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Explication de texte : Hegel, Encyclopédie, §81, addition 2

Publié le 30/03/2014

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hegel

 

 

 

 

 

 

 

A une période de sa vie, Hegel se retrouva plongé dans ce que Georges Bataille appela plus tard « supplication «. Cette supplication était l’épreuve physique et intellectuelle endurée par la constatation d’un certain non-sens de l’existence. Fallait-il accueillir ou combatte cette ouverture sur le néant ? Il semble qu’il s’agisse là d’une des principales questions que se soit posée Hegel dans sa recherche philosophique. Or qu’est-ce que l’attitude sceptique, si ce n’est l’expression du néant que l’on retrouve en toute réalité ?

Dans le paragraphe 81 (addition 2), de l’Encyclopédie des sciences de la logique, Hegel s’interroge sur le scepticisme en se demandant ce qu’est l’attitude sceptique, mais en se questionnant également sur ses insuffisances et ses possibles dégénérescences. En effet, qu’est-ce qui, dans le scepticisme, est essentiel ? Et en quoi l’attitude sceptique peut-elle être dangereuse, ou du moins, insuffisante ?

Selon Hegel, le scepticisme, tel qu’on le trouvait dans l’antiquité, est une étape nécessaire à la philosophie, mais ce ne peut être la fin ultime du processus philosophique. En effet, si l’attitude sceptique nous pousse à remettre en cause le fini immédiat, elle ne doit pas tomber dans une sorte de « dogmatisme du non «. Ainsi, c’est la philosophie en tant qu’elle est pensée de la relation, qui permettra d’aller au-delà du résultat simplement négatif du scepticisme.

HEGEL

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« Dans un premier temps ( ligne s 1 à 7 : «…de ferme et de vrai » ), Hegel commence par démentir une idée reçue que l'on pourrait avoir à propos du scepticisme , en nous montrant qu’il ne s’agit pas d’un simple doute.

Hegel nous explique tout d’abord qu’il y a un fond de certitude dans le scepticisme.

En effet, loin de douter, le scepti que serait « certain de sa Chose ».

Cela ne semble pas aller de soi à première vue car le scepticisme nous apparait plutôt être une attitude de recherche, de prudence et d’incertitude.

L’étymologie grecque même nous désigne le sceptique comme skeptikos : « celui qui examine » , donc qui remet en cause, qui doute.

Pourquoi Hegel nous dit -il donc que le scepticisme est « certain de sa Chose » ? Et quelle est cette « Chose » ? Littéralement, Hegel nous dit que cette Sache est « le caractère de néant de tout ce qui est fini ».

Autrement dit, le sceptique serait sûr qu’un certain « néant » demeurerait en tout ce qui est déterminé.

Hegel veut probablement dire ici que ce qui est sûr, c’est que rien de sûr, rien de vrai ne peut être tiré des choses déterminées .

On ne peut tirer d’elles qu’ une absence de certitude, qu’ une absence de sens .

Cela peut ici nous évoquer une autre phrase de Hegel, cette fois -ci dans les Leçons sur l’Histoire de la Philosophie (trad.

P.

Garniron, Vrin, 1975, page 759) : le scepticisme est « l’art de dissoudre tout déterminé et d’en montrer la vanité ».

Le sceptique a conscience que c’est l’essence de ce qui est fini que de passer, d’être détruit.

Tout ce qui est fini est non -être, néant.

Ce qui est déterminé est en quelque sorte néantisation.

Ainsi, le sceptique révèle et intègre dans sa façon de penser le caractère fini des choses déterminées : tout ce qui sera tiré de la finitude du réel sera nécessairement contingent.

En ce sens, le sce ptique est certain de son incertitude.

L’auteur nous offre ainsi une définition négative du scepticisme, en nous disant ce qu’il n’est pas.

Par opposition, Hegel va nous parler de l’ attitude de celui qui doute (lignes 4 à 7).

L’auteur va ainsi renverser n os a priori sur un point important : la doctrine du doute est un pseudo doute, un doute pour ne plus douter.

Celui qui ne fait que douter est en quelque sorte certain que l’une des déterminations qu’il remet en cause et entre lesquelles il hésite sera la r éponse, la solution véritable pour le sortir de son doute.

Celui qui doute est persuadé qu’il y a une solution à son doute, qu’il y a quelque chose , comme une résolution, qui va lui permettre d’ échapper au non-sens dans lequel il se trouve plongé .

Cela peut nous faire penser à Descartes qui, se sentant comme perdu dans une « eau très profonde » ( Méditations métaphysiques , I) finira par trouver un fondement métaphysique pour la connaissance : le cogito .

Il n’y a donc pas de réelle liberté de la pensée, de réelle ouverture puisque celui qui doute est certain que la réponse se trouve déjà là.

Dans cette première partie de l’extrait, Hegel a donc renversé nos points de vue à la fois sur le scepticisme (le sceptique ne doute pas, il nie) , mais aussi sur ce qu’il appelle « doctrine du doute ».

Si le doute nous maintient dans un certain espoir de trouver la certitude, que fait le scepticisme qui lui, n’a de certitude sur ce qui est fini que le caractère de néant ? Quelles peuvent alors être les failles ou les insuf fisances du scepticisme ? Dans ce second moment du texte (lignes 7 à 16 : « …ce à quoi nous avons à nous tenir » ), Hegel distingue deux " formes" de scepticisme : le scepticisme antique et le scepticisme moderne.

Dans un premier temps, l’auteur nous parle de ce qu’il nomme le « scepticisme proprement dit » (ligne 7), toujours en l’exposant comme le contraire de l’attitude de celui qui doute.

Ainsi, si celui qui doute est, comme nous l’avons vu, plein d’ « espoir » de certitude, le scepticisme consiste à « désespérer ».

Là encore, Hegel nous renvoie à notre manière de concevoir le désespoir.

Nous avons plutôt tendance à accorder à ce terme un sens péjoratif : il nous évoque l’abattement, la détresse ou même l’accablement.

Hegel, au contraire, nous condu it à percevoir le désespoir comme la condition à l’absence de trouble.

Le sceptique, puisqu’il ne place aucun espoir à tirer de la certitude des données de l’ entendement –donc de. »

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