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Faut-il dire que la société dénature l'homme où qu'elle l'humanise?

Publié le 08/02/2005

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De  plus, la société peut dénaturer l'homme en le pervertissant (le luxe, la  compétition, etc). Pourtant la possibilité d'instaurer une société, avec ses  structures, son ordre, ses codes, ne manifeste-t-elle pas la nature humaine,  au sens où l'homme est un être de culture qui n'est pas qu'un animal ? Ici,  vous pouvez penser aux analyses d'Aristote dans la politique lorsqu'il  définit l »homme comme animal politique. Dans ce cas, à quelle condition la  société peut-elle garantir la liberté et la culture humaines ? Dès lors, il  faudrait se demander si cette opposition qui vous est proposée en est une  vraiment. La société ne peut elle pas à la fois dénaturaliser l'homme et  l'humaniser ? Mais alors à quelles conditions les effets de la société  peuvent-ils être bénéfiques ? Le professeur propose un plan pour traiter ce sujet : thèse : l'homme s'éloigne de la nature par la société antithèse : l'homme s'humanise par la société synthèse : l'homme, par SA nature, se sépare de LA Nature par la  socialisation. C'est effectivement une bonne méthode pour traiter ce sujet qui pose le  problème du sens que l'on attribue au mot "nature" en ce qui concerne  l'homme. 1) la société fait de l'homme un être artificiel, de plus en plus détaché de  la nature.

« Rousseau: «...Je n'imagine pas comment [les hommes] auraient jamaisrenoncé à leur liberté primitive et quitté la vie naturelle, pour s'imposer sans nécessité l'esclavage, les travaux, les misères inséparables de l'état social.» Il est manifeste que l'homme n'est pas un être naturel, au sens où il n'est plus, comme les autres animaux, tributaire uniquement de ce que son corpsbiologique, son instinct et l'environnement lui imposent.

L'humanité est au contraire basée sur le langage, sur l'établissement de règles sociales, sur lamaîtrise de la nature par l'intelligence.

Selon Rousseau, cet éloignement de lanature est une aliénation : la dénaturation de l'homme, déduite à partir d'unenaturalité originelle supposée, entraîne avec elle guerre, conflit permanententre les aspirations de l'individu et les contraintes de la vie sociale.

PourRousseau, l'homme a perdu en sortant de la nature sa liberté. 2) la société est essentielle à l'homme, elle constitue sa nature. « Toute cité est un fait de nature, [...] et l'homme est par nature un vivantpolitique.

» Aristote, La Politique Pourtant, selon Aristote, la société n'est pas un accident, résultant de circonstances qui auraient forcé les hommes à quitter leur état de nature préalable, mais c'est la signification même de ce que c'est qu'être homme.

"on appelle homme le vivant à qui la vie sociale est essentielle", voilà ce que signifie "l'homme est par nature unanimal politique".

En effet, il semble bien que l'on ne soit homme au plein sens du terme qu'à partir du moment oùon appartient à une communauté de langage, qui organise l'économie, la violence, la sexualité, en vue de la surviedu groupe.

La nature de l'homme serait alors avant tout de participer à la vie politique, c'est à dire à la vie ensociété. C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve en substance la formule d'Aristote.

On traduit souvent mal en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec. En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position,Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition grecque, reprend la conception classique de la« cité » et se démarque des thèses de son maître Platon . Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».

Il affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartientnaturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ».

Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la citéproprement dite. La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine,« L'homme est animal politique au suprême degré ».

En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.

Composée du père, de la mère, des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère« économique » comme disent les Grecs.

« D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont pas purement quotidiens est le village. » Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont pas propres à l'humanité. Le cas de la « polis » est différent.

« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour permettre de bien vivre.

» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus le vivre mais le bien vivre.

Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, quidépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale. « Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et del'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité. » Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentiments moraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur, d'entretenir avec lesautres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital. Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réalité naturelle, et surtout, qu'elle est. »

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