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Esprit des lois - Montesquieu (commentaire)

Publié le 23/03/2015

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Si une république est petite, elle est détruite par une force étrangère ; si elle est grande, elle se détruit par un vice intérieur.

Ce double inconvénient infecte également les démocraties et les aristocraties, soit qu'elles soient bonnes, soit qu'elles soient mauvaises. Le mal est dans la chose même ; il n'y a aucune forme qui puisse y remédier.

Ainsi il y a grande apparence que les hommes auraient été à la fin obligés de vivre toujours sous le gouvernement d'un seul, s'ils n'avaient imaginé une manière de Constitution qui a tous les avantages intérieurs du gouvernement républicain, et la force extérieure du monarchique. Je parle de la république fédérative.

Cette forme de gouvernement est une convention par laquelle plusieurs corps politiques consentent à devenir citoyens d'un État plus grand qu'ils veulent former. C'est une société de sociétés, qui en font une nouvelle, qui peut s'agrandir par de nouveaux associés qui se sont unis.

[...]

Cette sorte de république, capable de résister à ta force extérieure, peut se maintenir dans sa grandeur sans que l'intérieur se corrompe : la forme de cette société prévient tous les inconvénients.

Celui qui voudrait usurper ne pourrait guère être également accrédité dans tous les États confédérés. S'il se rendait trop puissant dans l'un, il alarmerait tous les autres ; s'il subjuguait une partie, celle qui serait libre encore pourrait lui résister avec des forces indépendantes de celles qu'il aurait usurpées, et l'accabler avant qu'il eût achevé de s'établir.

(E.L., IX, 1)

 

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« Textes commentés 53 L'histoire a enseigné à Montesquieu que, à raison de leur dynamique intrinsèque, les divers régimes politiques sont condamnés à se transformer, ce qui, à plus ou moins brève échéance, produit leur dégénérescence.

Le seul moyen de pallier ce mal qui « est dans la chose même » est la république fédérative.

L'idée de fédération n'est assurément pas nouvelle et Montesquieu rappelle le précédent mémorable, dans la Grèce antique, des amphictyonies ou, en des temps moins lointains, les exemples de la Hollande, de l'Allemagne et des Ligues suisses.

Ces fédérations sont « des sociétés de sociétés », formées sur la base d'accords libres et volontaires dont l'abbé de Saint-Pierre avait déjà démontré, au début du xvme siècle, combien elles étaient profitables à la paix des nations.

Montesquieu souligne à son tour les avantages de la république fédérative qui est d'ailleurs pour lui une confédération d'États née de leur alliance plutôt qu'une véritable fédération impliquant un transfert de souveraineté dont il ne soupçonne même pas la nécessité.

Il retient seulement que l'union des États, faisant leur force, est capable de résister à des assauts extérieurs et offre par là même un gage de sécurité aux citoyens.

1, Il sait cependant que la « chaîne des nations » ne doit pas être confondue avec une « monarchie universelle » ou un super-État dont la volonté 1 hégémonique serait inévitablement oppressive et qu'il convient de conjurer.

Loin de justifier le droit de conquête (E.L., X, 3), elle doit surtout se · manifester dans l'intensification du commerce international et des échanges dont le développement, s'il respecte les spécificités nationales, est le meilleur moyen d'éviter les guerres inter-étatiques.. »

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