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Hegel: L'intérieur et l'extérieur (La Raison dans l'Histoire)

Publié le 30/10/2009

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Hegel: L'intérieur et l'extérieur (La Raison dans l'Histoire)

« On distingue souvent entre les actions d'un homme et ce qu'il est intérieurement. Dans l'histoire cette distinction n'a aucune vérité : l'homme n'est que la série de ses actes. On imagine que l'intention peut être quelque chose d'excellent, même si les actes ne valent rien. Certes, il existe des cas particuliers où l'homme peut se déguiser, mais c'est là quelque chose de partiel. La vérité, c'est que l'extérieur ne diffère en rien de l'intérieur. Dans l'histoire en particulier ces distinctions subtiles, qui peuvent apparaître par moment, ne conservent aucune validité : les peuples sont ce que sont leurs actes. Les actes sont leur but. L'Esprit est essentiellement actif, il se fait ce qu'il est en soi, son acte, son œuvre; il devient ainsi son objet et se place devant soi comme une réalité existante. Il en est ainsi de l'Esprit d'un peuple : son action consiste à faire en soi un monde objectif, déployé dans l'espace. Sa religion, son culte, ses mœurs, sa constitution et ses lois politiques, l'ensemble des institutions, des événements et des actes : tout cela, c'est son œuvre, et c'est bien cela qu'est ce peuple. « HEGEL

Quelle est l'idée générale du texte? Hegel nous signale ici qu'il est impossible de distinguer abstraitement l'intérieur et l'extérieur, de les maintenir séparés comme deux formes vides et qu'il convient, au contraire, de les considérer comme un couple et comme une totalité concrète, tant en ce qui concerne l'homme en général, dans sa vérité et dans sa réalité, qu'en ce qui concerne l'histoire des peuples. L'unité de l'intérieur et de l'extérieur est un principe fondamental dans l'étude de l'homme et dans la méthodologie historique.  Le texte proposé à notre étude se divise nettement en quatre parties. Dans la première (On distingue... en rien de l'intérieur), Hegel s'oppose fortement au point de vue commun et souligne que tel est l'homme extérieurement, tel il est intérieurement. Dans la seconde (Dans l'histoire en particulier... but), Hegel applique à l'histoire son principe global concernant intérieur et extérieur. Dans la troisième (L'Esprit... existante), il dégage pleinement la réalité du concept d'Esprit. Dans la quatrième partie (Il en est... ce peuple), la notion d'Esprit d'un peuple permet de saisir ce peuple en acte et d'unifier l'intérieur et l'extérieur.

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« appréhender.Dans le troisième paragraphe, Hegel donne, en effet, à voir le concept d'Esprit : l'Esprit, c'est l'activité pensante engénéral, opposée à la matière, c'est le dynamisme de l'Idée parvenue à son être pour-soi.

Or, quel est le caractèrefondamental de l'Esprit, qui va permettre de comprendre l'unité de l'intérieur et de l'extérieur? L'Esprit, précisément,n'est pas quelque chose d'immobile, de stagnant.

Notons d'ailleurs qu'étymologiquement, esprit vient du latinspiritus, qui signifiait « souffle ».

Rien de plus juste : l'esprit, c'est un souffle, un vent, il tend à s'extérioriser, il est,dit Hegel, essentiellement actif, c'est-à-dire doué d'énergie, capable d'initiative, d'activité.

Ce qu'il est en soi(virtuellement), il lui donne une forme extérieure, un être, une existence.

Le propre de l'esprit c'est de tendre àl'œuvre, dans les différents sens du mot œuvre.

L'Esprit tend à l'activité, c'est-à-dire au travail, il tend à unensemble d'opérations, il tend à se transformer en résultats sensibles orientés vers une fin.

En bref, l'Esprit n'estjamais pure immobilité mais, bien au contraire, se présente comme un mouvement de transcendance vers quelquechose : il est un « pour-soi-en-soi », un chemin vers l'Être.

Ainsi, écrit Hegel, est-il en mesure de se placer devantsoi comme devant une réalité existante.

Effectivement, l'Esprit tend tout entier à se contempler comme objetextérieur.

On peut donner l'exemple du travail en général ou de l'activité artistique en particulier.

Dans ces deux cas,l'esprit se contemple et se saisit objectivé.

Ainsi se place-t-il devant lui-même.

Placer, c'est mettre quelque chose àune certaine place et en un certain lieu.

L'Esprit, précisément, se met lui-même en un lieu et se contempleobjectivé.Dans le quatrième et dernier paragraphe, Hegel dégage le concept d'Esprit d'un peuple, et peut ainsi réconcilier, enhistoire, intérieur et extérieur.

