. Le protestantisme reprend ces thèmes en les radicalisant, quitte à provoquer un schisme perçu comme inévitable puisque l'Eglise romaine persiste dans ses erreurs.

Luther crée la première fracture à partir de 1517 en affirmant le salut par la seule foi, la supériorité absolue de l'Ecriture sur toute interprétation et le sacerdoce universel qui exclut l'idée de clergé ordonné. De là, découlent le rejet de la notion de purgatoire et de culte des saints, ainsi que la reconnaissance des seuls sacrements du baptême et de l’eucharistie. En 1580, le concile de Trente est à l’origine de l'adoption du Livre de Concorde par les luthériens.

La réformation calviniste Jusque vers 1560, les irénistes de chaque tendance essaient de faire prévaloir l'idée que la rupture n'est pas définitive en organisant des colloques ou des conciles nationaux de conciliation qui se soldent tous par des échecs.

En 1536, Calvin part des grands principes inspirés de l’enseignement d’Erasme pour insister encore plus sur la prédestination au salut. Il propose une formule ecclésiale de type communautaire avec une hiérarchie d'assemblées.

Concernant l’eucharistie, la dispute est vive sur la présence du Christ dans le pain et le vin. Calvin tente de trouver une voix moyenne entre les luthériens et l'Eglise de Zurich fondée par Zwingli et animée par Bullinger.

Après le  de Trente, la rédaction du catéchisme d'Heidelberg fixe la doctrine calviniste, en même temps qu’il fait naître la discussion des 39 articles de l'Anglicanisme, ratifiés en 1570.

Le Réforme catholique L'éclatement du christianisme est consacré avec la clôture du concile de Trente en 1563 qui permet à l'Eglise catholique d’organiser la Contre-Réforme.

La Réforme catholique n’est pas seulement une réaction de défense face à la Réforme protestante, mais aussi une puissante rénovation pour christianiser en profondeur dans la fidélité à Rome.

L’idéal réformateur apparaît au sein de l’Eglise romaine avant même la révolte de Luther. Il s’attaque aux causes des déficiences en réorganisant un clergé beaucoup mieux formé pour l’instruction des fidèles.

Les ordres religieux, dont les jésuites et les capucins sont les meilleurs exemples, s’occupent spécialement de prédication de masse, d’enseignement dans les collèges et les universités et d’assistance sociale. Ils mobilisent les plus motivés des fidèles dans des confréries de dévotion.

En renforçant le principe d’autorité tout au long de la hiérarchie, la Réforme catholique aboutit à une cléricalisation de l’Eglise qui se confond de plus en plus avec une institution de type monarchique où règne le pape entouré d’un Sacré Collège de 70 cardinaux.

Le mouvement des idées

La naissance de l’humanisme L'humanisme est un système de valeurs qui s'impose aux XVe et XVIe siècles dans le cadre de la Renaissance.

La philosophie humaniste souligne, à la lumière des œuvres de Platon qui devient la référence essentielle, la place exceptionnelle de l'homme dans la nature. Doué de raison, l'individu est capable de se gouverner lui-même et de décrypter les mystères de l'Univers.

Sans illusion sur les faiblesses de la condition humaine, mais en même temps chantres de la liberté et de la créativité de l'homme qui, par ses productions, participe à l'achèvement du monde créé par Dieu, les humanistes prennent leurs modèles dans la mythologie païenne ou dans les hommes illustres de l'Antiquité, sans toutefois écarter les figures célèbres du christianisme.

Un idéal élitiste L’humanisme est un nouvel idéal qui s'adresse davantage aux élites qu'au commun. Face à l'hostilité de l'Eglise et des Universités, il bénéficie de l'accélération de la diffusion du savoir grâce aux livres imprimés.

En exaltant l'esprit humain, l’humanisme creuse l'écart entre les occupations nobles et les métiers “mécaniques et vils”, contribuant à faire éclater un certain consensus culturel qui transcendait les différences de richesses jusqu'au XVIe siècle.

