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Sophocle et Pasolini apportent-ils une réponse à la question de la culpabilité ou de l'innocence d'œdipe, selon vous ?

Publié le 03/01/2020

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l’ont pas fait, Œdipe s’est élancé vers son destin en croyant le fuir - ironie tragique. Il en est de même dans le film de Pasolini où l'oracle-Pythie n'est pas plus explicite.

Or il n’est pas mentionné de faute ayant provoqué cette destinée

Jamais l’oracle d’Apollon qui annonce les crimes d'Œdipe n’invoque la cause de ses fautes, la raison de ce châtiment infligé. Qu’a fait Œdipe pour être condamné à tuer son père, épouser sa mère et avoir d’elle des enfants incestueux? Apollon ne l’explique pas : il en est ainsi et c’est tout. C’est la volonté des dieux, l'homme ne peut y échapper. Cela nous semble d'une injustice absolue et cruelle, mais à Œdipe aussi. C’est pourquoi à la fin de la pièce il dit : «Mais je fais horreur aux dieux désormais» (1.1548).

Dans le film, Pasolini, par l’ajout du prologue autobiographique, suggère que l’enfant n’a que le tort d'être né, aux yeux de son père pour qui il est immédiatement un rival destiné à l’évincer auprès de sa femme. C’est cette parole accusatrice du père qu’Œdipe-Pasolini réalise tout au long de sa vie.

Dans la pièce, si Œdipe peut être tenu pour responsable de quelque chose, c’est d’avoir fait preuve d'hubris en pensant pouvoir de lui-même échapper aux oracles et au destin : en consultant l'oracle une première fois, en quittant Corinthe, en refusant le passage à Laïos, en répondant à l’énigme de la Sphinge, en régnant en tyran, etc. Les dieux n’aiment pas qu’on se hausse à leur hauteur, qu’on exerce trop son intelligence, qu’on veuille tout savoir, tout contrôler : ils sont jaloux de leur puissance.

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« 56 [DÉVELOPPEMENT) 1.

Œdipe est coupable ••• 1 Sa culpabilité est martelée tout au long de la pièce de Sophocle.

La pièce s'ouvre sur cette idée de culpabilité.

Créon, de retour de Delphes, parle -sans savoir qu'il s'agit d'Œdipe -de «chasser la souillure» (1.

97), puis «en faisant payer meurtre pour meurtre» (1.

101-102), et enfin d'attraper les meurtriers de Laïos pour les punir (1.

110).

Œdipe est coupable en effet d'avoir tué Laïos, à un carrefour entre Delphes et Thèbes, sans savoir qu'il s'agissait du roi, et de son père.

Le dieu a parlé par l'intermédiaire de Créon, et même si Œdipe ne se reconnaît pas encore dans le meurtrier de Laïos, sa culpabilité est énoncée .

Il lance des imprécations qui le concernent directement, en promettant de découvrir l'auteur de cet assassinat (1.

257-260).

À ce stade, sa culpabilité est encore inconsciente.

1 Dans le film, Pasolini s'attarde longuement sur la scène du meurtre de Laïos, et l'on voit Œdipe revenir près du roi pour le tuer après avoir tué tous ses gardes.

L'acharnement violent du personnage est clairement perceptible.

De même pour l'union avec Jocaste, que le désir manifeste d'Œdipe pour la reine explique plus encore que la récompense offerte par les Thébains.

Paso­ lini insiste donc sur la culpabilité du personnage.

1 Dans la pièce, il est ensuite désigné nommément comme meurtrier par Tirésias (1.

354-355 et 371).

Puis Tirésias va plus loin dans son accusation, en l'accompagnant de celle d'inceste (1.

376-378), ce qu'il répète une seconde fois (1.

431) après qu'Œdipe l'accuse d'être incapable de voir la vérité, et une der­ nière fois avant de partir (1.

467-483).

Cette fois Œdipe sait ses crimes mais refuse de croire Tirésias, l'insulte et le chasse, c'est cette incrédulité qui aggrave sa culpabilité .

Pourtant le chœur aussi doute de Tirésias (1.

510-511).

1 Pasolini respecte ce schéma : Œdipe rejette Tirésias violemment, l'humi­ liant en public en mettant en cause la véracité de sa prédiction.

2 •••• mais pas responsable 1 Chez Sophocle, dans le récit qu'il fait à Jocaste de ses ori­ gines (fin du deuxième épisode) Œdipe explique qu'après avoir été traité «d'enfant supposé» c'est-à-dire abandonné, il est allé consulter l'oracle d'Apollon et que le dieu n'a pas voulu répondre sur sa naissance mais l'a prévenu de son destin funeste : inceste et P,arricide (1.

820-825).

Œdipe est donc bien le jouet des dieux, si ceux-ci avaient voulu qu'il échappe à cette C'est pourfuir ce destin qu'Œdipe a quitté Corinthe et ses parents adoptifs, Polybe et Méropé, croyant bien faire.

double faute d'inceste et de parricide, l'oracle aurait dû lui révéler sa véritable origine, fils de Laïos et de Jocaste, et il serait resté à Corinthe.

Comme ils ne. »

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