BALLADE (Histoire de la littérature)

BALLADE. Elle est, avec le rondeau, le virelai, le chant royal, l’une de ces formes fixes qui ont canalisé l’inspiration lyrique de la fin du Moyen Age et ont remplacé la « libre » chanson des trouvères. Bien que l’on fasse remonter son étymologie au latin hallare (« danser »), elle n’a plus avec la musique que de lointains rapports.

La forme

Les théoriciens ont fini par distinguer quatorze espèces. Mais on peut les réduire à un nombre limité de constantes : une structure tripartite, non sans analogie avec les formes les plus anciennes de la chanson, la présence d’un refrain (un vers) à la fin de chaque strophe et, à partir de la fin du xive siècle, un « envoi », groupe de quatre vers commençant traditionnellement par l’apostrophe « Prince ». Le rythme ternaire est le fondement de ce genre de poèmes : séries triples de rimes et de mots, triple registre des idées et des images. Le refrain produit un mouvement continu, et non plus circulaire comme les reprises de vers du virelai et du rondeau; la répétition, plus logique que musicale, sert plutôt à placer dans un même éclairage les développements successifs des strophes, selon un principe de « rayonnement » (cf. D. Poirion, le Poète et le Prince, p. 361). Aussi la ballade autorise-t-elle les jeux, parfois gratuits, de la virtuosité (Deschamps ne se vantait-il pas d’avoir composé une ballade que l’on peut lire de huit manières différentes?) ainsi que l’exposé didactique. Les strophes comprennent un nombre variable de vers : septains, huitains ou dizains, avec, comme le signale P. Zumthor, une tendance à la « quadrature » (huit octosyllabes, dix décasyllabes [Essai de poétique médiévale, p. 270]). On peut isoler au début de la strophe un groupe de quatre vers, fait d’une reprise de phrase mélodique de deux vers en rimes croisées (la « cadena » des Provençaux), qui pose le thème; ensuite, après une coupure au cinquième vers (parfois au sixième), une transition (« outrepasse ») de deux ou trois vers, qui amène le refrain tout en enchaînant sur les rimes du début. Le schéma peut être le