Le bonheur peut-il être ici et maintenant ?

« Le Chercheur d'or est l'histoire d'un voyage à la poursuite du trésor du Privateer, que le narrateur espère trouver dans l'île de Rodrigues.

L'action est relancée avec la découverte de cachettes vides. — Oncle Vania prend pour sujet dramatique la difficulté de chercher le bonheur ; les événements (le coup de feu, le vol d'une « petite boîte demorphine », p.

89) traduisent le lien fort de l'action et de la représentationthéâtrale. b.

La recherche, faute de mieux ? Pour autant, cette recherche risque toujours de contredire son objet.

C'est bien à défaut d'être heureux ici etmaintenant que nous cherchons le bonheur. — Les personnages d'Oncle Vania sont tous pris dans la souffrance (vieillesse, maladie, ennui, déception amoureuse...).

Le rideau se ferme surdes personnages qui pleurent : « Ma petite fille, comme j'ai le coeur lourd !» s'exclame Vania (p.

98). Le discours de Sénèque dans La Vie heureuse témoigne, par sa violence même, du malheur de Sénèque, malheur qu'il confesse d'ailleurs lorsqu'il affirme : « je nesuis pas un sage véritable, [...] je ne le serai jamais » (p.

55). Conclusion/transition : C'est donc qu'il faut sortir du modèle de la recherche pour pouvoir être heureux.

Encore le bonheur ainsi obtenuchange-t-il de sens. 3.

LE BONHEUR ICI ET MAINTENANT...

AU PRIX DE LA RECHERCHE a.

Renoncer à chercher.

C'est dans le fait même qu'on ne cherche plus que peut s'éprouver le véritable bonheur. L'ataraxie marine d'Alexis : » peut-être qu'ainsi j'apprendrai à ne plus poser dequestions.

Est-ce qu'on interroge la mer ? Est-ce qu'on demande des comptes àl'horizon ? » (Le Chercheur d'or, p.

161). b.

La liberté comme révélation du bonheur.

De ce renoncement naît une grande liberté, qui se voit identifiée au bonheur par les oeuvres auprogramme. Alexis se déprend des objets qui symbolisent sa quête, et cesse de chercher,pour seulement éprouver le monde : c'est la leçon qu'il apprend finalement ducorsaire (Le Chercheur d'or, p.

373). C'est aussi ce que conseille Sénèque dans La Brièveté de la vie, lorsqu'il affirme qu'il faut se réapproprier son temps : « la vie est longue si on sait en user » (p.90). c.

Un autre bonheur.

À cette solution radicale qui offre un bonheur total et évident s'oppose une autre solution, définie par le bonheur par défautqu'elle propose : c'est la solution qui consiste à renoncer à un concept debonheur jugé inadéquat avec l'existence humaine. Dans Oncle Vania, c'est celui, sans certitude ni évidence, qui apparaît comme possible dans l'effort, dans l'oeuvre : il pourrait avoir le projet d'Astrov commemodèle, lui qui aime « la vie, en général », mais veut changer la vie «provinciale, russe, petite-bourgeoise » (p.

47). Dans La Vie heureuse, c'est celui — imparfait, provisoire, dubitable — qu'accompagne la morale par défaut du philosophe qui n'est pas un sage, maisqui pourtant peut honorer la vertu (des autres) [p.

55].. »