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Explication de texte La Raison dans l'Histoire, Friedrich Hegel

Publié le 14/11/2011

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En 1830, le philosophe allemand Friedrich Hegel rédige la Raison dans l’histoire, dont nous allons étudier un extrait. Dans ce texte traitant exclusivement du rôle de la Raison et de l’Esprit dans une histoire à première vue chaotique, nous pouvons nous demander quel lien l’auteur établit-il entre ces deux sujets. Selon lui, la réponse est simple : « sous le tumulte qui règne à la surface […] s’accomplit […] une œuvre silencieuse et secrète dans laquelle sera conservée toute la force des phénomènes «. Hegel débute son texte avec un premier argument à savoir que la « pensée universelle « est le principe spirituel de l'histoire de la philosophie et transcende un monde aux apparences contingentes. Ceci amorce la première partie de sa thèse selon laquelle l'histoire est un chaos rationnel puisqu'elle est le fruit de l'Esprit. Il justifie cela par le biais d’un exemple abstrait qui met en cause notre responsabilité dans les remous de l’histoire. L’auteur reprend ensuite le fil de son argumentation en précisant qu’en raison de ce chaos, il semble que l'œuvre d'intérêt général que nous essayons d'élaborer soit vouée à ne jamais voir le jour. Puis, dans un élan de lucidité, Hegel nous invite à suivre son contre-argument à savoir que malgré ce désastre historique, l’Esprit, tel un phénix, renaît de ses cendres, « plus fort et plus clair «. C’est pourquoi l’auteur nous pose ensuite une question implicite : quelle peut bien être la finalité de ces réalités individuelles, propres à chacun ? Tout de bon, « elles ne s’épuisent pas dans leurs buts particuliers « mais elles visent une « fin ultime «. Aussi, quelle est cette finalité mystérieuse ? Hegel éclaircit cette zone d’ombre en développant sa thèse : l’histoire possède une rationalité cachée qui nous échappe. Ainsi, l’intérêt philosophique de cet extrait de la Raison dans l’histoire est de nous faire voir la puissance structurante que nous conférons inconsciemment à la Raison. Dans le but d’approfondir notre explication, nous allons retracer les grandes idées de l’auteur grâce à une étude linéaire suivie d’une discussion du texte.

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« « Cependant… de la mort renaît une vie nouvelle », telle est la façon dont Hegel débute son troisième argument. L’Esprit, en tant qu’absolu, existe en lui-même, indépendamment de conditions concrètes.

Il anime notre existence, ilne souffre donc pas du chaos apparent de l’histoire, et, s’il en est, ce n’est que temporaire.

Tout de bon, succédantau spectacle affligeant de l’histoire, l’Esprit réapparaît plus jeune, c’est-à-dire plus vif, plus attentif, et, par lamême, « plus fort et plus clair ».

Une force nouvelle émane de cet Esprit « rajeuni », car comme le précise l’auteur,il ne s’agit pas seulement « d’un retour à sa forme antérieure », mais bien d’une « purification » et d’une« transformation » de lui-même.

Hegel entend par là que l’Esprit, après avoir résolu ses problèmes, fait naître denouvelles difficultés auxquelles il doit faire face.

Paradoxalement, ce sont ces dernières qui lui confèrent force etclarté, dans la mesure où il « multiplie la masse sur laquelle il travaille ».

En outre, l’Esprit « se répand […] dansl’histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même ».

Nonobstant, l’auteur reste lucide :l’activité de l’Esprit, face à ses nombreuses anicroches, s’intensifie.

C’est pour cette raison que l’Esprit se fatigue et« se consume » de façon perpétuelle.

Chaque « création », grâce à laquelle il avait pu s’épanouir et jouir pleinementde sa force, s’oppose nécessairement à lui et se présente comme une « nouvelle matière qui exige d’être œuvrée »,c’est-à-dire analysée, problématisée, traitée puis résolue.Hegel reconnaît les zones d’ombres de son précédent argument.

C’est pourquoi, indirectement, il pose une questionau lecteur : quelle peut bien être la finalité de ces réalités individuelles, particulières, sinon de s’épuiser à leurspropres buts ? L’auteur ne tarde pas à apporter une réponse : « tout doit contribuer à une œuvre » éternelle etsacrée.

En ce sens, l’Esprit, qui se sacrifie perpétuellement pour résoudre ses problèmes, doit trouver une « fin ultime » qui donnerait un sens à cet acharnement.

Quelle peut bien être alors cette « fin ultime » hégélienne ? C’est ce à quoi l’auteur va tenter de répondre dans une dernière partie : l’approfondissement de sa thèse selon laquellel’histoire, malgré son chaos apparent, possède une rationalité cachée.La conception hégélienne tend à considérer le chaos de l’histoire comme une simple « surface » contingente,quipourrait ne pas être.

Elle recèle quelque chose d’absolu, de secret, qui accumule la force des « phénomènes »,des « évènements » et des « incidents ».

