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Notre liberté de penser a-t-elle des limites ?

Publié le 02/02/2005

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Notre liberté de penser serait ainsi coextensible avec l'infini.           ● C'est ce que pense Descartes dans Les méditations métaphysiques. Selon lui, tout ce qui nous caractérise nous a été donné par Dieu, « je tiens de Dieu tout ce que je possède » Méditation IV. Mais ces qualités qui sont infinies chez lui ne le sont pas chez nous, qui sommes des êtres à la nature faible et limitée. La volonté seule fait exception, elle est puissance d'élire, et puissance de poursuivre et d'exécuter ce qu'on a choisi. à Elire, c'est donner son assentiment à la représentation de cette chose comme étant la meilleur qu'on puisse choisir. La volonté est donc à la fois une faculté d'élire et de juger, autrement dit, elle est très fortement liée à notre pensée. ● Cette volonté et cette capacité de penser nous paraissent si grandes qu'elles nous semblent infinies ; c'est parce que c'est Dieu qui les a mise en nous, nous portons ainsi l'image et la ressemblance de Dieu - ressemblance qui nous permettra d'envisager par la suite l'existence de Dieu. La liberté de penser véritable consiste en pouvoir exercer le pouvoir de notre pensée sans qu'une contrainte extérieure nous pose une limite. C'est bien le cas chez l'homme, puisque cette pensée lui vient de Dieu, et que Dieu étant infini, il a mis en l'homme cette infinité.

« II/ La liberté de penser que ce que nous connaissons : Il nous semble pourtant parfois nous heurter à des limites, et nous ne pouvons pas réellement penser certaines choses, c'est le cas par exemple de Dieu ou de toute autre objet métaphysique ou que nous neconnaissons pas.

Notre pensée ne semble pouvoir s'appliquer efficacement qu'à une certaine catégorie de choses.

● En effet, il paraît difficile de croire que nous puissions penser quelque chose qui n'existe absolument pas,que nous ne puissions pas concevoir.

Les licornes, centaures ou autres bêtes fabuleuses ne sont que des créationsnées d'assemblages de choses existant déjà.

C'est ce que montre Kant dans La critique de la raison pure.

Selon lui,toute connaissance, et toute pensée n'est possible que si nous disposons à la fois d'une forme de la connaissance,et de la matière de la connaissance.

Autrement dit, nous avons besoin d'un objet sensible, et d'une catégorie del'entendement qui permette de penser cet objet pour pouvoir penser intégralement l'objet.

● Ainsi, nous pouvons envisager l'existence de Dieu, mais nous ne pouvons pas penser Dieu lui-même,parce que si nous avons les catégories de l'entendement pour penser, nous n'avons pas de matière ‘'Dieu'’.

Dans cesens, notre liberté de penser a des limites ; c'est parce que nous donnons au terme de « penser » un sens plusprécis que dans la première partie, à savoir celui de la connaissance par concepts, qui diffère du simple faitd'envisager l'existence de quelque chose.

Notre liberté de penser a donc pour Kant des limites, il faut que nousayons non seulement la forme de la connaissance, mais aussi une matière.

III/ La menace insidieuse : Si nous pouvons tout envisager selon Descartes, et penser tout ce dont nous disposons la matière,pensons nous pour autant tout ce que nous avons la capacité de penser ? Autrement dit, sommes nous limitésuniquement par notre incapacité, ou existe-t-il quelque chose qui menace notre liberté de penser ? Nous entendonsen effet de plus en plus parler dans notre monde moderne de la « pensée unique », de la suggestion – les publicités– et du formatage social. ● C'est ce que dénonce Marx lorsqu'il critique la conception de l'Etat comme idéologie – ensemble cohérent de représentations destinées à justifier à un moment donné de l'histoire les intérêts de la classe sociale dominante économiquement.

Il s'agit justement de représentation, ce qui signifie qu'elles ont été forgées de toute pièce, etqu'elles ne sont pas le résultat du jugement de chacun.

La liberté de penser est ainsi menacée, l'Etat, ou une partiede la société – les riches ou ceux au pouvoir - manipulent l'autre partie – les pauvres ou ceux soumis au pouvoir - pour lui présenter son intérêt comme l'intérêt universel. « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait, élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, lepouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organiséaux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe.Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, lecaractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus enplus ouverte» [La Guerre civile en France, p.

60-61].

La conception marxistede l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste estl'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris parla violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin1848.

Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotismeabsolu d'une classe sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« Il est bien plutôtun produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il estl'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante àconjurer.

Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêtséconomiques opposés, ne se consument pas — elles et la société — en unelutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites del'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elleet lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, dela propriété privée et de l'État, p.

156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes raisons,l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination d'une classesur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] — l'ordre social.

D'oùl'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avec quelques difficultés sur lesmoyens d'y parvenir. ● De plus les dominants présentent leur domination comme naturelle, anhistorique ; on ne peut donc pas la critiquer.

Il s'agit de donner une vision générale du monde, alors qu'en fait il ne s'agit que d'une vision particulière dumonde d'une classe particulière propre à ses intérêts historiques.

L'idéologie est donc la domination spirituelle de laclasse dominante économiquement pour asseoir sa domination matérielle.

La classe matériellement puissante est. »

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