Habités par une insatiable curiosité intellectuelle et fascinés par la richesse de la pensée antique, les humanistes jugent la connaissance des langues anciennes, l'observation de la nature et l'adoption d'une démarche critique comme des préalables indispensables à tout progrès de la connaissance.

Si les Italiens, à la suite de Marcile Ficin et de Pic de La Mirandole sont très actifs, le prince des humanistes reste le Hollandais Erasme, véritable intellectuel européen, très lié à l'Anglais Thomas More. La France, elle, s'honore des œuvres d'auteurs aussi divers que Budé, Dorat, Amyot, Rabelais, Ronsard ou Montaigne.

La naissance de la science moderne Si l'humanisme en reste encore à une phase pré-scientifique, le XVIIe siècle est certainement le plus important des Temps Modernes pour la formation de la pensée car c'est celui de la naissance de la science moderne.

Les travaux de Copernic en astronomie, de Viète en algèbre et surtout de Vésale, Servet et Paré en médecine témoignent de belles avancées en matière scientifique. La science moderne voit le jour, fondée sur la méthode expérimentale et sur l'utilisation du langage mathématique.

Grâce à l'Italien Galilée, aux Allemands Kepler et Leibniz, au Hollandais Huygens et à l'Anglais Newton, l'astronomie, la physique et les mathématiques fond un bond qualitatif exceptionnel qui correspond à une véritable révolution intellectuelle.

La démarche rationaliste Quatre ans après la condamnation de Galilée pour héliocentrisme, le Français Descartes publie en 1637 le “Discours de la Méthode”, base de toute la démarche rationaliste qui va progressivement s'imposer dans la réflexion intellectuelle.

En 1687, la parution des “Principes mathématiques de la philosophie naturelle” de Newton enterre définitivement la physique qualitative d'Aristote et l'explication chrétienne thomiste qui lui était liée.

Le rationalisme radical effraie pourtant comme le montre l'isolement intellectuel du Hollandais Spinoza qui a cherché à l'appliquer au champ religieux vers 1670.

L’Europe artistique et culturelle

La peinture

La Renaissance La peinture de la seconde moitié du XVIe siècle est indissociable de celle des décennies précédentes, marquées par l'épanouissement de la Renaissance, dont la genèse remonte au XVe .

L’épanouissement de la Renaissance se conjugue avec l'apparition de la technique de la peinture à l'huile et des petits formats, synonymes de large diffusion de l'art pictural.

Chez Léonard de Vinci, plongé dans un univers encyclopédique, chez Raphaël que Rome pleure, à sa mort, comme un demi-dieu, ou chez un Michel-Ange au génie torturé, on retrouve la même unité, fruit de la fusion des beautés de l'Antiquité et de l'élévation immatérielle de la pensée chrétienne. Après eux, l'école vénitienne se déploie dans un monde ténébreux, teinté déjà de quelques touches baroques.

Titien et Tintoret dominent l'Italie et tout l'Occident, le premier par sa saisissante grandeur enrichie d'accents poétiques, le second par ses œuvres de contrastes sur fonds sombres d’où émane une émotivité certaine. Véronèse subit leur influence sans pour autant sacrifier son goût pour les luminosités vaporeuses où se découpent les formes sur un filet d'ombre.

Le seul autre artiste qui peut être comparé à la grande école italienne est sans doute Dürer, dont les œuvres religieuses sont d'une grande qualité.

Le maniérisme Le maniérisme apparaît en Italie dès les années 1520. Les artistes s'inspirent de la maniera de leurs prédécesseurs mais introduisent aussi la leur. Les sentiments d'inquiétude et de mysticisme qui émanent des œuvres sont l'écho de la dérive économique italienne et des critiques cinglantes de Luther à l'égard du Saint-Siège.

Le maniérisme naît dans une décennie marquée par le sac de Rome par Charles Quint, en 1527, et le siège de Florence trois ans plus tard.

Les couleurs sont soit discordantes, dominées par des roses stridents, des bleus aigres, soit acidulées comme celles que l'on trouve chez le Florentin Pontormo, qui met en scène des personnages dressés, tels des fantômes, dans des décors froids.

