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L'intuition peut-elle, par ses seules forces, assurer le progrès de l'esprit et l'extension de nos connaissances ?

Publié le 26/03/2004

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esprit
Elle est encore l'éclair qui fait briller à la pensée du savant la solution cherchée. Dans tous ces sens, dont on aperçoit facilement l'orientation commune, nous retiendrons deux aspects. Le premier portera sur la vue synthétique des choses, par opposition à la discursivité qui traite un élément après l'autre; le second retiendra davantage le caractère concret de la connaissance intuitive, et il s'opposera à l'abstrait de la connaissance conceptuelle. *** La première considération se réfère à une question de fait; nous la traiterons brièvement. « Comment se réalise le progrès scientifique ? Grâce à quel usage de la pensée ? » Certes, l'intuition y joue un grand rôle. Nous la rencontrons à l'origine de toute invention. Les témoignages d'Henri POINCARÉ sont célèbres. Il parle de « flair », de « sentiments de convenances », en présence de certaines ébauches de solution.
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« ***Que nous propose une philosophie de l'intuition ? Une connaissance immédiate, une présence des choses, et nonplus leur substitut au moyen de signes et d'intermédiaires.

L'intuition nous met en contact avec le réel, te que nefait pas le concept.

De plus, elle nous fera connaître les objets du dedans, nous invitant à communier à leurexistence.Certes, ce sont là de belles promesses; mais le chemin indiqué est-il sûr ? Et, tout d'abord, l'intuition ainsi décriterépond-elle à l'attente de notre raison ? Nous ne voulons pas nier l'élévation de l'intuition, ni la supériorité sur lemode discursif de la connaissance rationnelle.

Nous pourrions montrer, au contraire, qu'elle répond aux acteshumains les plus enviables, tel que la « communication » que l'amour effectue entre deux êtres, ou «l'expériencemystique» qui unit l'âme à Dieu.

Mais, justement, ces états privilégiés dépassent le stade de la connaissance : saintJEAN DE LA CROIX parle de « vision obscure », et Gabriel MARCEL nie que l'amour s'abaisse à «objectiver», c'est-à-dire à réduire les personnes à des objets comme tels connaissables.

Car toute connaissance se doit de répondre auxexigences et à la structure de notre raison.Qu'est-ce que comprendre ? C'est assigner aux choses des rapports, trouver comment elles se rattachent les unesaux autres et comment chacune est « comprise » dans la totalité.

La partie n'est intelligible que dans sa référenceau tout, donc dans la saisie des intermédiaires : tel est le fondement de la discursivité de notre raison.

Il est doncfallacieux de prétendre comprendre un être quand on a seulement pénétré en lui.

Il faut un second mouvement, unesortie, qui permette de référer cet être à autre chose.

Supposons qu'un génie saisisse intuitivement la nature et lesforces qui constituent cette sphère qu'est notre Terre.

Sa connaissance ne sera pas encore « vraie » s'il omet desituer la planète dans le monde stellaire.Or, pour avoir l'intuition des relations infinies que les êtres sous-tendent entre eux, il faudrait avoir un entendementdivin, sinon être soi-même Dieu.

Notre tâche consiste donc à étendre, en tels ou tels sens, nos recherches, àprogresser dans la connaissance.Rien ne sert de pénétrer dans les choses si l'on n'est pas capable de prendre du recul pour les référer à l'ensembledes êtres.

Cette opération consiste à inventorier les éléments qui sont dans tel être, éléments que nousreconnaissons exister ailleurs : poids, forme, étendue, intelligence, etc.

Autrement dit, pour comprendre, il fautcoûte que coûte appliquer ce que les philosophes depuis ARISTOTE ont appelé des catégories.

Serions-nous réconciliés avec le concept ? Un être n'est pas seulement singulier, il y a enlui de l'universel.

Tout l'effort de la philosophie consiste à voir comment cesdeux aspects s'unissent dans l'être concret. ***Le progrès de l'esprit et de ses conquêtes' vient de l'usage que l'homme faitde sa raison.

Certes, l'intuition est la marque la plus sublime de notre pouvoir,mais elle serait vaine si la discursivité ne venait à son aide en choisissant etcombinant les éléments qu'elle distingue dans le réel.

Point de philosophie, nide science, sans une structure rationnelle et logique ! L'empirisme n'a jamaissatisfait l'esprit...

Et c'est sur sa tombe que le progrès a pris son essor.. »

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