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Doit-on avoir peur de la science ?

Publié le 27/02/2008

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S. - C'est, dit-il, de devenir misologues, comme on devient misanthrope ; car il ne peut rien arriver de pire à un homme que de prendre en haine les raisonnements. Et la misologie vient de la même source que la misanthropie. Or, la misanthropie se glisse dans l'âme quand, faute de connaissance, on a mis une confiance excessive en quelqu'un que l'on croyait vrai, sain et digne de foi, et que, peu de temps après, on découvre qu'il est méchant et faux, et qu'on fait ensuite la même expérience sur un autre. Quand cette expérience s'est renouvelée souvent (...), on finit, à force d'être choqué, par prendre tout le monde en aversion et par croire qu'il n'y a absolument rien de sain chez personne. N'as-tu pas remarqué toi-même que c'est ce qui arrive ? P. - Si, dis-je. S.

Deux questions sont intrinsèquement contenues dans la notion de science : la première concerne ses limites : qu’est ce qui fait d’une discipline rationnelle une « science « ?

La seconde concerne plutôt sa nature rationnelle et l’attitude qui en découle.

De là, avoir peur de la science, c’est craindre la supériorité de la raison sur la technicité concrète ; c’est, de ce fait, craindre qu’elle ne révèle les mystères d’une vie jusqu’alors vécue dans rationalisation ; c’est, enfin, craindre que l’Homme ne devienne capable d’influer sur le cours de la vie et que la maîtrise dont il puisse faire usage nuise aux bonnes mœurs d’un monde dont la création dépasse l’humain.

Il y aura lieu de se poser la question du sens de cette inquiétude et de cet attachement à une « nature « qui serait sacrée et à laquelle l’Homme ne devrait pas toucher.

« 2.Les limites de la science : un énoncé n'est scientifique qu'à la condition d'être réfutable, de sorte que l'ascience ne nous permet jamais de parvenir à la vérité : Le critère de scientificité d'un énoncé est sa falsifiabilité, d'après Karl Popper ; en ce sens, n'est science que ce quipeut être réfuté par l'expérience.

Dès lors, on peut craindre que la science ne nous trompe en nous faisant croire àtort que l'on accède par elle à la vérité. Les théories ne sont donc jamais vérifiables empiriquement [...].

Toutefois j'admettrai certainement qu'unsystème n'est empirique ou scientifique que s'il est susceptible d'être soumis à des tests expérimentaux.

Cesconsidérations suggèrent que c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre commecritère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi unefois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse êtredistingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative: un système faisant partie de la scienceempirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

Popper 3.

La science n'est teintée d'erreur que parce qu'elle est le fruit du raisonnement humain et non pas d'unepuissance transcendante : Il ne faut pas pour autant remettre en question les bienfaits de l'usage de la raison.

Certes, la science peut noustromper ; mais l'erreur, loin d'être le fruit de l'usage de la raison, est la conséquence de l'immanence de la raisonutilisée par les hommes, qui est nécessairement teintée de la concrétude de l'esprit humain.

Ainsi, si la science noustrompe, ce n'est pas parce qu'elle est le fruit de l'usage de la raison, mais parce que ce sont les hommes qui en fontusage. SOCRATE : Mais avant tout mettons-nous en garde contre un danger. PHÉDON : Lequel ? dis-je. S.

– C'est, dit-il, de devenir misologues, comme on devient misanthrope ; car il ne peut rien arriver de pire à unhomme que de prendre en haine les raisonnements.

Et la misologie vient de la même source que la misanthropie.

Or,la misanthropie se glisse dans l'âme quand, faute de connaissance, on a mis une confiance excessive en quelqu'unque l'on croyait vrai, sain et digne de foi, et que, peu de temps après, on découvre qu'il est méchant et faux, etqu'on fait ensuite la même expérience sur un autre.

Quand cette expérience s'est renouvelée souvent (...), on finit,à force d'être choqué, par prendre tout le monde en aversion et par croire qu'il n'y a absolument rien de sain chezpersonne.

N'as-tu pas remarqué toi-même que c'est ce qui arrive ? P.

– Si, dis-je. S.

– N'est-ce pas une honte ? reprit-il.

N'est-il pas clair que lorsqu'un homme entre en rapport avec les hommes, iln'a aucune connaissance de l'humanité ; car, s'il avait eu quelque connaissance, en traitant avec eux, il aurait jugéles choses comme elles sont, c'est-à-dire que les gens tout à fait bons et les gens tout à fait méchants sont entrès petit nombre les uns et les autres, et ceux qui tiennent le milieu en très grand nombre (...). P.

– C'est vraisemblable, dis-je. S.

– Oui, c'est vraisemblable, reprit Socrate ; mais ce n'est pas en cela que les raisonnements ressemblent auxhommes (...) ; mais voici où est la ressemblance.

Quand on a cru, sans connaître l'art de raisonner, qu'unraisonnement est vrai, il peut se faire que peu après on le trouve faux, alors qu'il l'est parfois et parfois ne l'est pas,et l'expérience peut se renouveler sur un autre et un autre encore.

Il arrive notamment, tu le sais, que ceux qui ontpassé leur temps à controverser finissent par s'imaginer qu'ils sont devenus très sages et que, seuls, ils ontdécouvert qu'il n'y a rien de sain ni de sûr ni dans aucune chose ni dans aucun raisonnement, mais que tout estdans un flux et un reflux continuels, comme dans l'Euripe, et que rien ne demeure dans le même état. P.

– C'est parfaitement vrai, dis-je. S.

– Alors, Phédon, reprit-il, s'il est vrai qu'il y ait des raisonnements vrais, solides et susceptibles d'être compris, neserait-ce pas une triste chose de voir un homme qui, pour avoir entendu des raisonnements qui, tout en restant lesmêmes, paraissent tantôt vrais, tantôt faux, au lieu de s'accuser lui-même et son incapacité, en viendrait par dépità rejeter la faute sur les raisonnements, au lieu de s'en prendre à lui-même, et dès lors continuerait toute sa vie àhaïr et ravaler les raisonnements et serait ainsi privé de la vérité et de la connaissance de la réalité ?. »

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