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CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1793-1794. Philo

Publié le 28/11/2012

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condorcet

CONDORCET, Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, 1793-1794.   Pourquoi le texte m’a séduite.  Si dans le choix du long commentaire, j’ai finalement opté pour ce texte de Condorcet cela n’a pas seulement à voir avec le texte en soi. Bon nombre des autres auteurs m’étaient déjà connus alors que je n’avais jamais entendu parler de Condorcet (ce qui m’intriguait) d’une part et d’autre part, pour la préparation des questions libres orales, je m’étais essentiellement consacrée à la période de la Renaissance. Enfin, je ressens moins d’affinité avec les plus anciens textes français, la barrière de la langue y étant bien entendu pour quelque chose. Mais ce serait faire du tort à Condorcet que de justifier mon choix uniquement par la négative. J’ai tout au long de la lecture de l’exposé de Condorcet à plusieurs endroits été surprise non seulement par la clarté de son langage et de ses raisonnements, mais aussi, et plus important, par l’à-propos et même une étrange modernité des éléments qu’il expose. Certes, lorsqu’il s’agit d’un ouvrage à portée scientifique, il est facile de critiquer un scientifique plus de deux cents ans après. Il y a sans aucune doute dans le texte qui nous occupe des idées ou des thèses qui peuvent nous surprendre ou même nous faire sourire et ce ne serait pas fort sportif de ma part de le critiquer sur les points dont la science a entre-temps démontré à profusion que les choses sont toutes autres. Je tenterai donc de ne pas tomber dans cet écueil. Dans ce texte, la religion joue un rôle central. Condorcet est sévère pour la religion qu’il considère comme une superstition fondée sur des préjugés. L’état actuel de la religion dans notre société montre que Condorcet n’a pas trop de tort. Ce point est néanmoins tellement sensible et brûlant avec tous les scandales qui émergent dans l’Eglise que je préfère ne pas développer ces idées dans cette dissertation.  La première chose qui m’ait néanmoins troublée au cours de la lecture de Condorcet, surtout dans son avant-propos, c’est sa démarche théorique. Il ne fournit pas d’exemples, ce qui est un peu déroutant, ni de réelles preuves scientifiques telles qu’on les avance actuellement dans les sciences depuis Popper (tout ce dont on ne peut prouver le contraire est vrai). Mais très tôt dans la lecture, on est enthousiasmée par la pensée progressiste de Condorcet. A notre époque, où la notion de progrès est en soi critiquée, la foi dans le progrès (et non plus la stagnation du moyen âge) des Lumières est aussi naïve qu’admirable. On doute à raison de nos jours que la « perfectibilité de l’homme « soit « réellement indéfinie «. Personnellement, je crois même que l’on puisse douter que le passage à l’agriculture de l’homme sauvage – et Rousseau ne me contredira pas – fût un mieux. C’est à partir de là que l’homme devient dépendant des saisons, des pénuries et tout simplement des caprices du soleil et des intempéries (famines), au lieu de tout simplement continuer à chasser au claire de lune. C’est alors que naît la notion de capital (cheptel – le bétail), donc l’intérêt, donc l’inflation et enfin l’usure (les banques). Dans sa caverne, l’homme primitif qui ramassait ce qu’il trouvait (les végétalistes actuels font de même) avait l’air conditionné avec une température constante hiver comme été. Et surtout, l’homme n’épuisait pas la terre, sa terre nourricière. Pour ne pas en outre évoquer le problème subséquent de la surpopulation! Enfin, cela nous mènerait un peu trop loin. Pour en revenir à la notion de progrès, Condorcet exagère un peu, on le sait à présent, pour ce qui est du manque de loisirs de l’homme primitif. On sait à présent qu’une bête abattue par nuit de lune pouvait nourrir un ménage préhistorique pendant une semaine : nous avons dans notre monde moderne autant de loisir que l’homme des cavernes avait de travail et vice versa. Autant pour le progrès de l’humanité! D’ailleurs, Condorcet a beau parler de progrès de l’humanité, ses paroles trahissent néanmoins une conception moins généreuse de l’homme lorsqu’il écrit : « l’homme se montre séparé des autres espèces d’animaux « même s’il se trompe dans la même phrase lorsqu’il dit que les animaux sont « bornés au perfectionnement purement individuel «, les sacrifices de groupe dans le règne animal sont là pour le prouver. Mais bon, dans sa notion de progrès, Condorcet est non seulement progressiste mais aussi optimiste : « L’état actuel des lumières nous garantit qu’elle sera heureuse. « Et pourtant, il est