La forma serpentina allonge les figures, les anime d'une douce langueur et les baigne dans une pathétique luminosité. Dans ce domaine, la perfection est atteinte chez le Greco.

A la cour des Habsbourg, Arcimboldo marque le courant de ses toiles imaginatives faites d'objets et de végétaux, par la suite abondamment imitées.

En France, le Primatice et le Rosso, de l'école de Fontainebleau, exercent une influence déterminante sur l'art pictural français.

Le baroque L'art baroque naît à Rome au début du XVIIe siècle, au moment où le catholicisme l'emporte sur le protestantisme, bien que la victoire ne soit que partielle. Au cours du XVIIe siècle, il se dissémine dans toute l'Europe, à des dates et selon des modalités diverses, et avec un succès plus ou moins important.

Art triomphal, qui exalte saints et martyrs, le courant artistique baroque, issu de la Contre-Réforme, ne peut être dissocié de l'évolution de l'Eglise catholique. Toutefois, il est aussi le reflet d'une société, l'expression de l'affectivité d'un siècle tourmenté.

En Italie, son représentant le plus notable est Michelangelo Merisi, dit le Caravage, dont le sens novateur du sacré, le réalisme et la façon de traiter la lumière modifient les règles de l'art pictural. Le peintre ne fonde pas d'école. Pourtant, son influence se répand à travers l'Europe et de nombreux peintres se réclament du maître. Georges de la Tour est de ceux-là. Il manie la lumière avec une savante habileté, souvent à l'aide d'une unique bougie, et sait faire ressortir par elle les sentiments intérieurs de ses personnages.

L'Espagne catholique, où l'exaltation religieuse est omniprésente, est sans doute le lieu où l’art baroque s'implante le mieux. Bartolomé Esteban Murillo en est l'une des figures les plus marquantes, lui qui a introduit dans le paysage espagnol la Séville qui l'a vu naître et mourir sous des traits fermes et des coloris chatoyants.

Aux Pays-Bas, dont la région la plus au Sud est restée espagnole et catholique, Rubens est le plus grand peintre baroque. Lui qui sera le maître de tous les peintres flamands du XVIIe siècle produit des toiles où se révèlent son amour de la vie, son inclinaison vers des compositions faites de tourmente, de sensualité et de teintes riches.

Le classicisme En France et en Italie se développe, parallèlement au baroque, le mouvement que les historiens de l'art lui opposent par définition : le classicisme.

Classicisme : ce mot qu'on utilisait déjà à la Renaissance est en Italie porteur d'un sens nouveau avec Annibale Carrache. Le peintre propose un style neuf qui unit le naturalisme à l'inspiration de l'Antiquité et des toiles les plus tardives de Raphaël.

En France, quatre peintres majeurs s'illustrent dans ce courant. Nicolas Poussin, le plus célèbre, atteint son apogée dans l'art du paysage italianisant et virgilien. Le Lorrain passe maître du paysage d'atmosphère, célébrant la campagne, la mer, le ciel. Philippe de Champaigne, peintre favori de Richelieu, est le plus fameux portraitiste des jansénistes. Enfin, Le Brun, admirable dessinateur et fin décorateur, est nommé peintre du roi Louis XIV et dirige l'Académie de peinture.

L’évolution des courants Au sein des régions gagnées par le protestantisme, en Angleterre et dans les Provinces-Unies notamment, le baroque trouve difficilement sa place.

Alors que le royaume des premiers Stuart n'a pas encore tout à fait délaissé le gothique, l'école flamande se détache de tous les courants, exception faite de Rubens. Bruegel l'Ancien, peintre des temps troublés des gueux, de l'humanité égarée, en est un exemple, comme Bosch le fut avant lui.

Au XVIIe siècle, la peinture flamande s'apaise. Chez Vermeer, la lumière tient une part importante, projetée sur des éléments essentiels, révélant des palettes de couleurs assemblées avec une remarquable adresse. Rembrandt a aussi le luminisme pour principe d'unité, ses chaudes harmonies évoluant jusqu’aux somptueux vermillons et orangés dans les dernières toiles.

