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En quel sens peut-on parler de la gratuité de l'art ?

Publié le 20/07/2005

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La couleur est la touche. L'oeil est le marteau. L'âme est le piano aux cordes nombreuses. L'artiste est la main qui, par l'usage convenable de telle ou telle touche, met l'âme humaine en vibration. Il est donc clair que l'harmonie des couleurs doit reposer uniquement sur le principe de l'entrée en contact efficace avec l'âme humaine. Cette base sera définie comme le principe de la nécessité intérieure. »   3) la gratuité de l'oeuvre d'art à l'épreuve.    Il évidemment facile de critiquer cet idée d'un art gratuit et formel qui finalement se dédouane de réfléchir sur l'évolution de la société, de prendre parti dans des débats et qui par conséquent se réduirait à une sorte de décoration, de fantaisie sans but. En vérité seule la part décorative de l'art, certains aspects de l'art seraient gratuits. Mais la vérité est plus compliquée.

Que faut-il comprendre par gratuité en ce qui concerne les œuvres d’art ? En somme, les œuvres d’art n’aurait aucune raison d’exister, elles seraient là pour l’ornement, pour la décoration, elles seraient de l’ordre du superflu, de l’inutile, elles seraient comme un corps étranger au monde habituel des objets de la vie quotidienne, elles ne serviraient qu’au plaisir des sens, qu’à la satisfaction esthétique. Il faudra donc observer ce qui est à l’origine de ce sentiment de gratuité.

« constitue un moyen pour atteindre une fin ? Ne peut-il exister une utilité plus riche et plus vraie que la médiocre utilité pragmatique ? • Désintéressement et bonheur : l'utile se ramène-t-il à ce qui est simplement avantageux ? Il signifie, en un deuxième sens, ce qui est apte à contribuer au bonheur de l'homme.

L'utile, ce peut être la qualité m'apportant lajoie, la promesse du bonheur.

Après tout, au-delà de l'utile immédiat, il est une utilité existentielle, profonde, totale.En ce sens, l'oeuvre d' art est utile : non plus comme moyen relatif à une technique, mais comme activité accompagnée de joie, comme ce qui apporte une contribution à l'existence et à la plénitude humaine.Ici, paradoxalement, c'est le désintéressement qui crée le bonheur.

La beauté de l'oeuvre d' art, rupture par rapport au simple désir utile, engendre la victoire spirituelle et la promesse de joie.

Laissant la place à une contemplationdésintéressée, l'oeuvre d' art fait naître un autre utile, une espérance de joie et d'éternité.

L' art, fruit d'une activité sans but pratique, est utile en un deuxième sens : il apporte une valeur spécifique.

Il est à la fois beau et bien etutile, en une signification non restreinte et non limitée.

Il contribue au bonheur et à la spiritualité de l'homme. 2) la gratuité de l'abstrait : le refus de la représentation.

Donnons une définition de la peinture abstraite : La peinture abstraite est celle qui ne représente pas les apparences visibles du monde extérieur, et qui n'est déterminée, ni dans ses fins, ni dans ses moyens, ni dans sonesprit, par cette représentation. Ce qui caractérise donc, au départ, la peinture abstraite, c'est l'absence de la caractéristique fondamentale de la peinture figurative, l'absence de rapport de transposition, à un degréquelconque, entre les apparences visibles du monde extérieur et l'expression picturale .

Désormais le travail dupeintre concerne la nature de la peinture : celle-ci est tout ensemble la forme et le contenu des tableaux.

Ils netirent plus leur sens que de la peinture, de son support, de l'histoire de son procès d'application.

Il s'agit de peindrela peinture.

Conscient d'un danger potentiel d'appauvrissement de son art, Kandinsky publie en 1912 un ouvrage autitre à cet égard significatif : Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier veut éveiller la capacité à « vivre le Spirituel dans les choses matérielles et abstraites ».

Afin d'éloigner le spectre d'une dégradation de lapeinture en simple objet ornemental, l'artiste projette de fixer dans la forme un contenu spirituel et émotionnel.

Lacouleur joue ici un rôle décisif.

Kandinsky l'étudie en détail, et il consacre un chapitre à son action : « En règlegénérale, la couleur est donc un moyen d'exercer une influence directe sur l'âme.

La couleur est la touche.

L'œil estle marteau.

L'âme est le piano aux cordes nombreuses.

L'artiste est la main qui, par l'usage convenable de telle outelle touche, met l'âme humaine en vibration.

Il est donc clair que l'harmonie des couleurs doit reposer uniquementsur le principe de l'entrée en contact efficace avec l'âme humaine.

Cette base sera définie comme le principe de lanécessité intérieure.

» 3) la gratuité de l'œuvre d'art à l'épreuve.

Il évidemment facile de critiquer cet idée d'un art gratuit et formel qui finalement se dédouane de réfléchir surl'évolution de la société, de prendre parti dans des débats et qui par conséquent se réduirait à une sorte dedécoration, de fantaisie sans but.

En vérité seule la part décorative de l'art, certains aspects de l'art seraientgratuits.

Mais la vérité est plus compliquée.

Cela serait imaginer que les artistes peuvent se permettre de mettredans leurs œuvres des éléments qui n'ont aucune justification.

On se rend en vérité compte que chaque touche depeinture sur une toile à sa raison d'être pour la cohérence de l'ensemble, chaque coup du burin du sculpteur sejustifie par rapport au projet final.

Parler de gratuité dans l'art reviendrait à parler de hasard.

Dans ce cas, le hasardreviendrait par exemple à voir les touches de peintures arriver sur une toile sans que le peintre n'ait voulu qu'ellearrive à cet endroit, à l'instar du peintre Pollock et sa technique du drop painting Mais derrière l'apparent hasard artistique se trouve souvent une technique maîtrisée de l'artiste avec une visée.

En vérité chaque coup de pinceauannule le précédent et le rapport de celui-ci avec la surface du fond.

Quelques mois plus tard, cela débouchera surla célèbre technique du dripping , chaque tableau devenant un palimpseste de déversements ou de dégouttements décomposable en couches successives.

Peindre, dès lors, consiste à effacer toute marque particulière, à généraliserles tensions en supprimant toute hiérarchie entre la figure et le fond dans un réseau d'entrelacs que l'œil duspectateur ne peut espérer démêler.

Il ne s'agit plus de « touches » de peinture, mais de strates de couleur.

Pollockpeint à plat sur le sol en dégouttant le pigment à partir d'un bâton (ou éventuellement d'un pinceau) qu'il manie au-dessus de sa toile.

Conclusion.

Parler de gratuité des œuvres d'art serait méconnaître la véritable nature des œuvres d'art et leur visée sociale, leprojet de l'artiste.

L'art si il procure des plaisirs esthétiques, le sentiment qu'il ne répond à aucune finalité, c'estméconnaître que l'art comme le pense Kant « est une finalité sans fin » , c'est-à-dire bien qu'il n'ait pas de finalitédonnée à l'avance réussit tout de même à satisfaire des sentiments esthétiques.

« La beauté est la forme de la fïnalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans la représentation d'unefin ».

Ce qui est beau a l'apparence de la finalité.

Chaque élément semble concourir à l'effet d'ensemble, qu'il s'agisse d'unpaysage, d'un tableau, d'une musique.

Cette finalité ne se ramène pas au critère classique de la perfection puisque. »

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