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Faut-il connaître la vérité pour être libre ?

Publié le 15/06/2005

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Introduction Nous pensons d'abord la liberté comme possibilité qui nous est ou non offerte de faire ce que l'on veut. Ainsi, quand nous disons que la liberté d'expression n'existe pas dans un État, nous voulons dire par là que les citoyens du dit État ne peuvent dire ce qu'ils veulent : certaines thèses ou même certains thèmes sont proscrits et ceux qui passent outre ces prescriptions risque d'être inquiétés pour leur propos. Pourtant, définir la liberté comme une possibilité de faire ce que l'on veut ne suffit pas. Car si elle n'était que cela, il suffirait, au lieu d'interdire de faire certaines choses, d'agir directement sur ce que les hommes veulent ou non faire. La manipulation, la propagande, tiendrait alors lieu de répression. L'adolescent qui voudrait aller voir ses amis plus souvent va sentir qu'il n'est pas libre si ses parents le lui interdisent. Celui à qui les parents ne permettent pas de sortir mais qui ne veut de toute façon pas sortir ne sentira le poids de l'interdit, puisque de toute façon cet interdit ne l'empêche pas de faire ce qu'il veut. Mais il n'en est pas plus libre pour autant. En effet, la liberté est avant tout le pouvoir de choisir ce que l'on veut faire, autrement dit, elle suppose le libre arbitre. Or, si la liberté est le pouvoir de choisir ce que l'on veut faire, elle est intrinsèquement liée à la vérité. Celui qui choisir à partir des éléments qui sont en sa possession, alors que ces éléments sont faux, choisit ce qu'il ne veut pas choisir. Il semblerait donc que pour être libre, il faille d'abord connaître la vérité. Mais dans ce cas, qui peut jamais se prévaloir d'être libre ? En outre, la liberté devient alors une donnée extérieure et qui ne dépend pas uniquement de nous, car nul n'est à l'abri de l'erreur.

« toute rationalité et toute conscience libre de soi possibles. On peut donc dire que nul ne peut se prétendre libre sans prétendre connaître la vérité.

Celui qui se trompe sursa condition, celui qui vit dans l'illusion peut toujours être accusé de se croire libre du fait de son illusion.

Ilpeut en réalité tout simplement méconnaître ce qui le détermine et agir, non pas librement, mais déterminé parce qui se joue en lui à son propre insu.

Pour autant, cela veut-il dire que l'homme doit connaître la véritéabsolue, à la vérité sur tout et dans tous les domaines pour être libre ? si tel était le cas, il pourraiteffectivement prétendre faire toujours les choix en fonction, non pas de ses désirs ou de ses croyances, maisen fonction de la vérité.

Mais cette vérité demanderait à être définie et il nous faudrait des critères pour êtreassuré qu'elle est la vérité.

Qu'il faille connaître sa condition, et avoir le courage de vraiment utiliser sa raisonpour être libre signifie-t-il que celui qui dans chacun de ses choix ne connait pas la vérité sur la situation, surles conséquences de ses actes risque de choisir et d'agir de façon non libre ? mais la connaissance de la véritédans chaque situation de la vie correspond-elle véritablement au paradigme du choix humain ? De plus, celuiqui connait la vérité, choisit-il encore vraiment, ou ne fait-il qu'obéir à ce qui est déterminé par cette vérité,par ce que la réalité lui prescrit dans chacun de ses choix ? C. La liberté humaine suppose que le choix ne soit jamais une conséquence de ce qui est vrai. III. Le sentiment du regret illustre très bien ce sentiment d'impuissance, opposé au sentiment de liberté.

« Sij'avais su que… je n'aurai pas fait cela ».

Autrement dit, nous mettons souvent nos mauvais choix sur lecompte d'une méconnaissance de la réalité.

Si notre pensée avait été en adéquation avec la réalité, autrementdit si nous avions connu la vérité, nous n'aurions pas agit ainsi, mais tout autrement.

Lorsque nous éprouvonsnotre libre arbitre, c'est-à-dire lorsque nous sommes confrontés à un choix, nous nous demandons biensouvent ce qu'il faut que nous fassions, et nous entendons par là qu'une conscience absolue, omnisciente et qui choisirait en toute connaissance de cause n'aurait jamais de cas de conscience, n'éprouverait jamais lechoix comme une épreuve difficile, car ce qu'elle doit faire lui apparaitrait comme une évidence.

Mais on voitalors que ce que l'homme cherche, c'est de renoncer à sa liberté, qui lui apparait souvent comme un fardeau :il voudrait que ces choix découlent naturellement des paramètres de la situation. A. Sartre, dans l'Existentialisme est un humanisme présente justement l'existentialisme comme une théorie de la condition humaine et une définition de la liberté qui fait du cas de conscience non pas un cas limite de laliberté et du choix, mais le paradigme même de toute action humaine.

Il cite le cas d'un élève qui vient le voirparce qu'il se trouve devant un cas de conscience : son père et sa mère s'étaient disputés (son père inclinaità collaborer), son frère était mort à la guerre, sa mère n'avait donc plus que lui au monde.

Or, il hésitait entres'engager dans les Forces Françaises Libres – et abandonner du même coup sa mère – ou rester auprès d'ellemais négliger un engagement patriotique et politique qui lui tenait à cœur.

Deux valeurs sont donc en conflit :la famille et la patrie.

Et l'élève vient le voir parce qu'il ne sait pas quoi faire, il attend du professeur, de celuiqui détient la vérité qu'il lui indique la voie à suivre. B. Or, ce que Sartre montre, c'est qu'aucune vérité ne pourra lui prescrire quoi faire, tout simplement parce qu'iln'y a pas de bonne ou de mauvaise solution.

Si le cas de conscience se définit par le conflit entre deux valeurségalement bonnes, il va de soi que ce n'est pas en scrutant chacune des deux valeurs qu'on pourra trouver lasolution, mais en élisant véritablement de soi-même l'une ou l'autre.

Le choix est semblable à une créationartistique : il n'y a pas de prescription qui précède l'œuvre, c'est en choisissant l'une des deux solutions que jedirai laquelle est préférable, mais je ne peux découvrir d'abord laquelle est préférable pour ensuite pouvoir agir. C. Conclusion En conclusion, le voile de l'erreur et de l'illusion plane depuis toujours sur la liberté : nous avons l'impression d'êtrelibre, mais être libre, n'est-ce pas tout simplement ne pas connaître ce qui nous détermine ? Ne sommes nous pastous comme les prisonniers de la caverne que décrit Platon, persuadés de choisir de notre propre chef de resterdans la caverne, alors qu'en réalité nous n'avons pas le choix d'y rester ou d'en sortir ? Et même si nous sommeslibres de choisir, notre choix peut-il être vraiment raisonné et par la même vraiment libre, alors que nous n'avons pasen main toutes les données.

Seule une conscience qui saurait tout sur tout et aurait accès à la vérité absoluepourrait alors être libre.

Mais on voit que dans ce désir de vérité absolue s'affirme en réalité autre chose : notrevolonté d'échapper à notre libre.

Nous voudrions connaître suffisamment les enjeux de la situation pour en déduirequel est le bon choix et quel est le mauvais choix.

Mais c'est là se tromper sur la nature de la liberté, car la libertéhumaine suppose que l'existant doive toujours faire des choix dont la réponse n'est écrite nulle part.

Les choix sontà inventer, et la solution est bonne parce qu'elle est élus comme tel par l'esprit, et non parce qu'elle serait écritedans le grand cahier des vérités éternelles.. »

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