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chacun a bien en effet le pouvoir de penser ce qu'il veut

Publié le 02/03/2020

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b) La liberté de penser sans être limitée en droit peut l'être en fait

Marx a de même souligné que le droit de penser est souvent une illusion ; la liberté de penser, une liberté abstraite. Il peut être reconnu par la loi que le citoyen a bien le droit de penser ce qu'il veut, et même de l'exprimer ; mais son droit est-il effectif si les moyens d'information sont aux mains de ceux dont l'intérêt est que chacun pense comme ils le souhaitent ? Si tous les moyens d'information et de propagande sont détenus par la seule classe dirigeante, l'individu n'a pas les moyens de penser par lui-même, et son droit de penser est un droit purement formel. Il a le droit, mais non le pouvoir de penser ce qu'il veut. C'est pourquoi, même si la liberté de conscience, d'expression, d'association, etc., est légalement reconnue, elle ne donne cependant pas nécessairement à l'individu un droit réel de penser ce qu'il veut.

Conclusion

Chacun a donc bien par nature le «droit» de penser ce qu'il veut, «droit naturel» inaliénable, que ne peut donc remettre en cause le droit positif. Cependant l'exercice de ce «droit naturel» ne peut être véritablement effectif que s'il s'accompagne d'une liberté d'expression reconnue par le droit positif et d'un libre et réel accès aux moyens d'information et de communication.

« ordres.

Il n'a aucunement le droit de décider quelle action est équitable ou inique, d'inspiration excellente ou détestable.

Tant s'en faut ! L'Etat est, en même temps qu'un corps, une personnalité spiri tuelle ; la volonté de la nation devant passer, par suite, pour la volonté de tous, il faut admettre que les actes, déclarés justes et bons par la nation, le sont aussi de ce fait par chacun des sujets.

Dans l'hypothèse même, où l'un de ces sujets estimera it les décisions nationales parfaitement iniques, il n'en serait pas moins obligé d'y conformer sa conduite.

» (Traité politique, III, § 5) Cette obligation de se soumettre dans tous les cas aux lois, n'entraîne cependant pas une obligation de reconnaître en conscience le bien -fondé de la loi, puisque, nous l'avons vu, le droit de penser et d'exercer sa raison est un «droit naturel» inaliénable.

La conscience humaine, c'est -à-dire le pouvoir d'exercer sa raison, reste et ne peut que rester libre : aucune lo i ne saurait empêcher quiconque d'exercer sa raison.

La révolte de la raison contre ce qui est déraisonnable n'est ainsi pas un droit, elle est un fait. Mais si la révolte physique, violente, ne peut être un droit, elle est, elle aussi, comme nous le montr e l'histoire, un fait.

En conséquence, le droit doit éviter de commander aucun acte susceptible de susciter la révolte d'un grand nombre de citoyens : le droit édicté par l'autorité souveraine doit être raisonnable pour éviter que cette autorité ne soit re nversée et la nation affaiblie ou détruite.

C'est la raison pour laquelle, nous dit Spinoza, il est bon que la loi autorise la liberté de pensée et d'expression, afin que chaque citoyen, s'il estime certaines lois injustes ou nuisibles, ait le droit de le faire savoir, de justifier son opinion, et de tenter par les voies légales d'obtenir l'abrogation ou la modification de ces lois, tout en restant tenu de leur obéir tant que cette abrogation ou modification n'ont pas eut lieu. Ainsi doit s'établir une sort e de dialectique entre la loi et la liberté d'expression : la loi est à la fois ce qui autorise et ce qui limite la liberté d'expression, tandis que la liberté d'expression est ce qui doit permettre de modifier la loi.

La liberté d'expression autorise une critique du droit, mais cette critique doit se faire dans le respect du droit : on peut exprimer sa pensée et s'efforcer de convaincre ses concitoyens de la justesse de son opinion, mais il est illégitime de vouloir l'imposer en sortant du cadre de la loi, de vouloir la faire triompher en utilisant les passions des hommes et non leur raison. «Admettons, suggère Spinoza, qu'un sujet ait montré en quoi une loi est déraisonnable et qu'il souhaite la voir abroger.

S'il prend soin en même temps de soumettre son opinion au jugement de la souveraine Puissance (car celle -ci est seule en position de faire et d'abroger les lois), s'il s'abstient entre -temps de toute manifestation active d'opposition à la loi en question, il est - au titre d'excellent citoyen - digne e n tous points de la reconnaissance de la communauté.

Au contraire, si son intervention ne vise qu'à accuser les pouvoirs publics d'injustice étales désigner aux passions de la foule, puis s'il s'efforce de faire abroger la loi de toute manière, ce sujet es t indubitablement un perturbateur et un rebelle.» (Traité théologico -politique, XX) En vertu du pacte social contracté par les individus, ce serait au reste agir contre la raison elle -même que de refuser de se conformer à la loi, fût -elle déraisonnable.

So crate, condamné à mort, fera observer à Criton (cf.

Platon, Cr/ton50 -51) venu lui proposer de s'évader que, à partir du moment où il s'est placé volontairement sous l'autorité des lois de la cité, il ne lui appartient plus de juger de ces mêmes lois mais i l doit, en tous points, leur obéir, même si elles le condamnent injustement à mourir.

Refuser de se soumettre représenterait aux yeux de Socrate une violation du droit ; une manière de combattre l'injustice par l'injustice, le mal par le mal ; sa conduite serait alors totalement irrationnelle.

Autrement dit, le droit d'exprimer ce que l'on pense n'est véritablement un droit que lorsqu'il va dans le sens de ce que prescrit la raison, et, selon Spinoza, l'on ne saurait parfaire le droit en se rebellant contre lui, c'est -à-dire, en dernière analyse, contre la raison.. »

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