prudent. Combien de fois n’écrit-il pas « paraît «, « qu’il a fallu « ou « a dû « ou encore « ont dû « pour compenser le manque d’arguments scientifiques ou de preuves palpables. Il n’est pas aussi catégorique dans ses affirmations que ses développements pourraient le laisser entendre. En revanche, Condorcet ne croyait sûrement pas aussi bien dire lorsqu’il dit : « les progrès de cette perfectibilité […] n’ont d’autre terme que la durée du globe où la nature nous a jetés[1] «. Ce bout de phrase est une réelle prophétie dans la bouche de Condorcet. En effet, notre globe possède une duré, et cette terre est à présent menacée dans ses fondements. L’hypothèse d’une planète qui s’épuise est réalisée. Ensuite, lorsqu’il utilise les mots « globe où la nature nous a jetés « Condorcet se fait presque existentialiste, précédant Sartre. Et l’on s’étonne que cette lecture m’ait frappée ? Condorcet présume aussi le caractère exponentiel du développement humain[2], même si pour lui les progrès ne semblent pas toujours irréversible quand il écrit « tantôt se replongeant dans l’ignorance «. Il dit même « tant que la terre […] occupera la même place dans le système de l’univers « et se fait astrophysicien avant la lettre : on sait désormais que la planète se rapproche d’une distance infime du soleil, que la lune s’éloigne de la terre etc. et que notre système solaire présente un équilibre qui n’est pas fixe pour l’éternité. Condorcet est un visionnaire et probablement l’inventeur du concept du développement durable parce qu’il est peut-être le premier à se préoccuper ou du moins à évoquer les « générations futures « et la nécessité de regrouper tous les peuples de la terre : il parle en effet de « réunion « . Enfin, Condorcet n’est-il pas le père de ce qu’on appelle de nos jours « l’effet papillon « lorsqu’il écrit : « Le phénomène qu’on observe chez une nation, dans un tel siècle, a souvent pour cause une révolution opérée à mille lieues et à dix siècles de distance « ? Espérons qu’il ne se trompe pas lorsqu’il dit que tout cela ne conduit pas a un « bouleversement général « ! Et tachons entre temps de nous tranquilliser avec la dernière phrase du texte : « Mais ne cherchons point à pénétrer ce qu’un avenir incertain nous cache encore. «      Pourquoi je veux transmettre le texte à quelqu’un d’autre. On pourra citer de nombreuses raisons pour lesquelles ce genre de texte de Condorcet est un texte qui se prête admirablement à l’enseignement. Il y a tout d’abord une langue parfaitement claire et accessible, bien structurée, ce qui doit dès le début motiver les élèves. Condorcet a de cohérence dans les idées, ce qui nous invite à le suivre et qui sert d’exemple. Ensuite, on pourra exploiter le texte au niveau du vocabulaire. Le sens que Condorcet donne au mot « métaphysique[3] « ou « indéfini[4] «  n’est pas le même qu’on lui prête aujourd’hui. C’est un élément de pédagogie. Lorsque Condorcet trace l’histoire de l’écriture, cela me semble juste assez simple pour confronter les élèves à quelques notions d’histoire de la langue sans plonger immédiatement dans les théories linguistiques actuelles. Une belle idée de dissertation au niveau des humanités serait : « L’homme se différencie-t-il des animaux par son langage articulé? « On pourra aussi demander aux étudiants : « En quoi Condorcet se trompe-t-il sur les faits soi-disant scientifiquement admis lorsqu’on les compare à l’état contemporain de la science ? « On pourra en effet contester que « l’invention de l’arc « eût « été l’ouvrage d’un homme de génie « en y accordant un part plus conséquente au hasard (invention de la roue) et au perfectionnement naturel, lent ou par à-coups. Il y a d’autres éléments qui sont susceptibles d’intéresser les élèves : la position de la femme semble favorable mais que penser du machisme implicite d’une phrase telle que « L’homme y vit des compagnes, et apprit enfin ce qu’elles pouvaient pour son bonheur. « ? Enfin, ce texte fait réfléchir les gens quant à la situation de la société telle que se profile au long de l’histoire et jusqu’à nos jours. Les jeunes gens de dix-sept ans se posent exactement les mêmes questions que les thèmes que Condorcet évoque dans son Esquisse, ce qui rend son effet pédagogique évident: la religion, le rôle de la femme, la société, les classes, les animaux, ou encore la discrimination (esclavage).     [1] C’est moi qui souligne. Cette tournure semble même impliquer une origine stellaire de l’homme par rapport à la terre, - théorie que de sérieux scientifiques contemporains soutiennent. [2] « une marche plus ou moins rapide « [3] métaphysique non dans le sens philosophique du terme mais au sens physique   [4] indéfini utilisé avec le sens d’infini

