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Un critique écrit à propos de « Polyeucte » : « Dans cette tragédie où l’action de la grâce est toujours présente, le comportement et l’évolution de Polyeucte et de Pauline restent pourtant, d’un bout à l’autre de la pièce, conformes à la vraisemblance psychologique. » En retraçant d’une manière précise l’évolution psychologique des deux personnages vous justifierez le jugement de ce critique.

Publié le 22/09/2018

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décisif est franchi, il ne peut revenir en arrière sans se parjurer vis-à vis de Dieu, vis-à-vis de lui-même, mais pourra-t-il tenir jusqu'au bout ? Tout le reste de la pièce n'est que la mise en scène des assauts donnés par ses proches à sa « folie de la Croix » et dont sa « folie de la Croix» n'avait pas songé à mesurer l'horreur.

 

Le spectacle du supplice de Néarque l'aide à vaincre facilement les prières et les menaces de Félix. Ce n'est pas là, pour lui, l'occasion d'un combat ; tout au contraire, il contribue plutôt à l'exalter encore. Mais, première épreuve, on lui annonce la venue de Pauline : il chancelle, il a peur de lui-même et, pour assurer la victoire, avant même que le combat ait commencé, il décide de céder sa femme à son premier prétendant. Une fois qu'il a pris toutes mesures pour faire exécuter cette décision, il se trouve plus à l'aise pour demander et recevoir l'appui de Dieu. Mais voici que survient une deuxième épreuve : Pauline se présente en personne. Tout entier à son exaltation mystique, il supporte assez bien ses exhortations tant qu'elle parle au nom des autres, mais lorsqu ’elle met en avant son amour et elle-même, il chancelle à nouveau et il ne dompte cette défaillance qu’en 1 'unissant à lui, sinon dans la chair et en cette vie, du moins par-delà la mort, et dans la même adoration religieuse, peut être dans le même martyre : « Seigneur de vos bontés il faut que je l'obtienne.

 

Elle a trop de vertus pour n'être pas chrétienne... »

 

Et il faut le refus indigné de Pauline pour le faire revenir à son projet primitif d'effacement devant Sévère. Il peut enfin se croire au terme de ses sanglantes victoires, mais ses proches ne se tiennent pas pour battus. Nouvelle épreuve : Pauline, qui avait d'abord accueilli sans mot dire le legs qu'il faisait d'elle à Sévère, proteste que ce dernier n'est plus rien pour elle et qu'elle suivra son époux dans la mort : nouvelle attaque du bonheur humain sur la soif du martyre et d'autant plus insidieuse qu'elle est plus pure. Alors, pour forcer Félix à le rayer du nombre des vivants, Polyeucte rassemble en une profession de foi d'autant plus combative qu'il est plus déchiré, tous les cris d'adoration chré tienne et de blasphème qu'il a pu proférer antérieurement; et sans en avoir le dessein ni la volonté, il souligne lui-même, dans les paroles qu'il adresse à Pauline, la terrible tension nerveuse qu 'il doit surmonter pour remporter encore une fois la victoire :

 

... « Ah, ruses de l'enfer !

 

Faut-il tant de fois vaincre avant que triompher ?

 

Vos résolutions usent trop de remise :

 

Pressez la vôtre enfin, puisque la mienne est prise. »

« pr ése nte, le com portement et l'év olution de Polyeucte et de Paulin e reste nt.

..

conform es à la vraisembla nce psycholog ique.

» 1.

L'É VOLUTION DE POL YEUCTE Le brusque revirement de Polyeu cte En ce qui concerne Polyeucte, les deux tendances qui vont entrer en lu tte tout au long de son évolution app araissent succe ssiv ement chacune, et presque à l'état pur, dans les deux premièr es phases de cette évolution pour se heu rter ensu ite sans merci ju squ'à la mort du martyr.

Dans la premièr e phase, au premier acte, il nous semble que par les forces vives de son être, Polyeucte est tout au monde ; amour de chair et de sentim ent pour Pauline, conscien ce que ses oblig ations d'homme et de citoyen l'éloignent du baptême, voilà ce qu'il exprim e dans la premièr e scène de la piè ce.

Somme toute, s' il suit Néarque, c'est que plusie urs fo is il lui a fait prévo ir sa co nver sion et que celui-ci la lui rapp elle presque comme une pro messe.

Dans la seconde phase, au cour s de la derniè re scène du deuxième acte, le renv erseme nt du point de vue est total : dépas sant le christ ianisme de Néarque, sinon par la pensée, du moins par la sen sibilit é, il n'a spir e plus qu'à s'unir d'un seul élan au Dieu dont il d' em brasser la foi.

Tous les objets humains qui sollicitaient son affection, qui l'accapara ient presqu e il y a qu elq ues moments, sont oubliés.

Est ce invrais embla ble? Non ; 1 'âm e de Polyeucte est une âme éprise d'absolu et avant son mariag e avec Pauline, avant même qu'il l'eût connue, la conv er sion au christianism e a été la grande pensée de sa vie, l'alim ent néce ssair e à son cœur ardent et inqu iet.

est vraisembla ble qu 'au moment où le souci de satisf air e à un eng ageme nt l'amène à revivre son premier élan dans un cérémo nial d'autant plus im pres sionnant qu'il est plus simple, tout ce qu'il a vécu et désir é dans l'intervalle lui apparaisse comme une misérable di str act ion semée sur sa rout e par la Fortune, mieux encore par le Démon, et spontanément il accom plit le geste décisif.

Le combat intérieur C' est alors que, dans une troisième phase, Polyeucte va se tro uver en pro ie à un doulo ureux conflit intérieur.

Il a sacrifié l'amour terrestre à l' amour divin dans un mouvement d'inspiration, sans penser à 1 'amour terrestre, sans en peser la valeur et les charmes, et voilà que ceux qui tiennent humainement à lui vont s'appl iquer à le faire rev enir sur son « de tête ».

Ma intenant que le pas. »

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