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LES MAZARINADES (Histoire de la littérature)

Publié le 24/11/2018

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histoire
MAZARINADES (1648-1652). On appelle du nom générique de mazarinades la multitude de pamphlets et écrits politiques de toute sorte qui parurent durant la Fronde et qui, dans leur grande majorité, étaient hostiles au Premier ministre Mazarin. Le nom de mazarinade, titre d'un poème satirique paru le 11 mars 1651 et attribué à Scarron, est fait sur le modèle de « pasquinade » (en italien, il pasquino = « le bouffon »; à Rome, statue sur laquelle on attachait des libelles polémiques).
 
Une explosion d'écrits polémiques
 
Les mazarinades sont la manifestation littéraire de la crise profonde que constitua la Fronde; aussi convient-il pour les comprendre de garder présents à l’esprit quelques traits fondamentaux de celle-ci. Le nom même de « Fronde » tend à en minimiser l’importance, mais il est désormais établi que cet affrontement, d’une extrême violence, entre les diverses forces politiques du pays fut la crise la plus grave que connut la France au xvnc siècle. Elle ne se limitait pas au domaine politique; l’économie et la démographie étaient affectées : disette, cherté et mortalité sévirent durant ces années où la guerre civile ravagea le pays. Certes, ce phénomène complexe reste encore relativement mal connu dans ses détails, et son interprétation prête à controverses. Mais sans nul doute, il a représenté un temps capital de mutation pour la société française et, en particulier, le moment d’une lutte intense pour le pouvoir entre la monarchie, les diverses fractions de la noblesse, la haute bourgeoisie financière et parlementaire et une part des forces populaires (à Bordeaux, la ville fut un an durant sous l’emprise de l’organisation démocratique et prorépublicaine de l’Ormée).
 
Il faut aussi avoir en mémoire les principales phases de la crise. En 1648-1649, le conflit oppose le gouvernement de Mazarin aux Parisiens, menés par leur parlement et une faction de nobles (autour du duc de Beaufort, bâtard d’Henri IV) et d’ecclésiastiques (autour de Paul de Gondi, futur cardinal de Retz). Il aboutit au siège de Paris et à la victoire de l’armée royale, que commandait Condé (printemps 1649). Suit une période de tractations, au terme de laquelle Mazarin fait arrêter les princes (Condé, Conti et Longueville), dont les prétentions devenaient extrêmes. S’engage alors une seconde période de combats (1651-1652), durant laquelle Mazarin doit s’exiler tandis que Condé, libéré, contrôle Bordeaux et Paris, mais est finalement défait par l’armée royale, aux ordres de Turenne.
 
La floraison des pamphlets et libelles qui constituent les mazarinades suit ces diverses phases. Elle débute, à proprement parler, en octobre 1648, quand Gondi engage une guerre de pamphlets contre Mazarin. Ses temps forts coïncident avec les deux sièges de Paris. Pour en situer l’importance quantitative, un chiffre suffit : on a pu recenser plus de six mille mazarinades pour ces quatre années, soit une moyenne de cinq par jour avec des pointes de plus de trente par jour.
 
Ces libelles offrent peu de ressemblance avec nos tracts modernes. Leur texte est, en règle générale, beaucoup plus long, certains libelles ont jusqu'à 16 pages. Le plus souvent, ils adoptent des formes proprement littéraires et/ou oratoires : de nombreux poèmes, à côté de harangues, discours, lettres, remontrances... Très fréquentes y sont les chansons, qui, par leur diffusion orale, se prêtaient bien à l’effort pour atteindre le plus large public dans une population en très grande majorité illettrée. Enfin il y figure nombre de périodiques : gazettes et courriers, tous plus ou moins éphémères, que l’on pourrait considérer comme les ancêtres de la presse moderne d’opinion. Les historiens et bibliographes ont pris l’habitude de ranger aussi parmi les mazarinades toutes sortes de factums qui n’appartiennent pas directement à la littérature (extraits de délibérations de parlements, par ex.) : il est vrai que, par le seul fait de leur publication, ces textes se trouvaient inclus dans le débat général. Ainsi, une approche qualitative confirme les données brutes de l'approche quantitative : il s’agit bien d’une « explosion de polémique ».

histoire

« commandait Condé (printemps 1649).

Suit une période de tractations, au terme de laquelle Mazarin fait arrêter les princes (Condé, Conti et Longueville), dont les pré­ tentions devenaient extrêmes.

S'engage alors une seconde période de combats ( 165 1-1652), durant laquelle Mazarin doit s'exiler tandis que Condé, libéré, contrôle Bordeaux et Paris, mais est finalement défait par l'armée royale, aux ordres de Turenne.

La floraison des pamphlets et libelles qui constituent les mazarioades suit ces diverses phases.

Elle débute, à proprement parler, en octobre 1648, quand Gondi engage une guerre de pamphlets contre Mazarin.

Ses temps forts coïncident avec les deux sièges de Paris.

Pour en situer l'importance quantitative, un chiffre suffit : on a pu recenser plus de six mille mazarinades pour ces quatre années, soit une moyenne de cinq par jour avec des pointes de plus de trente par jour.

Ces libelles offrent peu de ressemblance avec nos tracts modernes.

