Le film de Pasolini, en montrant l’histoire d’œdipe dans sa continuité, modifie l’approche de Sophocle, focalisée sur une progressive révélation.

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t SOPHOCLE ET PASOLINI, ŒDIPE ROI (425 AV.

J.-C.

ET 1967) ; 26 1 Premier interrogatoir e : Œdipe fait venir le devin aveugle Tirésias pour qu'il révèle la vérité, mais celui-ci ne veut pas parler.

Accusé du meurtre par Œdipe en colère, il répond irrité: «Je dis que c'est toi l'assassin recherch é» (I.

371).

1 Accusation : Œdipe accuse alors Créon â'avoir comploté contre lui les accu­ sations de Tirésias.

Pour le rassurer, Jocaste lui prouve la fausseté de l'oracle qui a poussé Laïos à abandonner leur fils pour ne pas être tué par lui.

1 Soupçons : Œdipe s'inquiète du lieu où Laïos a été tué, et il raconte à Jocaste le meurtre qu'il a lui-même commis à la cro i­ sée des trois chemins en voulant fuir Corinthe et l'oracle qui lui prédisait qu'il tuerait son père et épouserait sa mère.

Seul le ber­ ger de Laïos, témoin du meurtre , peut le laver du soupçon qui pèse maintenant sur lui.

"S'il parle d'un homme , d'un voyageur isolé, voilà le crime qui retombe clairement sur mes épaules • (1.

872-873 ).

1 Coup de théâtre : un messa g er corinthien annonce que le roi Polybe est mort.

Œdipe n'est donc pas le meurtrier de son père.

Mais le messager lui révèle qu 'il n'est pas le fils de Polyb e mais un enfant trouvé.

I:enquête d'Œdipe s'oriente alors sur la recherche de son identité, que peut lui apprendre le ber­ ger de Laïos.

Malgré les avertissements de Jocaste, Œdipe veut connaître son origine :« Ah! Puisses-tu jamais n'apprendre qui tu es! » (l.

1018).

1 Révélation : Œdipe interroge le berger de Laïos qui, sous les menaces, confirme qu'Œdipe est le fils de Laïos et de Jocaste, qu'il remit au berger corin­ thien, plutôt que de l'abandonner sur le mont Cithéron.

Œdipe a la révélatio n de son identité et de ses crimes : «Je me révèle le fils de qui je ne devais pas naître, l'époux de qui je ne devais pas l'être, le meurtrier de qui je ne devais pas tuer! » (l.

1243-1 245).

IIII La structure du film de Pasolini 1 Il est constitué de trois volets, dont deux sont totalement inventés.

1 Il s'ouvre sur un prologue muet, à caractère autobiographique, qui montre l'enfance de Pasolini dans les années 1920-1930: le bébé avec sa mère dans un pré, le jeune enfant et son père, un officier.

1 Puis Pasolini raconte l'his toir e complète d'Œdipe dans l'ordre chronolo­ gique, de l'enfance à la mutilation, en intégrant la pièce de Sophocle.

C'est la même actrice qui joue sa mère dans le prologue et Jocaste dans la deuxième partie, ce qui met le lien en évidence.

1 Enfin, le film se termine sur un épilogue, à Bologne en 1967, inspiré par Œdipe à Colone, de Sophocle.

Œdipe, aveugle, joue de la flûte et marche, sou­ tenu par le messager Angelo (et non par Antigone) ; ils parviennent tous deux jusqu'au pré du début du film.. »