Devoir de Philosophie

Cours sur l'art

Publié le 05/01/2020

Extrait du document

Quant au public pressé et à l'amateur désorienté, deux attitudes les guettent : le relativisme, qui s'en tient à l'idée que tout se vaut, et, par conséquent, que rien ne vaut, et le scepticisme, pour qui nous sommes condamnés à l'ignorance, ce qui rejette l'activité artistique dans le domaine de la futilité : l'art n'est-il pas de façon privilégiée le domaine de l'irrationnel ?

L'ART DOIT ÊTRE PENSÉ

 

Le secours de l'érudition, les savoirs concernant l'art, qu'il s'agisse de l'histoire ou de la critique esthétique, peuvent-ils permettre de lever ces difficultés ? Peuvent-ils constituer une médiation entre l'artiste et son public ? Comment la philosophie doit-elle se situer par rapport à eux?

 

Les connaissances sur l'art développent bien entendu la réflexion. La connaissance de la genèse d'une œuvre, de son contexte historique, son étude formelle ou la restitution des techniques employées permettent de mieux la comprendre et, souvent, de mieux l'apprécier. Mais ces connaissances s'édifient autour d'objets auxquels on reconnaît valeur et beauté avant de justifier ce jugement par une parole savante. C'est pourquoi, dans certains cas, on peut tout autant soutenir que cet accompagnement est parasitaire et que, loin de faciliter le rapport aux œuvres, il le rend plus superficiel.

 

La philosophie aura, par exemple, pour tâche d'interroger l'expérience qui se trouve au fondement de cette reconnaissance. Le sentiment esthétique, l'expérience du beau constituent, à côté de ce qui peut concerner l'art sous un aspect déterminé, un domaine d'interrogation de portée générale.

 

Sans ignorer les sciences de l'art, la philosophie ne doit donc pas s'y substituer. En effet, celles-là traitent d’objets particuliers, alors que la tâche de la philosophie est plutôt d'explorer la signification de l'activité artistique en général. Elle tentera d'en dégager le « pourquoi » et d'expliciter les notions qui y sont appliquées, à commencer, par exemple, par le goût, dont la prétendue souveraineté justifie la dérive des opinions.

 

Il faut donc distinguer l'esthétique au sens de commentaire exercé à propos des œuvres d'art de l'esthétique phi

L'art, aujourd'hui, semble s'adresser à tous ; la conviction, largement partagée, qu'il concerne la société dans son ensemble s'allie aux moyens de communication de masse pour le rendre accessible même à ceux qui ne le rechercheraient pas spontanément.

 

Toutefois, l'art, dans ses formes contemporaines, est souvent réputé éloigné du public, d'accès difficile et réservé à des initiés.

 

En fait, ces deux aspects entretiennent peut-être secrètement un rapport. La facilité apparente de l'accès aux œuvres d'art, qui répond à un souhait égalitaire, ne garantit pas que la perception et l'abord en soient plus aisés, dès que l'on quitte cette appréciation quantitative pour s'intéresser à la réalité des réactions individuelles.

 

Faut-il se féliciter sans réserve du succès, mesuré en nombre d'entrées, de certaines grandes expositions ou de certains concerts, du mécénat d'entreprise ou du fait que les musées sont devenus des lieux pédagogiques? Cette surenchère de bonne volonté est peut-être source de malentendus : alors que l'œuvre d'art est toujours censée être le reflet d'une individualité qui exprime ainsi son originalité, on lui demande, sans doute de manière contradictoire, de plaire à un public de plus en plus large. Certains historiens de l'art ont d'ailleurs souligné dans l'art contemporain un « culte du nouveau », c'est-à-dire une fuite en avant dans la recherche systématique de l'inédit; comme si les formes devenaient périmées dès qu'elles ne choquent plus l'opinion, la provocation risquant de devenir la seule finalité de l'art. Les artistes n'ont-ils le choix qu'entre l'affirmation exacerbée d'une singularité qui les conduirait à produire « n'importe quoi » et le fait de se conformer au goût majoritaire ? Ici s'ouvre la question de savoir quelles sont les finalités de l'art et ce qui justifie la pratique artistique.

« Quant au public pressé et à l'amateur désorienté, deux attitudes les guettent: le relativisme, qui s'en tient à l'idée que tout se vaut, et, par conséquent, que rien ne vaut, et le scepticisme, pour qui nous sommes condamnés à l'igno­ rance, ce qui rejette l'activité artistique dans le domaine de la futilité: l'art n'est-il pas de façon privilégiée le domaine de l'irrationnel ? L'ART DOIT ÊTRE PENSÉ Le secours de l'érudition, les savoirs concernant l'art, qu'il s'agisse de l'histoire ou de la critique esthétique, peuvent-ils permettre de lever ces difficultés? Peuvent-ils constituer une médiation entre l'artiste et son public? Comment la phi­ losophie doit-elle se situer par rapport à eux? Les connaissances sur l'art développent bien entendu la réflexion.

La connaissance de la genèse d'une œuvre, de son contexte historique, son étude formelle ou la restitution des techniques employées permettent de mieux la com­ prendre et, souvent, de mieux l'apprécier.

Mais ces connais­ sances s'édifient autour d'objets auxquels on reconnaît valeur et beauté avant de justifier ce jugement par une parole savante.

C'est pourquoi, dans certains cas, on peut tout autant soutenir que cet accompagnement est parasitaire et que, loin de faciliter le rapport aux œuvres, il le rend plus superficiel.

La philosophie aura, par exemple, pour tâche d'interroger l'expérience qui se trouve au fondement de cette recon­ naissance.

Le sentiment esthétique, l'expérience du beau constituent, à côté de ce qui peut concerner l'art sous un aspect déterminé, un domaine d'interrogation de portée générale.

Sans ignorer les sciences de l'art, la philosophie ne doit donc pas s'y substituer.

En effet, celles-là traitent d'objets particuliers, alors que la tâche de la philosophie est plutôt d'explorer la signification de l'activité artistique en général.

Elle tentera d'en dégager le «pourquoi» et d'expliciter les notions qui y sont appliquées, à commencer, par exemple, par le goût, dont la prétendue souveraineté justifie la dérive des opinions.

Il faut donc distinguer l'esthétique au sens de commen­ taire exercé à propos des œuvres d'art de l'esthétique phi- 4. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles