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En quel sens peut-t-on dire d'après Flaubert que la bêtise consiste a vouloir conclure ?

Publié le 27/02/2008

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flaubert
Le sujet porte sur la construction d'une oeuvre littéraire. Flaubert, dans une lettre du 4 septembre 1850 à Louis Bouilhet, affirme que « la bêtise consiste à vouloir conclure » : cette phrase fort énigmatique peut être interprétée de diverses façons. Il s'agit ici non seulement d'analyser le verbe « conclure », mais d'étudier aussi l'expression « vouloir conclure ». Le verbe « conclure » met en jeu le dénouement, la fin d'une oeuvre littéraire. Conclure signifie non seulement terminer, arrêter définitivement, mais aussi tirer une conclusion, c'est-à-dire décider, résoudre un problème. L'expression « vouloir conclure » se rapporte à la volonté au désir de l'écrivain de trouver une fin qui ferme son oeuvre.   Problématique : Pourquoi l'écrivain doit-il se garder de mettre un terme définitif, d'arrêter son oeuvre dans un dénouement fermé ?
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« un esprit de système stérile et dangereux. · La liberté totale laissée au lecteur par Diderot dans Jacques le fataliste : en refusant de conclure le récit des amours de Jacques, Diderot rompt définitivement avec la conceptionclassique du roman qui veut que le mot " fin" coïncide avec la fin des aventures du personnageprincipal.

Le roman reste inachevé et le lecteur est renvoyé à lui-même : à sa charge de conclurecomme il lui plaira : « Et moi, je m'arrête [...] Je vois, lecteur, que cela vous fâche ; eh bien,reprenez son récit où il l'a laissé, et continuez-le à votre fantaisie.

» III) « vouloir conclure » : mettre en danger la postérité de l'œuvre littéraire 1) Mettre en danger son intemporalité « Vouloir conclure », vouloir fermer son œuvre à une signification, à une interprétation, c'est mettre en danger son caractère intemporel et sa postérité.

C'est prendre le risque de produire une œuvre trop datée, tropmarquée qui sera dénuée d'intérêt une fois passée l'époque dans laquelle elle a été écrite.

Ainsi certaines œuvresont-elles mal vieilli et n'ont-elle pas accéder à une reconnaissance intemporelle du fait de leur tendance tropexpressive à « vouloir conclure ». Ex : des écrivains souvent perçus comme démodés, tels Charles Péguy (proposant une littérature pro- chrétienne et intransigeante à laquelle le lecteur adhère ou n'adhère pas du tout) ou Léon Blois (dont la violencepolémique de l'œuvre, fermant toute perspective de discussion explique en grande partie son insuccès) 2) Empêcher toute réécriture « Vouloir conclure » c'est aussi empêcher toute reprise de son œuvre par la postérité.

C'est s'opposer à toute transposition, à toute réécriture.

Or, la réécriture d'une œuvre, sa reprise hypertextuelle semble être ce quimanifeste véritablement son entrée au panthéon des œuvres littéraires.

C'est un indice de son importance et de sonsuccès intemporel.

Les œuvres qui donnent lieu à des réécritures sont donc celles dont l'auteur s'est bien gardé deconclure et de « vouloir conclure », laissant des possibilités de continuation ou de reprise totale. Ex : L'Odyssée d'Homère reprise et transposée notamment par Joyce dans Ulysse .

( cf.

cette remarque de Flaubert « Quel est l'esprit un peu fort qui ait conclu, à commencer par Homère ? » Conclusion « La bêtise consiste à vouloir conclure » : cette affirmation flaubertienne offre de nombreuses possibilités d'interprétation et se garde donc bien elle-même de « vouloir conclure », de vouloir fermer le sujet.

La conclusionn'est pas un signe d'intelligence littéraire puisque le dénouement ne constitue en rien l'acmé, l'intérêt majeur d'uneœuvre, le lecteur étant plus friand des rebondissements qu'offrent les péripéties.

« Vouloir conclure » à tout prixn'est donc pas une bonne stratégie littéraire ; mais « vouloir conclure » est aussi une tendance dangereuseentravant la liberté d'imagination de l'auteur et la liberté d'interprétation du lecteur en proposant une littérature quise veut souvent le reflet d'un esprit de système.

Par ailleurs la conclusion et la fermeture qu'elle implique s'avèrel'ennemie de l'accès à la postérité.. »

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