Concernant Diego Vélasquez, sa grande liberté vis-à-vis de la technique et son goût pour les teintes claires seront plus tard, pour les impressionnistes, une révélation.

l’architecture et la sculpture

Le retour de l’Antiquité A la Renaissance, l'architecture renoue avec la perspective et les ordres de l'Antiquité (dorique, ionique, corinthien) dont la superposition devient l'un de ses rudiments essentiels.

L’architecture de la Renaissance s'appuie sur des écrits historiques qui détaillent les réalisations du monde gréco-romain, l'invention de l'imprimerie ayant permis leur large diffusion. On édite également les ouvrages des théoriciens de l'art, de plus en plus nombreux.

La sculpture, à l’instar de la peinture, redécouvre quant à elle le nu et s'adonne aux thèmes profanes, les thèmes religieux restant toutefois prépondérants.

Le chantier romain Après le chantier florentin du XVe siècle, qui a notamment vu s'élever la coupole de la cathédrale Santa Maria del Fiore, et au moment de la naissance des villas palladiennes, commencent les grands travaux de Rome, sous les auspices de Jules II, puis de Léon X.

La construction et la décoration de Saint-Pierre et du palais des papes sont l'essence du chantier du XVIe siècle. Bramante trace les premiers plans de la basilique, modifiés par la suite, notamment par Maderno.

Michel-Ange participe aussi à ces travaux, mais ses œuvres les plus mémorables appartiennent à la sculpture. A la suite de Donatello et de Verrochio, grands maîtres du siècle précédent, Michel-Ange produit des pièces statuaires d'une rare harmonie, imprégnées de force, de souffrance et de passion.

Les règles de l'architecture italienne sont codifiées par Serlio et Vignole, lequel travaille aussi aux plans de l'église du Gesù.

L’école italienne L'accession au trône d'Henri II correspond à ce que l'on appelle la Haute Renaissance. Les architectes français du moment sont Pierre Lescot, Philibert Delorme et Jean Bullant qui est l’un des premiers à faire emploi de l'ordre majeur.

L'hôtel Bullioud, à Lyon, et les plans des Tuileries sont les œuvres principales de Philibert Delorme. Pierre Lescot commence, lui, les travaux du Louvre, aidé, entre autres artistes, du protestant Jean Goujon, en charge des ornements sculptés de la Cour carrée, un travail de longue haleine qu'il n'interrompt que pour fuir le massacre de Vassy.

En Espagne, Alonso Berruguete sculpte des figures tourmentées, techniquement imparfaites, mais qui suggèrent une intense spiritualité.

En Allemagne, la famille des Vischer, sculpteurs et bronziers de Nuremberg, produit d'innombrables monuments funéraires dans toute l'Europe et une œuvre maîtresse : la châsse de Saint-Sébald à Nuremberg.

L’ère baroque L’avènement du baroque a lieu à Rome, au XVIIe siècle. Mais bien qu’il inspire de nombreux artistes européens, l’art baroque ne fait pas partout l'unanimité.

L'achèvement de la basilique Saint-Pierre donne l’occasion à Bernin, auteur de la majestueuse colonnade, d’être considéré comme le pionnier de la sculpture baroque. Son travail sera d’ailleurs largement imité, surtout à l'époque néo-classique.

L'église du Gesù, au départ si représentative de l'esprit austère de la Contre-Réforme, se renouvelle pour devenir l'un des ouvrages architecturaux les plus caractéristiques du baroque romain, art faste, art de mouvement.

Le baroque se retrouve de la façon la plus épanouie dans la péninsule ibérique, avec les frères Churriguera, architectes et décorateurs qui aiment à répandre à l'infini tous types d'ornementation et à ne laisser aucun espace vide. A Salamanque, le grand retable de San-Esteban, est un chef-d'œuvre de l'aîné.

