Devoir de Philosophie

A votre choix, vous résumerez le texte suivant ou analyserez les idées autour desquelles s'ordonne cette définition de l'univers théâtral. Vous dégagerez ensuite une idée qui vous paraît particulièrement importante; vous la commenterez, et au besoin la discuterez, à la lumière de votre expérience personnelle.

Publié le 16/02/2011

Extrait du document

[Dans une de ses pièces, un auteur dramatique du XXe siècle place dans la bouche de trois personnages une conversation ayant pour sujet... le Théâtre.]    Lechy Elbernon. — ... Moi je connais le monde. J'ai été partout.    Je suis actrice, vous savez. Je joue sur le théâtre.    Le théâtre. Vous ne savez pas ce que c'est ?    Marthe. — Non.    Lechy Elbernon. — Il y a la scène et la salle.    Tout étant clos, les gens viennent là le soir, et ils sont assis par rangées les uns derrière les autres, regardant.    Marthe. — Quoi ? Qu'est-ce qu'ils regardent, puisque tout est fermé ?    Lechy Elbernon. — Ils regardent le rideau de la scène,    Et ce qu'il y a derrière quand il est levé.    Et il arrive quelque chose sur la scène comme si c'était vrai.    Marthe. — Mais puisque ce n'est pas vrai ! C'est comme les rêves que l'ofi fait quand on dort. *    Lechy Elbernon. — C'est ainsi qu'ils viennent au théâtre la nuit.    Thomas P. Nageoire. — Elle a raison. Et quand ce serait vrai encore, qu'est-ce que cela me fait ?    Lechy Elbernon. — Je les regarde, et la salle n'est rien que de la chair vivante et habillée.    Et ils garnissent les murs comme des mouches, jusqu'au plafond.    Et je vois ces centaines de visages blancs.  L'homme s'ennuie, et l'ignorance lui est attachée depuis sa naissance.    Et ne sachant de rien comment cela commence ou finit, c'est pour cela qu'il va au théâtre.    Et il se regarde lui-même, les mains posées sur les genoux.    Et il pleure et il rit, et il n'a point envie de s'en aller.    Et je les regarde aussi, et je sais qu'il y a là le caissier qui sait que demain    On vérifiera les livres, et la mère adultère dont l'enfant vient de tomber malade,    Et celui qui vient de voler pour la première fois, et celui qui n'a rien fait de tout le jour.    Et ils regardent et écoutent comme s'ils dormaient.    Marthe. — L'œil est fait pour voir et l'oreille    Pour entendre la vérité.    Lechy Elbernon. — Qu'est-ce que la vérité ? Est-ce qu'elle n'a pas dix-sept enveloppes, comme les oignons ?    Qui voit les choses comme elles sont ? L'œil certes voit, l'oreille entend.    Mais l'esprit tout seul connaît. Et c'est pourquoi l'homme veut voir des yeux et connaître des oreilles    Ce qu'il porte dans son esprit, — l'en ayant fait sortir.    Et c'est ainsi que je me montre sur la scène.    Marthe. — Est-ce que vous n'êtes point honteuse ?    Lechy Elbernon. — Je n'ai point honte! mais je me montre, et je suis toute à tous.    Ils m'écoutent et ils pensent ce que je dis ; ils me regardent et j'entre dans leur âme comme dans une maison vide.    C'est moi qui joue les femmes :    La jeune fille, et l'épouse vertueuse qui a une veine bleue sur la tempe, et la courtisane trompée.    Et quand je crie, j'entends toute la salle gémir.    Paul Claudel, l'Échange (Gallimard).   

« Marthe.

— Est-ce que vous n'êtes point honteuse ? Lechy Elbernon.

— Je n'ai point honte! mais je me montre, et je suis toute à tous. Ils m'écoutent et ils pensent ce que je dis ; ils me regardent et j'entre dans leur âme comme dans une maison vide. C'est moi qui joue les femmes : La jeune fille, et l'épouse vertueuse qui a une veine bleue sur la tempe, et la courtisane trompée. Et quand je crie, j'entends toute la salle gémir. Paul Claudel, l'Échange (Gallimard). RÉSUMÉ Lechy Elbernon, actrice, explique à Marthe ce qu'est le théâtre : une salle, la scène.

Pour toutes deux le théâtreest comme un rêve, mais elles réagissent différemment à cette idée.

Pour Marthe il est factice, tandis que LechyElbernon y voit une sorte de réponse à l'angoisse des hommes plus ou moins conscients de leur vide.

A Marthe quiréclame la vérité, Lechy Elbernon réplique que l'homme vient au théâtre pour se connaître.

Marthe réagit contre unecertaine impudicité de l'acteur, mais Lechy Elbernon, sortie d'elle-même lorsqu'elle joue, savoure sa puissance sur lepublic. ANALYSE A partir de deux personnages-types : l'actrice passionnée par son métier — Lechy Elbernon — et Marthe qui ignoretout de l'art dramatique, s'amorce une conversation sur la nature du théâtre. 1° Elle distinguent d'abord le point de vue de la salle Les spectateurs viennent au théâtre comme pour regarder un de leurs rêves.

Marthe n'y voit que quelque chose defactice ; Lechy Elbernon y voit la conséquence de la pauvreté de la nature humaine.

L'homme assiste au spectaclecomme à la représentation de sa propre vie. 2° Elles envisagent alors le problème de la vérité scénique Pour Marthe, elle est «une» et se rapproche de la réalité.

Pour Lechy Elbernon, elle est multiple et seul l'esprit peutla connaître.

L'acteur matérialise ce que porte l'esprit en permettant à une certaine distance de s'établir entre lui etl'homme. 3° Elles abordent enfin le point de vue de la scène Marthe dénonce une certaine impudeur de l'acteur, alors que pour Lechy Elbernon, l'acteur est tellement sorti de lui-même quand il joue que la notion de pudeur ne veut alors plus rien dire.

Seule compte la puissance de l'acteur surson public. COMMENTAIRE Le thème le plus riche d'intérêt est celui de la vérité théâtrale. Au cœur de cette discussion se situe le thème de la véracité du théâtre et de son rôle pour l'homme.

Les répliquesqu'échangent Marthe et Lechy Elbernon révèlent leur position par rapport à ce problème : « Lechy Elbernon.

— Et il arrive quelque chose sur la scène comme si c'était vrai. Marthe.

— Mais puisque ce n'est pas vrai ! C'est comme les rêves que l'on fait quand on dort. Lechy Elbernon.

— C'est ainsi qu'ils viennent au théâtre la nuit...

L'homme s'ennuie et l'ignorance lui est attachée depuis sa naissance. Et ne sachant de rien comment cela commence ou finit, c'est pour cela qu'il va au théâtre. Et il se regarde lui-même...

» Pour Lechy Elbernon dont la réflexion est plus pénétrante, moins naïve que celle de Marthe, l'homme va au théâtrepour y trouver son destin.

Marthe, au contraire, y voit un mensonge.

Il nous faut donc déterminer la signification dela « vérité » théâtrale et la place qu'elle occupe.. »

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