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L'homme libre doit-il refuser toute censure ?

Publié le 27/02/2004

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censure
Le respect d'autrui est une condition de la liberté d'expression Le refus systématique de la censure ne doit pas devenir une autre forme d'intolérance. Car si j'ai le droit de tout dire, j'ai aussi le devoir de ne pas censurer la parole de l'autre. Ainsi, la liberté d'autrui m'impose des règles. Il est légitime de ne pas permettre sans précautions l'expression d'idées ou la diffusion d'images pouvant heurter la sensibilité de certains ou les convictions morales d'autres. Peut-on justifier la censure? Dès lors, il serait tentant d'envisager une certaine limitation de la liberté d'expression. Le philosophe Kart Popper, qui fut pourtant l'adversaire résolu de tous les totalitarismes, s'interrogeait lui-même dans l'un de ses derniers textes, La Télévision est-elle un danger pour la démocratie?, sur la pertinence d'un rétablissement de la censure. Mais cette éventualité pose un problème que Kant a bien mis en évidence dans Qu'est-ce que les Lumières?: l'usage de la censure revient en quelque sorte à diviser la population en deux catégories avec l'une qui se trouve placée sous tutelle parce qu'on la juge inapte à faire de sa raison un bon usage, et l'autre qui s'instaure en tutrice de la première, décidant de ce qu'elle doit lire, entendre ou croire.
censure

« règles.

Il est légitime de ne pas permettre sans précautions l'expression d'idées ou la diffusion d'imagespouvant heurter la sensibilité de certains ou les convictions morales d'autres. Peut-on justifier la censure?Dès lors, il serait tentant d'envisager une certaine limitation de la liberté d'expression.

Le philosophe KartPopper, qui fut pourtant l'adversaire résolu de tous les totalitarismes, s'interrogeait lui-même dans l'un de sesderniers textes, La Télévision est-elle un danger pour la démocratie?, sur la pertinence d'un rétablissement dela censure.Mais cette éventualité pose un problème que Kant a bien mis en évidence dans Qu'est-ce que les Lumières?:l'usage de la censure revient en quelque sorte à diviser la population en deux catégories avec l'une qui setrouve placée sous tutelle parce qu'on la juge inapte à faire de sa raison un bon usage, et l'autre quis'instaure en tutrice de la première, décidant de ce qu'elle doit lire, entendre ou croire.

Semblable division estentièrement contraire à la devise des Lumières « Aie le courage de te servir de ton propre entendement »; ellevise tout au contraire à maintenir les hommes dans un état de perpétuelle minorité très profitable à ceux quise sont arrogé la qualité de tuteurs: « Après avoir rendu bien sot leur bétail et avoir soigneusement pris gardeque ces paisibles créatures n'aient pas la permission d'oser faire le moindre pas hors du parc où ils les ontenfermées, ils leur montrent les dangers qui les menacent si elles essayent de s'aventurer seules au-dehors.

»« Or, poursuit Kant, ce danger n'est vraiment pas si grand, car elles apprendraient bien enfin, après quelqueschutes, à marcher.

» En effet, le danger est-il si grand? N'est-ce pas traiter indignement la population que dela juger incapable de s'éclairer par elle-même? S'il convient de protéger les enfants qui n'ont pas encorel'usage entier de leur raison, doit-on faire de même avec un public adulte? Certes, il existe des thèsesextrémistes, des opinions outrancières et des propos choquants, mais ne peut-on faire confiance à la raisonhumaine pour se détourner d'elle-même de ces points de vue? L'existence de la censure paraît peu conciliable avec la vocation de chaque homme à penser par lui-même.

Demême qu'un enfant ne parviendra jamais à marcher si on exagère les risques qu'il prend en s'aventurant seul,un public ne parviendra jamais à s'éclairer si on le tient en permanence dans l'ignorance de tous les points devue.Est-il inconcevable de faire confiance aux hommes pour assurer par eux-mêmes la limitation de la libertéd'expression? Car quelles sont les thèses intolérables et dangereuses sinon celles qui sont exclusivement issuesdes passions? Est-ce en les réduisant au silence qu'on peut espérer les combattre? Ne prend-on pas, cefaisant, tout au contraire le risque de les renforcer? En incitant, à l'inverse, toutes les thèses à s'exprimerpubliquement, on peut penser que chacun sera à même de juger de leur validité.Kant utilise le terme de publicité dans son sens ancien pour désigner l'obligation qui doit s'imposer à tous ceuxqui prétendent soutenir des points de vue de les rendre communicables au plus grand nombre: « Toute actionqui a trait au droit des autres hommes dont la maxime ne s'accommode pas avec la publicité est injuste »,écrit-il dans Le Projet de paix perpétuelle.Cette entière visibilité des points de vue que Kant revendique, en rejoignant sur ce point la thèse de Spinoza,est contradictoire avec l'idée de censure.

Elle plaide tout au contraire pour une absence de limitation dansl'exercice de la liberté d'expression.

Car c'est cette pleine visibilité des divers points de vue qui permettra à laraison humaine de juger de leur valeur.. »

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