Le courant baroque se déploie ensuite en Europe centrale, au cœur des Etats habsbourgeois, pays de populations majoritairement catholiques où l'italianisme est favorablement accueilli. Les architectes Johann Fischer von Erlach et Lucas von Hildebrandt vont ainsi ériger à Vienne les magnifiques palais du Belvédère et Schönbrunn.

L’idéal classique Le XVIIe siècle est celui au cours duquel la France s'affranchit de la tutelle italienne, faisant triompher l’idéal classique où règne l'ordre, l'équilibre, la régularité.

Alors que Lemercier poursuit les travaux du Louvre et s'attèle à la construction des chapelles de la Sorbonne et du Val-de-Grâce, alors que Libéral Bruand érige l'hôtel des Invalides dont le dôme est la principale résurgence ultramontaine, alors que, dans la seconde moitié du siècle, Colbert fonde l'Académie royale d'architecture, Louis XIV utilise l'art pour témoigner de sa puissance aussi bien que de son plaisir.

C'est le grand chantier de Versailles, rencontre de tous les talents, de toutes les tendances, qui vaut à Paris de suppléer Rome en son rôle d'école artistique européenne. Louis Le Vau et Jules HardouinMansart en sont les deux artisans majeurs, Le Nôtre et Coysevox des créateurs exceptionnels.

En Angleterre, l'architecte Christopher Wren, sur les pas d'Inigo Jones, propose une architecture originale. Son œuvre majeure est la reconstruction de la cathédrale Saint-Paul, suite au grand incendie de Londres en 1666.

La littérature

Le berceau humaniste La littérature des XVIe et XVIIe siècles a pour berceau l'humanisme, qui s’est déployé dès le XVe siècle en Italie avant de se diffuser largement d'un bout à l'autre de l'Europe, notamment grâce à l'imprimerie.

Le mouvement humaniste, dont Erasme est le représentant le plus éclatant, est fondamentalement optimiste et s'efforce de relever la dignité humaine. A la fois philologique et philosophique, il a pour langue d'écriture le latin et pour repères culturels les écrits de l'Antiquité.

Imprimeurs, ouvrages et établissements d'enseignement se multiplient très vite. Les humanistes, grands voyageurs, se fréquentent, correspondent, se réunissent à la cour des princes (où les courtisans font leur apparition), fréquentent les académies, les universités, les bibliothèques.

Les littératures nationales Au milieu du XVIe siècle, l'abandon du latin comme vecteur universel favorise l'épanouissement des littératures nationales. Evolution positive pour l'histoire intellectuelle européenne, ce changement est un peu aussi l’illustration de l'échec de l'humanisme.

L'admiration envers les penseurs de l'Antiquité ne disparaît pas avec l’abandon du latin comme langue commune. Mais un peu partout, la conscience d'appartenir à une nation s'affirme.

En Italie, “Le Prince” d'un Machiavel exilé pose les bases d'une philosophie politique autonome.

En France, Rabelais met en scène de burlesques géants encore baignés d'humanisme, selon l’idée récurrente de l'homme sans limite, mesure de toute chose ; du Bellay se porte à la défense de la langue française ; Ronsard et Montaigne sont les écrivains de la Pléiade.

En Allemagne, sensible à la littérature duelliste, Luther réemploie la langue du peuple pour ses sermons, ses pamphlets, vite imité par Hans Sachs, poète prolixe gagné à la Réforme.

En Angleterre, les pièces de Marlowe et de Shakespeare, qui s'inspirent des faits politiques nationaux, donnent à la période élisabéthaine ses plus grandes œuvres théâtrales.

L'Espagne voit naître, avec le Lazarillo de Tormès en 1554, le récit picaresque, tandis qu’au Portugal, Camoïns écrit en 1572 ce qui deviendra le poème national de son pays : Les Lusiades, épopée narrant les aventures de Vasco de Gama et glorifiant la valeur des Portugais.

La fin du XVIe siècle voit l'avènement de littératures de type maniériste, au même titre que la peinture, baignées des angoisses et des désillusions de l'époque : en Italie, le maniérisme [Marino], en Espagne, le gongorisme [Luis de Gongora], en Angleterre, l'euphuisme [du roman Euphues de John Lyly] et en France le courant précieux des salons mondains).

