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Faut-il chercher un sens à l'histoire ?

Publié le 13/09/2005

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histoire
  Mais le sens est-il véritablement visible comme tel dans l'histoire ? Ne faut-il pas plutôt le rechercher, dans la mesure où ce qui apparaît de prime abord ne semble pas faire sens ? La finalité de l'histoire, plus qu'une donnée, n'est-elle pas un objet de recherche ? Quelle est alors la nature de cette recherche ? Peut on en rester à un point de vue extérieur ou l'histoire ne requiert - elle pas une approche de l'intérieur ?     II)               Histoire et com-préhension.     §  L'histoire, au sens étymologique, est une « enquête ». Comme les événements qu'il analyse ont disparu, l'historien se fait proprement chercheur : il reconstitue les faits à partir de leurs traces et tente de comprendre comment et pourquoi ils se sont déroulés il cherche donc son sens. §  L'historien doit donc proprement comprendre l'histoire, la compréhension étant à la fois la saisie du sens et le fait d'être compris dans. L'historien doit alors prendre place au coeur des évènements historiques et y être compris.

§  La notion de sens de l’histoire semble recouvrir deux définitions, celle de signification et celle de direction, qui semblent néanmoins se recouvrir l’une l’autre : la direction de l’histoire semble être porteuse de signification.

§  La question « faut-il « nous amène à considérer l’auteur de l’histoire et le rôle qu’il joue dans la découverte des faits passés : tout le problème semble être alors de savoir si ces faits doivent être l’objet d’une recherche ou non. Le sens de l’histoire est-il ce qui doit être cherché ou ce qui se donne à nous ? La meilleure méthode de connaissance de l’histoire est-elle la recherche ? Est-il légitime de rechercher un sens à l’histoire ?

§  On comprend, dans cette perspective, que c’est aussi le rôle de l’historien qui est en jeu ici : si l’histoire a un sens, en tant que ce dernier lui apparaît comme propriété intrinsèque, alors l’historien est celui qui est capable de découvrir ce sens. Mais si l’histoire n’a pas de sens en elle-même et pour elle-même, que vaut l’interprétation historique en tant qu’elle ne se contente pas de conserver le passé mais aussi qu’elle cherche à en rendre raison, à l’expliquer (et donc à lui donner du sens) ? C’est donc à la fois l’histoire comme discipline et comme évènement qu’il faut interroger.

§  Le problème qui se pose est alors celui de savoir si on peut objectivement attribuer un sens à l’histoire, ce sens se trouvent également objectivement dans l’histoire ou si l’histoire n’est pas toujours affaire de subjectivité.

§  L’histoire en tant que série d’évènements et discipline est-elle ce qui se donne spontanément et objectivement à nous comme étant finalisée ou est-elle l’objet d’une recherche de la part de l’historien, devant alors la comprendre de l’intérieur, au risque de faire de l’histoire une fabrication subjective plus qu’un donné ?

histoire

« comme une suite d'atrocités toujours plus absurdes. Mais le sens est-il véritablement visible comme tel dans l'histoire ? Ne faut-il pas plutôt le rechercher, dans lamesure où ce qui apparaît de prime abord ne semble pas faire sens ? La finalité de l'histoire, plus qu'une donnée,n'est-elle pas un objet de recherche ? Quelle est alors la nature de cette recherche ? Peut on en rester à un pointde vue extérieur ou l'histoire ne requiert – elle pas une approche de l'intérieur ? II) Histoire et com-préhension. § L'histoire, au sens étymologique, est une « enquête ».

Comme les événements qu'il analyse ontdisparu, l'historien se fait proprement chercheur : il reconstitue les faits à partir de leurs traces ettente de comprendre comment et pourquoi ils se sont déroulés il cherche donc son sens. § L'historien doit donc proprement comprendre l'histoire, la compréhension étant à la fois la saisie dusens et le fait d'être compris dans.

L'historien doit alors prendre place au cœur des évènementshistoriques et y être compris.

Le chercheur peut donc se mettre à la place des personnages d'uneépoque.

Pour comprendre un événement, l'historien doit s'y fondre et adopter le point de vue de sesacteurs.