Leur texte est, en règle générale, beau­ coup plus long, certains libelles ont jusqu'à 16 pages.

Le plus souvent, ils adoptent des formes proprement littérai­ res et/ou oratoires : de nombreux poèmes, à côté de harangues, discours.

lettres, remontrances ...

Très fré­ quentes y sont les chansons, qui, par leur diffusion orale, se prêtaient bien à l'effort pour atteindre le plus large public dans une population en très grande majorité illet­ trée.

Enfin il y figure nombre de périodiques : gazettes et courriers, tous plus ou moins éphémères, que l'on pourrait considérer comme les ancêtres de la presse moderne d'opinion.

Les historiens et bibliographes ont pris l'habitude de ranger aussi parmi les mazarinades toutes sortes de factums qui n'appartiennent pas directe­ ment à la littérature (extraits de délibérations de parle­ ments, par ex.

1 : il est vrai que, par le seul fait de leur publication, ces textes se trouvaient inclus dans le débat général.

Ainsi.

une approche qualitative confirme les données brutes de l'approche quantitative : il s'agit bien d'une « explosion de polémique >>.

Elle atteignit souvent une extrême violence de ton.

Ainsi la Mazarinade présente Mazarin en des termes tels que: Ce faquin es.t gras comme suif; Il n'est ni fourbu ni poussif, Et, sur le point géné rat if, Il aime le copu la tif ..

.

pour aboutir à un appel au meurtre, le ministre représentant ( ...

) la ruine :lu royaume, Si quelque rnaître Jean Guillaume Ne nous en débarrasse à la fin.

Ce texte n'est pas le prototype du genre, mais, venant assez tard lui donner son nom de baptême, il en résume des traits essentiels quant à la thématique et à l'orienta­ tion d'ensemble.

Deux nuanœs sïmposent cependant.

La première concerne les thèmes développés dans ces libelles.

Malgré le nom générique, malgré la tendance dominante, tous ne sont pas hostiles à Mazarin : le ministre et la Cour avaient leurs propres pamphlétaires affidés; de fait, cha­ que parti ou faction avait les siens, et, dans l'écheveau des alliances er revirements, on peut voir se dessiner de nombreux changements de thèmes et de cibles.

La seconde nuance concerne la forme de ces écrits : si la polémique y e'it de règle, leur diversité fait que le ton peut varier beaucoup, et l'on trouve autant d'exposés sentencieux, savants, ampoulés que de textes allégre­ ment satiriques, paillards ou gaiement orduriers.

Les mazarinades ne forment donc pas un genre au sens rigoureusement formel du terme, mais un ensemble hétérogène, dont l'unité repose sur trois traits : la dimen- sion polémique, bien sûr.

mais aussi la visée populaire et la liberté de parole.

Une littérature à visée populaire Le caractère «populaire» d'une production textuelle se définissant à partir de la combinaison de trois critères : la situation sociale de 1 'auteur, les sujets traités, le public visé, il apparaît que les mazarinades semblent plus popu­ laires par leur fonctionnement et leurs intentions que par leur nature et leur source.

Les auteurs de mazarinades ne semblent pas être à proprement parler des représentants du peuple.

La pru­ dence s'impose sur ce point : en effet, l'anonymat ou au moins le recours au pseudonyme sont la règle en ce domaine, et il est très difficile d'identifier les libellistes.

Très peu nombreux sont ceux qui ont publié leurs pam­ phlets à visage découvert : seul, en fait, un Gondi pouvait signer certaines de ses proclamations en forme de plai­ doyers.

Parmi les autres figurent quelques écrivains célè­ bres : Scarron, déjà mentionryé, Cyrano de Bergerac, auteur d'un féroce Ministre d'Etat flambé (majs qui, par la suite, se rallia à Mazarin), 1' historien Mézeray; ou encore, à la solde des princes, Marigny er Dubosc­ Montandré, qui fut sans doute le plus redouté des libellis­ tes du moment: à la solde de la Cour, Naudé et Renaudot.

Peu de gens du peuple identifiables : le cas le plus notable est celui de Charlotte Hénault, sœur d'un impri­ meur.

Le plus souvent, on trouve force signatures telles que : « Un bourgeois de Paris >> (ou de quelque autre ville), « Un curé», ...

ou encore nombre de signatures collectives, par exemple dans le Manifeste des Bordelais.

En revanche, le peuple est omniprésent dans les thè­ mes développés, et les formes adoptées visent le plus souvent à obtenir une audience populaire.

Tous les partis se réclament de l'intérêt public et du désir de soulager les petites gens.

11 est vrai que la Fronde eut pour cause la plus immédiate un surcroît d'impôts, dû en partie aux charges de la guerre que menait alors la France contre l'Espagne et en partie à la gabegie financière qu'entrete­ nait Mazarin.

Le soutien des masses populaires était, d'autre part, indispensable aux manœuvres des factions; il fut d'ailleurs question (sans que l'exécution suivît) de réunir les états généraux.

Mais le peuple auquel s'adres­ sent ou dont parlent la plupart des mazarinades est avant tout le peuple des villes.

Les références fréquentes, dans les titres ou les signatures, aux. »

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