condorcet

« Dans ce texte, la religion joue un rôle central.

Condorcet est sévère pour la religion qu'il considère comme une superstition fondée sur des préjugés.

L'état actuel de la religion dans notre société montre que Condorcet n'a pas trop de tort.

Ce point est néanmoins tellement sensible et brûlant avec tous les scandales qui émergent dans l'Eglise que je préfère ne pas développer ces idées dans cette dissertation.  La première chose qui m'ait néanmoins troublée au cours de la lecture de Condorcet, surtout dans son avant-propos, c'est sa démarche théorique.

Il ne fournit pas d'exemples, ce qui est un peu déroutant, ni de réelles preuves scientifiques telles qu'on les avance actuellement dans les sciences depuis Popper (tout ce dont on ne peut prouver le contraire est vrai).

Mais très tôt dans la lecture, on est enthousiasmée par la pensée progressiste de Condorcet.

A notre époque, où la notion de progrès est en soi critiquée, la foi dans le progrès (et non plus la stagnation du moyen âge) des Lumières est aussi naïve qu'admirable.

On doute à raison de nos jours que la « perfectibilité de l'homme » soit « réellement indéfinie ».

Personnellement, je crois même que l'on puisse douter que le passage à l'agriculture de l'homme sauvage - et Rousseau ne me contredira pas - fût un mieux.

C'est à partir de là que l'homme devient dépendant des saisons, des pénuries et tout simplement des caprices du soleil et des intempéries (famines), au lieu de tout simplement continuer à chasser au claire de lune.

C'est alors que naît la notion de capital (cheptel - le bétail), donc l'intérêt, donc l'inflation et enfin l'usure (les banques).

Dans sa caverne, l'homme primitif qui ramassait ce qu'il trouvait (les végétalistes actuels font de même) avait l'air conditionné avec une température constante hiver comme été.

Et surtout, l'homme n'épuisait pas la terre, sa terre nourricière.

Pour ne pas en outre évoquer le problème subséquent de la surpopulation! Enfin, cela nous mènerait un peu trop loin. Pour en revenir à la notion de progrès, Condorcet exagère un peu, on le sait à présent, pour ce qui est du manque de loisirs de l'homme primitif.

On sait à présent qu'une bête abattue par nuit de lune pouvait nourrir un ménage préhistorique pendant une semaine : nous avons dans notre monde moderne autant de loisir que l'homme des cavernes avait de travail et vice versa.

Autant pour le progrès de l'humanité! D'ailleurs, Condorcet a beau parler de progrès de l'humanité, ses paroles trahissent néanmoins une conception moins généreuse de l'homme lorsqu'il écrit : « l'homme se montre séparé des autres espèces d'animaux » même s'il se trompe dans la même phrase lorsqu'il dit que les animaux sont « bornés au perfectionnement purement individuel », les. »

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