Tout de bon, sous les remous de l’étendue historique est façonnée une« œuvre silencieuse », une « fin en soi et pour soi ultime », une finalité absolue dont l’être humain n’a pas conscience.

Selon Hegel, il s’agit de la « catégorie de la Raison elle-même » qui confère à la conscience foi en la« toute-puissance de la Raison sur le monde ».

En ce sens, derrière le chaos apparent de l’histoire se dévoile unefinalité rationnelle : elle confère à l’Esprit la faculté d’atteindre sa vérité et de prendre conscience de soi. Dans la Raison dans l’histoire , Hegel défend farouchement le concept d’une histoire philosophique intelligible.

Tout de bon, l’unité historique qu’il revendique dépend, comme nous avons pu le voir, de la « pensée universelle », del’Esprit.

Si nous restons dans un contexte philosophique, les idées hégéliennes sont cohérentes et calquentparfaitement le fondement de la philosophie elle-même : la recherche, l’amour de la vérité et de la sagesse.

Si parl’histoire, en apparence chaotique, l’Esprit parvient à sa vérité, à son absolu, alors la thèse de l’auteur estenvisageable.

S’il en est, alors la déraison et le déchaînement des passions de la scène humaine s’adonnerontdoucement au progrès.

Dans son texte, Hegel nous décrit de quelle façon l’Esprit se renforce et se clarifie aprèss’être nécessairement consumé.

Si l’Esprit se purifie et gagne en puissance, alors il apparaît évident que l’histoirepeut progresser du mal vers le mieux.

En ce sens, la Raison a bel et bien une puissance structurante.

Kant ad’ailleurs fait partie des auteurs majeurs, après les philosophes des Lumières, qui ont cru à une finalité orientantl’histoire.

Tout de bon, dans la Religion dans les limites de la simple Raison , il prétend que l’on « trouve une disposition [au progrès] dans la nature humaine ».

De plus, dans l’ Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolite , Kant affirme que « la nature […], dans le jeu de la liberté humaine, n’agit pas sans plan ni dessein final ».

De ce point de vue, une fin rationnelle éclaire véritablement le déroulement de l’histoire.

En outre, considérerl’Esprit et la Raison comme ses principes spirituels justifie bien l’unité et l’universalité de l’histoire, puisque pardéfinition, l’universel est ce qui est valable pour tous en toute heure et en tout lieu, une sorte d’égalité, d’unité faceà une quelconque entité.

Or, si la pensée universelle fonde l’histoire, alors l’histoire est une et intelligible.

Si l’on enreste là, la thèse d’Hegel est solide.

Est-il alors envisageable de penser une finalité à l’histoire, un sens, unedirection ? Si nous élargissions notre champ de pensée, les idées hégéliennes resteraient-elles toutes aussicohérentes ? Est-ce toujours nécessaire de considérer l’histoire dans son unité et son intelligibilité ?Certes l’histoire philosophique ne peut pas ne pas être une, intelligible et spirituelle, puisque par définition, laphilosophie est fondée sur l’Esprit et la Raison, qui lui permettent d’être, de raisonner, de penser.

Mais doit-on pourautant envisager l’histoire uniquement sous son voile philosophique ? Aussi, Hegel ne généralise-t-il pas saréflexion ? Tout de bon, l’auteur préconise de ne pas considérer les « cas particuliers », qui iraient à l’encontre duprincipe spirituel de l’histoire, puisque dans ce cas nous parlerions de plusieurs histoires subjectives.

Mais n’est-cepas ces dernières qui, mises bout à bout, constituent l’histoire ? Quittons la sphère philosophique dans laquelle Hegelnous a enfermés et déterminons si la thèse de l’auteur résiste lorsqu’elle est confrontée à un point de vue historiqueplus général.

Il faut nécessairement, comme l’a d’ailleurs précisé Hegel, considérer les peuples et leur culture, c’est-à-dire leur art, leur religion, leur science, leur technique et leur travail.

Nous ne pouvons ignorer leur métamorphosedans le temps, mais encore une fois il s’agit d’une évolution spirituelle et rationnelle.

Considérons maintenant lespeuples et, particulièrement, les individus qui les constituent.

Hegel serait contre : les « cas particuliers » sont,selon lui, secondaires.

Mais n’est-il pas fondamental d’étudier la politique, les classes sociales, les conflits, lesmouvements géographiques et géopolitiques, l’économie, l’industrie et le commerce pour embrasser l’histoire dans satotalité ? Marx, entre autre, rejette la philosophie de l’histoire d’Hegel qui prône le salut de l’homme par ladécouverte du sens de l’histoire et non par la transformation du monde réel.

D’ailleurs, dans le Manifeste du parti communiste , il affirme que « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classe ».

Ainsi, Karl Marx pense la lutte des classes comme source de toute historicité.

Pour lui, « l’histoire ne fait rien, […] ce sont. »

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