La démarche scientifique et la production des connaissances

« cation directe avec l'objet, l'investissement clandestin de toute une subjectivité contraire aux exigences de la science.

Le donné «immédiat» est par excellence le lieu de l'irrationnel, même si son caractère familier devient pour nous synonyme de «neutra­ lité».

• La vérité, qui est une, et ne se confond en aucun cas avec la certitude (l'expression «à chacun sa vérité» repose sur un contre­ sens).

doit donc être construite, élaborée par une démarche cri­ tique et rigoureuse.

• L'objet scientifique ne correspond à l'objet réel que dans la modalité d'un rapport d'élucidation critique.

Il ne peut être pro­ duit qu'au terme de tout un travail d'élaboration conceptuelle: la formation des concepts scientifiques est d'emblée reconstitution de l'objet réel, dont elle explicite la structure interne.

Comme le fait remarquer Bachelard, l'accès à la connaissance de la causa­ lité interne des phénomènes n'est possible que lorsque la théorie, ensemble de concepts, s'est pleinement systématisée en un tout cohérent.

• L'exigence de cohérence interne des théories s'accompagne d'une exigence d'adéquation aux processus réels.

C'est l'articula­ tion de ces deux exigences que l'on retrouve dans le rapport entre théorie et expérience, et les multiples procédures de vérifi­ cation des hypothèses explicatives qui caractérisent les sciences expérimentales.

• La naissance et l'essor successif des différentes sciences met­ tent en relief le rôle décisif des mathématiques, première science historiquement constituée, et instrument de constitution des autres sciences.

Après Descartes qui en soulignait le caractère exemplaire pour la discipline du raisonnement, l'ensemble de la logique moderne en a repris les données essentielles.

La réflexion sur logique et mathématique a donc une importance non seule­ ment au niveau des modèles de connaissance ou de démarche qu'elle dégage, mais aussi dans l'approche critique du fonction­ nement de la pensée.

C'est à ce niveau que toutes les questions concernant le rapport cognitif (fonctions psychologiques de con­ naissance; idée, jugement, concept) pourraient être reprises et analysées méthodiquement.

• L'entreprise scientifique s'est à ce point diversifiée qu'il semble difficile de répondre par l'affirmative au sujet proposé cette année dans l'Académie de Bordeaux(« Est-il permis de con­ tinuer de parler de science au singulier?»).

Chaque science tra­ vaille sur un objet de réflexion propre, avec des méthodes spé­ cifiques.

L'existence de «modèles» d'intelligibilité, de transferts méthodologiques d'une science à une autre, ne doit pas nous masquer la diversité irréductible des domaines de réflexion et des savoirs.

Ainsi, la connaissance du vivant, comme la constitution d'une science de l'homme, doivent être abordées à travers une prise en charge de la spécificité différentielle de leurs objets et de leurs méthodes.. »