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Aristote: Le bonheur comme le souverain Bien

Publié le 04/01/2004

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aristote

« lui-même, et dont tous les autres ne sont que les moyens : “Nous le choisissons toujours pour lui-même et jamais comme moyen de quelque chose d'autre, tandis que la gloire, le plaisir, la pensée, et toute vertu, sont certeschoisis pour eux-mêmes…, mais nous les choisissons aussi pour le bonheur, car nous jugeons que par eux nousserons heureux - tandis que personne ne choisit le bonheur pour atteindre ces biens, ni quelque autre bien que cesoit” (Aristote, Ethique à Nicomaque , I, 5, 1097 b 1-6). - Il faut, dit Aristote, du temps pour réussir sa vie, pour actualiser son humanité : “Une hirondelle ne fait pas leprintemps, ni non plus un seul jour, et pas davantage le bonheur ne s'atteint en une seule journée, ni un bref lapsde temps”.

Les plaisirs qui n'ont qu'un temps, comme ceux procurés par les honneurs, ne font pas la félicité d'unevie.

Certes, Aristote sait bien que le bonheur dépend pour une part d'un concours avantageux des circonstances (cf.

Origine étymologique du terme bonheur) : un misérable bossu, abandonné de tous et sans enfants, ne saurait être heureux.

Cependant, il s'agit moins de compter passivement sur les circonstances que desavoir saisir l'occasion, c'est-à-dire être capable de se soustraire à l'instabilité du hasard .

Quelle activité serait alors susceptible de nous affranchir des caprices de la fortune ? - Cette activité doit être la fin de l'homme, c'est-à-dire son but, sa finalité, la réalisation de sa nature,l'accomplissement de son essence.

Etre heureux, ce serait vivre conformément à sa nature ou dans le développement progressif de son être .

Or, quelle est la nature de l'homme ? Qu'est-ce qui lui est propre ? - C'est de penser , répond Aristote.

La nature humaine est pensante.

Par penser, Aristote n'entend pas seulement avoir des représentations ou des projets dans son esprit, ce dont les animaux sont d'une certaine façon capables.

Ils'agit de la conscience de soi-m ême (ce qui est propre à l'homme), de la réflexion, du raisonnement logique, de la théorisation, c'est-à-dire la tentative de se représenter et de comprendre le monde .

Si l'homme est un animal biologiquement assez semblable à bien d'autres, il est un animal raisonnable.

Cela veut dire que si la penséerationnelle le distingue de tous les autres êtres vivants, l'homme n'est cependant pas spontanément,immédiatement; par nature, rationnel.

Il est seulement capable de le devenir.

Il n'est raisonnable qu'en puissance, etnon en acte.

La nature de l'homme est donc d'être un animal potentiellement raisonnable, susceptible de le devenir,à condition qu'il se cultive, qu'il fasse des efforts pour exercer et développer sa pensée.

L'homme est ainsi l'être quin'est pas de naissance ce qu'il doit être, mais qui a à le devenir.

L'homme doit réaliser sa nature, devenir en acte ce qu'il est d‘abord en puissance . - Si la pensée est l'activité essentielle et la nature de l'homme, lorsque je m'y adonne, j'ai bien le sentiment de medévelopper conformément à ma nature et de mener une vie digne d'un être humain.

Un certain plaisir vientaccompagner l'activité de connaissance, surtout lorsqu'elle parvient à son but (par exemple, lorsque je trouve lasolution d'un problème).

La connaissance vient combler un désir fondamental de l'homme (“Tous les hommes désirentnaturellement savoir”, écrit Aristote dans la Métaphysique ).

La connaissance est source de vraie plaisir .

Le bonheur provient d'une satisfaction plus profonde, qui n'exclut pas la peine de certains efforts, la souffrance dessoucis et des luttes : le bonheur réside dans le sentiment que j'avance dans le bon sens, que j'oeuvre pour le bien,que je développe mon être conformément à mon essence.

Aristote précise que le plaisir vient parfois s'ajouter àcela, lorsque mon activité remporte quelque succès, mais il n'est qu'un accompagnement, il n'est ni le but del'action, ni le composant essentiel du bonheur. - Quelle vie doit choisir un homme libre ? Les grecs distinguaient traditionnellement trois réponses possibles : soit une vie de jouissance , soit une vie politique , soit une vie d'étude .

Aristote stigmatise les deux premiers genres de vie.

Une pure vie de jouissance convient plutôt à des bêtes qu'à des hommes.

La vie politique place le bonheurdans les honneurs.

Les plaisirs qui n'ont qu'un temps, comme ceux procurés par les honneurs, ne font pas la félicitéd'une vie; les honneurs sont choses versatiles, qui dépendent des autres plus que de nous.

C'est la contemplation qui nous affranchit des caprices de la fortune. - Le bonheur philosophique se trouve dans la “vie selon l'esprit” qui se trouve dans l'excellence et la vertu la plusélevée de l'homme, correspondant à la partie la plus haute de l'homme, l'esprit, et soustraite aux inconvénients quecomporte la vie active.

Elle n'est pas soumise aux intermittences de l'action, elle ne produit pas de lassitude; elleapporte des plaisirs merveilleux, qui ne sont pas mélangés de douleur ou d'impureté et qui sont stables et solides.Cette vie selon l'esprit assure l'indépendance à l'égard d'autrui : celui qui se consacre à l'activité de l'esprit nedépend que de lui seul; cette vie ne cherche pas un autre résultat qu'elle-même, elle est aimée pour elle-même, elleest à elle-même sa propre fin.

Elle apporte aussi l'absence de trouble. - Cependant, la vraie vie heureuse n'est pas simplement la vie d'étude .

Elle se situe plutôt dans une synthèse des trois genres de vie possibles , qui ne sont mauvais que si l'on choisit l'un d'eux de façon unilatérale. Aristote précise en outre que mon bonheur dépend essentiellement d'une vertu tout intérieure, qu'il appelle lamagnanimité .

Il entend par là une certaine estime de soi, une conscience de sa valeur qui permet de mépriser la fortune, les honneurs.

Le magnanime sait ce qu'il vaut, il sait se juger lucidement.

Contrairement à un certainchristianisme, qui fait le culte de l'humilité et qui fait de l'orgueil un péché, pour Aristote la fierté, l'estime de soi, sielles sont fondées, apparaissent légitimes et bénéfiques.

L'homme, pour être heureux, a besoin d'une certaineaisance et de loisir pour pouvoir se livrer à la contemplation, mais, en cas de problème, il peut trouver dans samagnanimité de quoi supporter d'un coeur léger les vicissitudes de l'existence, en obtenant un contentement de sapropre vertu et de sa force de caractère. - Nous sommes arrivés à la conclusion que, pour être heureux, il faut vivre en tâchant de développer son esprit . La pensée est l'activité essentielle et la nature de l'homme.

Lorsque je m'y adonne, j'ai bien le sentiment de me. »

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