Retrouver leurs mobiles et découvrir le sens de leurs actes exige d'entrer en sympathie, encom-préhension (saisie avec) avec eux.

On comprend, dans cette perspective, que le travaild'historien consiste à découvrir le sens de l'histoire, sens qui apparaît alors comme une propriétéintrinsèque de l'histoire mais qu'il faut encore mettre à jour.

C'est donc dans un but de connaissanceque la recherche du sens de l'histoire est nécessaire et cette recherche s'apparente à une saisie del'intérieur même des évènements. § Et si l'historien se fond avec toute une période, il adoptera le regard que cette période porte sur elle-même.

En restant extérieur à une époque, on « plaque » souvent un sens sur les événements.

Lesens n'est pas ici découvert, mais imposé : inversement, comprendre, c'est mettre en lumière un sensimmanent au passé.

La seule compréhension valable est donc celle qui se fait de l'intérieur, et qui semodalise comme véritable recherche et non simple observation. § Il faut donc réunir patiemment les faits pour ensuite découvrir leur enchaînement et donc le sensintrinsèque de l'histoire.

L'historien détermine les raisons d'un événement, il isole, au sein de lasuccession, des relations de consécution.

Le sens de l'histoire émerge d'une longue enquête qui meten évidence le réseau des causes et des conséquences.

C'est donc au terme d'une rechercheminutieuse que le sens de l'histoire apparaît au chercheur.

Le sens, direction et signification, del'histoire est donc bien le fruit d'un travail de recherche abouti. Cependant, l'histoire est-elle alors objective, si elle est affaire de compréhension ? N'y a-t-il pas reconstitution defaits plus que saisie des faits ? L'histoire n'est-elle pas en définitive le fruit d'une fondation plus que d'unerecherche ? III) Le sens de l'histoire n'est pas ce qui se cherche mais ce qui se fonde : histoire et subjectivité. § Mais notre objectivité semble bien relative en ce qui concerne les faits historiques, dans la mesure oùils sont ce qui nous touche directement.

Comment en effet rapporter en toute objectivité desatrocités ? De plus, l'historien ne sera-t-il pas alors tenté d'élaborer une « version officielle » desfaits ? De sorte que le sens appartienne moins en propre à l'histoire en tant que telle qu'à l'historienqui la compose et la conditionne. § On peut prendre l'exemple de l'histoire qui se place du côté des vainqueurs qui sont toujours valorisésou se valorisent eux-mêmes, et en effet ce n'est pas semble-t-il le vaincu ou l'opprimé qui décide del'histoire au moment où elle se produit.

En revanche, le vainqueur est parfois si puissant qu'il donne aupassé le sens qu'il lui plaît.

César écrit les Commentaires sur la guerre civile pour justifier son action passée et assurer son pouvoir futur : son texte devient en outre histoire officielle, histoire doncconstruite. § L'histoire semble alors être une production idéologique, dont le but n'est pas tant la vérité que lalégitimation des pouvoirs en place.

L'historien n'est donc pas celui qui recherche le sens mais celui àqui le pouvoir semble dicter le sens.

Il fonde le sens de l'histoire.

On s'aperçoit dès lors que la notionde sens de l'histoire n'est pas une propriété intrinsèque à l'histoire elle-même mais est fabriquée,fondée et ne requiert pas de recherche.

En histoire, il n'y aurait donc pas de sens à découvrir, maisseulement des interprétations dictées par l'intérêt.

Le sens est construit par l'historien. § Le chercheur peut néanmoins refuser de s'illusionner : il sait que son activité produit au moins enpartie ce qu'elle prétend découvrir.

Mais il dispose de ce seul moyen pour donner à comprendre lepassé.

Il faut donc se contenter d'une « bonne subjectivité » selon l'expression de Ricœur dansHistoire et Vérité , et rester lucide sur notre capacité à découvrir un sens au passé.

Le sens de l'histoire n'est pas le fruit d'une recherche mais le produit d'un intérêt, avec toute la relativité quecela comporte, découverte du sens et intérêt se mêlant parfois.

La « bonne subjectivité » sera donc. »

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