L’impact des conflits Dans la première partie du XVIIe siècle, nombre d'imprimeurs et d'écrivains sont mis en difficulté par les lourds conflits religieux ou politiques.

L'Allemagne, durement touchée par la guerre de Trente Ans, développe une littérature imprégnée des vicissitudes de la guerre, dont le meilleur témoin est le roman de Grimmelshausen (Simplex Simplicissimus), empreint d'un esprit baroque.

La guerre civile anglaise entraîne de son côté la fermeture des salles de théâtre pendant une vingtaine d'années.

La Fronde, qui agite la France, et les échecs militaires espagnols contribuent à la décroissance du nombre de publications.

La montée du théâtre Au début du XVIIe siècle, le genre théâtral déclasse la littérature conflictuelle, le public y cherchant sans doute l'apaisement que lui refusent les événements.

Le théâtre à l'italienne est créé dès le début du XVIIe siècle. Du théâtre ambulant, on passe aux troupes permanentes qui s'installent dans des lieux appropriés.

A Madrid, c'est la période de la nouvelle comédie dont Lope de Vega (qui écrira en tout 314 pièces !) est le meneur. Au même moment, l'Espagne édite l'un des ouvrages les plus célèbres de l'histoire : le Don Quichotte de Cervantès, romanesque satire sociale.

En France, Corneille, Racine et Molière font pleurer ou rire dans les nouvelles salles parisiennes. Entre-temps, des réunions des “disciples” de Malherbe a découlé, en 1635, la création de l'Académie française qui, entre autres missions, doit défendre la langue et élaborer les règles des genres littéraires.

La littérature classique La seconde moitié du XVIIe siècle est la période d'éclosion de la littérature classique française, foisonnante de talents et portée hors du royaume. Les littératures nationales produisent de grands personnages mythiques tels que Faust, Don Juan, Hamlet ou Don Quichotte, en quête de gloire, de connaissance ou d'amour.

Boileau et son Art poétique, Corneille, Racine et Molière au service du théâtre, Bossuet, insigne représentant de la rhétorique sacrée, La Fontaine et Perreault à la source de la querelle des Anciens contre les Modernes, Mesdames de Sévigné et de la Fayette, romancières émérites, la liste des grands noms de la littérature classique française est longue.

Les œuvres de la période sont traduites et éditées en plusieurs langues. Elles inspirent des écrivains, des poètes, des essayistes et des philosophes européens comme les Anglais Hobbes, Milton, Dryden et Pope.

En Espagne, une littérature baroque se développe : le conceptisme, porté par Baltasar Gracian, un jésuite rebelle qui dépeint, par des traités foisonnants, un univers de désillusion.

La musique

Les mutations du XVIe Le XVIe siècle est un creuset pour la musique européenne. C’est la Renaissance, appellation qui couvre indifféremment le voluptueux retour à la sensualité païenne, l’austérité luthérienne et calviniste, le formalisme et l’humanisme, le plus bas matérialisme et le spiritualisme le plus élevé.

Sous le vocable Renaissance, se trouvent plusieurs courants. Le néo-hellénisme remet à la mode l’antiquité gréco-romaine, la chanson polyphonique réagit aux conventions d’écriture musicale et propose des compositions plus alertes, l’art religieux élargit son répertoire aux cantiques, psaumes et chorals protestants.

L’Italie est la nation qui prend la part la plus active aux conquêtes musicales du XVIe siècle. Le pays puise son renouveau dans ses traditions populaires.

Fait surprenant, alors que l’activité des échanges avait, au siècle précédent, pratiquement aboli les frontières entre compositeurs, naît un sentiment nouveau, celui du nationalisme artistique. Si l’on accueille toujours aussi généreusement les maîtres étrangers et leur enseignement, ce qu’on leur emprunte sert à créer un art national.

