Devoir de Philosophie

Y a-t-il un progrès en philosophie ?

Publié le 07/01/2006

Extrait du document

philosophie
On trouve la phrase étudiée dans le contexte suivant : Socrate explique que l'un de ses amis était allé à Delphes demander à l'oracle s'il y avait un homme plus sage que Socrate, et la réponse fut non. Socrate se trouve alors confronté au sens des paroles du dieu, car, s'il ne se croit pas lui-même sage, il ne peut remettre en cause les paroles d'Apollon. Il décide alors de se livrer à une enquête auprès de tous les hommes sages ou prétendument tels de sa ville : les hommes d'Etat, puis les poètes, puis les artisans. Dans tous les cas, la conclusion de Socrate peut se résumer ainsi :             « Je suis plus sage que cet homme-là. Il se peut qu'aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon ; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu'il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc que je suis un peu plus sage que lui par le fait même que, ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir. »             Il faut prendre au sérieux cette définition d'une sagesse « toute humaine », et la relier à son art du dialogue et à sa conception de la philosophie. Socrate, interrogateur infatigable et grand « bousilleur » d'idées reçues, tente toujours de dénoncer les idées toutes faites, les clichés, bref l'illusion de savoir. Socrate, dialoguant avec ses concitoyens, ne cherche pas à leur délivrer une vérité préfabriquée qu'il ne possède d'ailleurs pas. Il cherche à mettre en évidence l'insuffisance de réponses traditionnelles, et à retrouver avec son interlocuteur, par un effort de pensée véritable, la signification réelle des notions communes.

Il s'agit ici de s'interroger sur la philosophie et de se demander si cette discipline est susceptible de suivre un progrès. Si c'est le cas, de quelle nature est ce progrès et comment s'exprime-t-il ? Qu'est-ce que le progrès ? C'est avant tout un mouvement, un déplacement. A ce titre, la philosophie progresse toujours puisqu'elle est d'une certaine façon le mouvement de la pensée qui tente de se saisir elle-même au travers de sa relation au monde. Mais si on entend " progrès " au sens technique ou scientifique du terme, l'idée ne tient plus pour la philosophie. Pourquoi ? Essentiellement parce que la science et la technique, lorsqu'elles progressent, rendent périmés, obsolètes les modèles ou les choses qu'elles dépassent. Nous n'utilisons plus aujourd'hui de boulier pour compter, de même que le vieux système géocentrique de Ptolémée apparaît comme dépassé. En philosophie c'est différent puisque nous continuons à lire Aristote ou Platon... La philosophie est, pour cette raison, inactuelle et intemporelle.

philosophie

« Une double interrogation semble nourrir le texte : comment concevoir le progrès ? qu'est-ce qui le rendpossible ? La thématique du texte • Idée générale : le progrès, saisi comme cumul et dépassement continuel de l'acquis, caractérise l'existencehumaine au niveau collectif (« humanité ») comme au niveau individuel. • Développement et thématisation de cette idée :a) la condition première de l'homme : perfectibilité ;b) l'instrument de cette perfectibilité : la transmission de l'acquis (l'éducation comme mémoire collective) ;c) la conservation de l'acquis comme condition du dépassement ;d) illustration du rapport conservation-dépassement : la transmission de l'acquis fait éclater les limites del'existence individuelle (« anciens philosophes » perpétués) ;e) énoncé du parallélisme individu-humanité et explication de sa signification : l'apprentissage individuelcomme réappropriation graduelle de l'acquis collectif ; réciproquement, le progrès collectif commeconséquence de l'éducation individuelle ;f) caractère exclusif et distinctif de cette dialectique du progrès (« prérogative particulière ») qui spécifie l'«homme » ;g) confirmation finale de l'analogie mentionnée.Problématique sous-jacente• Rôle déterminant de l'éducation et de l'apprentissage.

Peu de données innées (« ignorance au premier âgede la vie »).• Rejet de tout dogmatisme en matière de connaissance : à aucun moment, un homme ne peut prétendreparvenir à une théorie absolue, définitive et indépassable.• Possibilité d'une appréciation critique (relativisation) de ce que les anciens nous ont transmis.• Accomplissement progressif du savoir, impliquant une remise en question de tout principe d'autorité.Conception dynamique de l'histoire des sciences. Intérêt philosophique du texte Implications multiples • La reconnaissance d'un progrès n'implique-t-elle pas le rejet de tout principe d'autorité ? Ce rejet peut-ilvaloir ailleurs que dans la pensée scientifique ?• Peut-on appliquer l'évolutionnisme du texte à d'autres domaines (traditions morales ou politiques, droit,valeurs sociales, etc.) ?• Rapport entre l'inné et l'acquis : caractère foncièrement éducable de l'homme. Quelques éléments de réflexion utiles • Le contexte du passage proposé : Pascal, dans sa préface au Traité sur le vide, s'efforce de démontrer qu'ilest possible de contredire les « Anciens » (c'est-à-dire, en fait, les autorités admises) sur un point qui relèvede la raison et de l'expérience : le problème de l'existence du vide.

Alors que l'opinion commune, ainsi que lesprincipales « autorités intellectuelles » de l'époque, s'en tenaient au fameux dogme aristotélicien selon lequel «la nature a horreur du vide », Pascal devait établir, à l'aide d'un calcul rigoureux et d'expériences célèbres(puy de Dôme), l'existence incontestable du vide.

Ce n'est pas faire injure aux Anciens que de remettre enquestion leurs croyances, là où le libre examen et l'expérience raisonnée peuvent avoir libre cours, c'est-à-dire essentiellement, pour Pascal, dans le seul domaine des sciences physiques (dans le même texte, Pascalréaffirme la validité du principe d'autorité concernant l'histoire, la théologie, et la jurisprudence.

C'est àSpinoza qu'il reviendra d'étendre le principe de raison et de libre examen, c'est-à-dire d'élucidation critique, àtous ces domaines : cf sur ce point Traité théologico-politique, chapitre VII, Éd.

Garnier-Flammarion).• Nécessité de faire varier le point de vue sur l'histoire humaine, notamment en envisageant des domaines deréflexion différents afin d'y « tester » l'existence ou l'absence de progrès, tout en précisant ce que peutrecouvrir ce « progrès ».

Exemples : développement des sciences et des techniques, évolution desreprésentations collectives, succession des modes de production, évolution de l'homme lui-même, saisi danssa réalité complexe.

Dans tous les cas, on s'attachera à dissocier clairement ce que peut être la réalitéeffective d'un progrès et les mythologies que recouvre la notion elle-même (cf plus loin le texte de Cournot),voire là fonction idéologique qu'elle 'emplit (apologie du présent, illusion rétrospective). Quatre références philosophiques pour travailler la question • Domaine des sciences et des techniques :Pascal : préface du Traité sur le vide (cf.

plus haut).D'Alembert : Discours préliminaire de I«< Encyclopédie », avec le texte du Prospectus rédigé par Diderot.Affirmation de l'idée de progrès et mise en évidence des résistances que l'essor des sciences et destechniques a pu rencontrer ; références louangeuses à Bacon, précurseur de la méthode expérimenta-le etauteur de la première utopie technique (La Nouvelle Atlantide, 1627).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles