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Le personnage d'Électre dans l'histoire de la littérature

Publié le 31/12/2019

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histoire

Il faut attendre Leconte de Lisle et ses Erinnyes (1873) pour revenir à une imitation archaïsante de l'Orestie, puis Paul Claudel, qui l'adapta en 1914-1916. Le début du XXe siècle a été riche en adaptations du mythe, avec, entre autres, l'espagnol Benito Perez Galdos et son Electra (1901), André Suarès, auteur d'une belle Tragédie d’Elektre et d'Oreste (1905), l'écrivain autrichien Hugo von Hofmannsthal, auteur d'une Elektra d'une violence paroxystique (1903), mise en musique par Richard Strauss (1909).

Le dramaturge américain Eugène O'Neill, avec Le Deuil sied à Électre (Mourning becomes Electra, 1929-1931), pièce en trois parties, comme l'Orestie, qui dure six heures, transporte l'action à l'époque de la guerre de Sécession et introduit une vision freudienne des mobiles des personnages.

En France, la seule pièce qui puisse se comparer à VÉlectre de Giraudoux est Les Mouches de Jean-Paul Sartre (1943), qui s'inspire d'Eschyle (présence des Erinnyes sous la forme des Mouches1) et de Sophocle (le personnage du pédagogue). L'intérêt se déplace vers le personnage d'Oreste, qui incarne la philosophie existentialiste de l'auteur : à la recherche de son essence, le jeune homme arrive à Argos pour trouver celle-ci à travers son crime, et ainsi débarrasser la ville du culte du remords national qui la ronge. Dans ce dernier thème, il y a une « discrète » allusion au régime du maréchal Pétain, ce qui, comme chez Giraudoux, crée un arrière-plan politique, absent des tragédies précédentes.

Sophocle : Électre

À Mycènes, devant le palais dAgamemnon, roi de Mycènes et dArgos.

Oreste arrive à Mycènes en compagnie de son précepteur ; il est mandé par Apollon pour venger son père par la ruse, sans armée. Il recommande donc au précepteur de le faire passer pour mort, et va se présenter lui-même en étranger. Électre se plaint de son sort misérable avec le chœur, avant d’être appelée à la modération par sa soeur Chrysothémis : Égisthe et Clytemnestre veulent l'emmurer vivante ! Sur un rêve prémonitoire du retour d'Oreste, Clytemnestre fait faire par Chrysothémis des libations au mort. Électre refuse d'y participer et en échange donne à sa soeur une boucle de cheveux à déposer sur la tombe. Elle rencontre sa mère se rendant au tombeau, et se dispute violemment avec elle. Le précepteur annonce ensuite la mort d'Oreste dans une course de chars. Clytemnestre, sans se réjouir, se dit délivrée. Mais Chrysothémis, de retour du tombeau, annonce le retour d'Oreste : elle a reconnu une boucle de ses cheveux déposée en offrande. Électre essaye de pousser, en vain, sa soeur à tuer Égisthe avec elle. Puis Oreste arrive avec Pylade, portant une urne censée contenir ses propres cendres. Électre se lamente pathétiquement, puis, détrompée, se jette dans les bras de son frère. Finalement, Oreste tue Clytemnestre ; Égisthe arrive joyeux de la mort supposée du jeune homme, et prend le cadavre voilé de sa femme pour le sien. Détrompé, il meurt lui aussi.

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« Jouvet joue le Mendiant, Pierre Renoir Égisthe, Romain Bouquet le Président, le jeune et beau Paul Cambo Oreste.

les rôles de femmes sont plus difficiles à distribuer.

On pressent plusieurs actrices célèbres, dont Edwige Feuillère.

Finalement c'est Jean-Pierre, le fils de Jean, qui propose la solution : J'avais lu et apprécié la pièce avant qu'elle ne se jouât.

J'y tenais le personnage d'Électre, «femme à histoires», inspiré par ma mère qui ne cessait d'en faire et peut-être l'auteur partagea-t-il ce triste sentiment [ ...

] Comme par définition, dans Électre, mère et fille se disputaient [ ...

] (De même que, depuis mon adolescence, je me heurtais constamment à ma mère.) Sur scène, les duels de cette sorte devaient être exemplaires.

Or, de notoriété publique, mère et fille s'empoignaient férocement au Gymnase.

Je fis donc une expédition dans le théâtre de boulevard où était représenté Espoir, drame bourgeois de Bernstein [ ...

) Je fus « bon public », captivé par le combat sans merci entre Gabrielle Dorziat et Renée Devillers [ ...

] Pour !'Électre paternelle, il y avait là, à mes yeux, un tandem idéal.

..

Giraudoux, puis Jouvet, acceptent l'idée, malgré les cachets exorbitants demandés par ces comédiennes ! Les décors, demandés d'abord à Braque, sont de Guillaume Manin, un élève de Christian Bérard : inspirés des œuvres de Ledoux, architecte visionnaire de la fin du XVIIIe siècle, il représentent des murs percés d'ouvertures, encadrés de colonnes majestueuses.

Les éclairages vont de la grande lumière de l'après midi du début à la lumière bleue de la nuit pour la scène d'Électre et d'Oreste ; l'acte II commence dans la nuit, s'éclaire peu à peu de la scène 4 à la scène 7, se ternit jusqu'au récit du mendiant, et se colore de rouge à la fin de son deuxième récit.

L'accueil, comme d'habitude pour Giraudoux, est meilleur auprès du public que de la critique.

La pièce est jouée 80 fois jusqu'en juillet, et atteindra l'année suivante 178 représentations.

La critique, elle, est partagée : « Une préciosité gratuite », dit Pierre Brisson, tout en percevant dans la pièce «un sens des grands thèmes tragiques».

«Une confusion de forêt équatoriale », écrit Pierre Audiat.

«Le Parthénon par un jour de t brouillard », lance paul Reboux.

Brasillach, écrivain talentueux qui sombrera dans la collaboration, voit dans Oreste un « héros fasciste » ; au contraire Benjamin Crémieux voit en Électre une « volonté ,_i. »

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