L’émancipation de l’harmonie Le XVIIe voit apparaître le théâtre lyrique, avec l’opéra, les concerts. Toute l’Europe prend goût à la musique instrumentale. Cantates et oratorios remportent de vifs succès.

A la suite de Monteverdi, dont le nom est associé à la naissance du spectacle lyrique, les compositeurs italiens font la part belle à l’opéra. Jusqu’ici divertissement de cour, le genre devient vite populaire à Rome, Venise, puis Naples.

Résignée à être distancée, la France suit une route différente pour arriver au spectacle lyrique : les Italiens y sont allés en chantant, la France y va en dansant, avec les ballets de cour et Lully, nommé surintendant de la musique en 1661.

L’art lyrique allemand se développe et, dans le même temps, des compositeurs comme Krieger et Erlebach donnent au lied un équilibre nouveau et une couleur ethnique très caractérisée.

Au temps d'Elisabeth Ière, l'Angleterre connaît en musique un âge d'or et sa suprématie est reconnue durant tout le XVIIe siècle. Mais la mort de Purcell en 1695 marque son retrait de la scène européenne.

L'Espagne et le Portugal se situent un peu en marge. L’art musical mêle les influences de la musique populaire intense et colorée (“zarzuela”, “farsas”, “comedias harmonicas”) à l'art savant des Flamands.

La musique religieuse Elle subit l’offensive de la monodie, un chant à une seule voix sans accompagnement, nouvelle esthétique qui supplante bientôt la polyphonie vocale du Moyen-Age.

En France, l’apport de Lully dans l’évolution de la musique religieuse est notable. Le compositeur influence fortement Delalande et Charpentier.

En Italie, où la diffusion des modes est rapide, la musique religieuse obéit à toutes les sollicitations des techniques nouvelles. Le succès des oratorios habitue l’oreille italienne à se détourner des mises en scènes fastueuses.

L’évolution de la musique religieuse en Allemagne est dominée par Heinrich Schütz, qui, par ses diverses compositions, donne à l’art allemand son originalité. Il prépare, avec d’autres, la route sur laquelle s’engagera Jean-Sébastien Bach.

La musique religieuse anglaise connaît au XVIIe siècle une période assez brillante, grâce, entre autres, à Henry Purcell.

L’Espagne, sans ignorer les nouvelles tendances musicale et tout en admettant auprès de l’orgue des instruments profanes, ne change rien à l’écriture polyphonique traditionnelle jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

Les instruments En musique, l’instrument est souvent un maître avant de devenir un serviteur.

Au XVIe siècle, les instruments commencent à faire parler d’eux. Des artisans ingénieux ne cessent de perfectionner leur facture et de les enrichir de ressources techniques précieuses.

L’Allemagne construit des orgues et des instruments à clavier. On invente des procédés inédits pour pincer, gratter ou frapper une corde. L’Angleterre fabrique le “virginal”, une élégante épinette rectangulaire chère à la reine Elisabeth.

En France, l’échiquier, le manicordion, l’épinette, le clavicymbalum, le clavicorde et bientôt le clavecin vont agrandir le domaine du luth et de la harpe. Comme le rebec est devenu viole, la viole devient violon.

Les luthiers, les fabricants de clavecins et les organiers du XVIIe siècle éveillent toute une génération de grands créateurs et d’illustres virtuoses. Leur responsabilité est si évidente que nombre de compositeurs de l’époque se préoccupent d’abord d’obéir à l’instrument et de le mettre en valeur avant de servir la musique pure.

Les Fondements de guerres de religion

Les guerres civiles

Les conflits ouverts Entre 1562 et 1598, le royaume de France connaît huit guerres de religion entrecoupées de trêves plus ou moins durables, incapables de se muer en paix définitive.

La rechute régulière dans la guerre civile résulte de la faiblesse du pouvoir royal qui ne parvient pas à faire accepter aux factions rivales sa politique de conciliation pourtant destinée à instaurer une coexistence pacifique.

Plus que tout, c’est l’inextricable mélange des ambitions politiques et des motivations religieuses qui fait échec à la tolérance, de nombreux sujets étant choqués par cette nouvelle logique appliquée nulle part ailleurs, surtout pas dans les Etats passés au protestantisme.