L'Esprit d'un peuple, c'est, en effet, le dynamisme spirituel, vivant et actif, quis'épanouit dans les actions d'un ensemble d'hommes vivant en société.

L'activité proprement spirituelle de tel ou telpeuple tend à se déployer extérieurement, dans un monde objectif, développé en extension.

Dès lors, le soufflespirituel de l'Idée se transcende dans les choses extérieures.

La religion, définie comme ensemble d'actes rituels liésà la distinction du sacré et du profane (définition moderne et non strictement hégélienne), le culte, c'est-à-direl'hommage religieux rendu à la divinité, les mœurs, c'est-à-dire les coutumes d'un peuple et les habitudes de vied'une société, les habitudes communes à un groupe humain, la constitution, c'est-à-dire les textes fondamentauxqui déterminent la forme de gouvernement d'un pays, les lois politiques, c'est-à-dire les règles obligatoires établiespar l'autorité souveraine d'une société, l'ensemble des institutions, c'est-à-dire la réunion des formes socialesétablies par la loi ou la coutume, les événements et les actes, toutes ces réalités trouvent leur origine dans Y Espritd'un peuple, dans l'activité proprement spirituelle des différents groupes sociaux.Dès lors, l'intériorité d'un peuple est identique à ses productions, puisque l'Esprit (intérieur) tend à s'extérioriser(dans ses œuvres).

Il n'existe aucune séparation entre le principe spirituel (subjectif) et l'œuvre (objective). Intérêt philosophique du texte Ce texte nous paraît présenter un triple intérêt philosophique et méthodologique : intérêt du point de vue de laconnaissance de l'homme en général ; intérêt du point de vue de la connaissance historique; intérêt en ce quiconcerne la conception de la liberté.

Examinons successivement ces différents thèmes. a) Intérêt du point de vue de la connaissance de l'homme en général. Combien est illusoire le point de vue de l'homme de la rue qui oppose, par exemple, à des productions sans valeur,une visée ou une intériorité prétendues excellentes! Il y a bel et bien, dans la totalité objective d'une vie, larévélation de la vérité d'une intériorité et d'une intention.

La valeur d'un existant est à la mesure de ce qu'il aextériorisé.

Pour donner un exemple, le peintre sans talent n'est guère en droit de se consoler en se référant à desidéaux grandioses et à des intentions qu'il n'a pas exprimées.Réciproquement, si tel individu réalise une œuvre excellente, il n'est nulle raison de se référer à la distinction facticede l'intérieur et de l'extérieur pour affirmer que l'œuvre n'est qu'un aspect extérieur contingent, produit par unmédiocre.Ainsi, du point de vue de la connaissance de l'homme, on peut affirmer que l'existant n'est que la série de ses actes.Hegel a le mérite, contre toute vue analytique, de nous proposer une vision totalisante, unité d'un principe subjectifet d'une forme objective.

Ce principe méthodologique essentiel a été repris à l'époque moderne par Jean-Paul Sartre,qui l'a développé avec éclat, dans L'existentialisme est un humanisme, en particulier. b) Intérêt du point de vue de la connaissance historique. Mais l'identité de l'intérieur et de l'extérieur est également un précieux instrument dans la recherche historique.

Cetexte de Hegel nous montre admirablement qu'un peuple extériorise son âme et son souffle spirituel dans unereligion, une culture, des mœurs, une civilisation, une histoire, une constitution et des lois politiques.

C'est l'Espritd'une nation qui nous est donné dans son extériorisation.

Ainsi Athènes nous a-t-elle livré une philosophie de lamesure et de la raison, la première vraie forme de la démocratie, un art classique, œuvres où s'exprime l'Esprit.

Dèslors, si l'on peut ainsi unifier un peuple et saisir en ses différentes manifestations objectives l'Esprit qui l'anime,l'historien dispose d'un précieux instrument totalisant dans son travail.

C'est le même souffle spirituel qui est àl'œuvre dans la politique, dans l'art et dans les institutions d'une nation.

Hegel, de ce point de vue, nous faitéchapper à l'éparpillement analytique pour parvenir à une connaissance historique authentique. c) Intérêt en ce qui concerne la conception de la liberté Enfin, ce n'est pas le moindre intérêt de ce texte que de nous donner à voir la liberté des hommes et des peuples, lapleine responsabilité des uns et des autres.

Si l'homme est la somme de ses œuvres, cela signifie que celles-ci. »

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