Alors que les sept premières guerres sont relativement brèves, la dernière s’éternise en raison du problème posé à la mort sans héritier du dernier frère d’Henri III, en 1584. Le refus d’un possible avènement d’Henri de Navarre, chef du parti protestant, entraîne le développement d’une Sainte Ligue qui se donne une organisation nationale et reçoit l’appui financier et militaire de l’Espagne.

Tant qu’Henri IV, devenu roi en 1589 après l’assassinat d’Henri III, n’a pas rallié le catholicisme, la guerre civile ne peut s’éteindre. Les derniers Ligueurs, qui misent sur une victoire militaire espagnole, vont repousser leur ralliement jusqu’en 1598.

Les édits de pacification Comme les trêves auxquelles ils sont liés, les édits de pacification sont souvent de courte durée, mais ils ont le mérite de préparer l’édit de Nantes de 1598.

Saint-Germain, Amboise, Boulogne, Beaulieu, Poitiers, toutes ces cités donnent leur nom à un édit de pacification entre 1562 et 1577. Mais à chaque fois, la querelle l’emporte sur la trêve et le royaume de France retombe dans la guerre civile.

Pour autant, ces compromis éphémères ne sont pas vains : les composants essentiels de l’édit de Nantes apparaissent progressivement au cours des négociations, avec des avancées et des reculs selon les rapports de force entre les factions adverses et l’audience du groupe de pression des “Politiques”.

La Saint-Barthélémy Le massacre de deux à trois mille huguenots à Paris entre le 24 et le 26 août 1572, imité dans plusieurs villes de province jusqu’en octobre, reste l’événement le plus symbolique des guerres de religion et le traumatisme le plus grand dans la mémoire protestante.

Le 22 août, l’amiral de France Coligny, l’un des chefs du parti protestant, depuis peu très influent sur le jeune roi Charles IX, est blessé dans un attentat dont personne ne connaît le commanditaire, même si les Guise peuvent être fortement soupçonnés.

Dans la nuit du 24, jour de la Saint-Barthélémy, la garde royale procède à l’exécution de tous les nobles calvinistes qu’elle peut surprendre, mais elle se fait déborder par une mobilisation massive de la population parisienne qui prolonge le massacre trois jours durant.

Deux épurations coexistent : l’une, décidée par le pouvoir royal et conçue comme une intervention chirurgicale limitée ; l’autre, incontrôlée, terriblement meurtrière, issue des rancœurs des Parisiens de toutes conditions sociales. La foule en colère se croit l’instrument de la justice divine et perçoit la saignée monarchique comme une autorisation pour accomplir le sacrifice tant attendu.

Dégager les responsabilités n’est pas chose aisée. Faut-il y voir la main de Catherine de Médicis ou plutôt celle des Guise piégeant Charles IX par la menace d’une émeute parisienne ? Est-ce un “crime humaniste“ d’un pouvoir royal choisissant le moindre mal (l’élimination de quelques aristocrates) pour en éviter un plus grand (l’embrasement général du royaume) ? Quelle que soit l’interprétation qui en est donnée, la Saint-Barthélémy reste l’expression brutale d’une volonté punitive collective.

Les causes religieuses

Les divergences théologiques Au cœur de la dispute entre catholiques et calvinistes se trouvent les questions de l’obtention du salut éternel, de l’approfondissement de la vie spirituelle et de la conception d’un encadrement ecclésial.

Quand les catholiques défendent le libre arbitre et le rôle des œuvres pour le gain du salut, les calvinistes répondent par la prédestination, c’est-à-dire le salut par la foi seule, pure grâce divine donnée aux fidèles qui ne méritent rien.

Quand les chrétiens romains rappellent que les textes sacrés ont besoin de l’interprétation officielle de l’Eglise pour être compris, les protestants invoquent la souveraineté absolue de la parole de Dieu.

Quand les papistes restent attachés à l’idée d’un clergé ordonné et organisé hiérarchiquem

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