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Freud: L'idée d'inconscient exclut-elle l'idée de liberté ?

Publié le 16/03/2006

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On sait que beaucoup de personnes invoquent à l'encontre d'un déterminisme psychique absolu, leur conviction intime de l'existence d'un libre arbitre. Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyance au déterminisme. Comme tous les sentiments normaux, elle doit être justifiée par certaines raisons. Je crois cependant avoir remarqué qu'elle ne se manifeste pas dans les grandes et importantes décisions ; dans ces occasions, on éprouve plutôt le sentiment d'une contrainte psychique, et on en convient : J'en suis là ; je ne puis faire autrement. » Lorsqu'il s'agit, au contraire, de résolutions insignifiantes, indifférentes, on affirme volontiers qu'on aurait pu tout aussi bien se décider autrement, qu'on a agi librement, qu'on a accompli un acte de volonté non motivé. Nos analyses ont montré qu'il n'est pas nécessaire de contester la légitimité de la conviction concernant l'existence du libre arbitre. La distinction entre la motivation consciente et la motivation inconsciente une fois établie, notre conviction nous apprend seulement que la motivation inconsciente ne s'étend pas à toutes nos décisions motrices. Minima non curat praetor (le chef ne se soucie pas des détails). Mais ce qui reste ainsi non motivé d'un côté, reçoit ses motifs d'une autre source, de l'inconscient, et il en résulte que le déterminisme psychique apparaît sans solution de continuité.

Freud, neurologue de formation, a une importance considérable dans la philosophie du sujet. En effet, en découvrant que la conscience ne représentait pas la totalité du psychisme, il met à mal la conception d’un sujet maître de lui-même. Il théorie ainsi un inconscient qui se caractérise par son autonomie par rapport à la conscience et son fonctionnement à partir de ses lois propres. Il dira d’ailleurs que la conscience doit être considérée comme un petit cercle dans un grand cercle qui est l’inconscient : « L’inconscient est pareil à un grand cercle qui enfermerait le conscient comme un cercle plus petit. «( L’interprétation des rêves). Les propositions de Freud sur l’existence de l’inconscient ont rencontré de nombreuses oppositions, notamment dans les philosophies de Alain et de Sartre. Ce dernier la trouvera dangereuse en ce qu’elle introduit une mauvaise foi et réduit la responsabilité de l’homme. Il est vrai que la théorie de l’inconscient va à certains égards à l’encontre de la liberté. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans ce texte. Freud y interroge le concept de « libre-arbitre « et essaie de montrer qu’il n’y a aucun acte « libre «. Mais de quelle liberté parle-t-il ?

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« - Le libre-arbitre est un concept qui est ancrée dans la culture philosophique.

Descartes affirmait ainsi que c'étaitune « notion commune », que nous n'avions pas besoin de preuve puisque nous usons de notre libre-arbitre à toutmoment et dans toute situation.

« Il est si évident que nous avons une volonté libre, qui peut donner sonconsentement ou de ne le pas donner quand bon lui semble, que cela peut être compté pour une de nos pluscommunes leçons.

»( Principes de philosophie ) De même, tout système juridique se base sur un évident libre-arbitre. En reconnaissant les hommes responsables de leurs actes, les lois et la justice leur reconnaissent une facultépremière à choisir leurs actes. - Comme cette situation, ce concept est ancré dans les habitudes de pensée et de vie de ces contemporains,Freud sait qu'il lui sera dur d'imposer sa conception de déterminisme psychique à travers les motivationsinconscientes.

C'est pourquoi il dit à la deuxième phrase : « Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyanceau déterminisme.

» La croyance au libre arbitre est tenace et Freud doit s'employer à prouver son propos. Il affirme ainsi que sa découverte est la troisième blessure narcissique dans l'histoire de l'humanité : la premièreremontait à Copernic et à l'héliocentrisme, la seconde à Darwin et sa théorie évolutionniste.

La théorie del'inconscient et de la détermination psychique met à mal en effet l'illusion de puissance de l'homme puisqu'il fait delui une marionnette de l'inconscient. Les actes gratuits, insignifiants ne sont pas indéterminés - Freud remarque pourtant que de manière normale, les gens veulent bien reconnaître que pour les grandesdécisions, il n'avait pas une indifférence de choix, de libre-arbitre.

Dans des situations compliquées, dans de grandessituations, nous ne pouvons pas être indifférents aux différentes possibilités qui s'offrent à nous et l'auteur nous ditque la plupart reconnaissent même qu'ils sont poussés dans une direction.

Sur les grandes questions, alors il n'estpas nécessaire de s'attarder pour Freud puisqu'il est reconnu que la décision dépend d'un déterminisme psychisme,c'est-à-dire qu'il est possible de faire remonter l'acte à des causes psychiques.

Le déterminisme psychique est uneidée selon laquelle chaque événement est déterminé par une cause, ici psychique. - Pour Freud, l'enjeu est de s'intéresser aux petits actes, auxquels les gens ne font pas attention et qu'ilsconsidèrent comme absolument pas déterminer.

D'ailleurs ce texte est extrait de Psychopathologie de la vie quotidienne , ouvrage dans lequel le psychanalyste prétend étudier tous les actes quotidiens.

Il s'agit d'affirmer que les petits détails ne sont pas sans importance.

Il écrit ainsi autre part dans ce livre que « la psychanalyse ne peutse vanter de ne s'être jamais occupée de bagatelles.

Au contraire, les matériaux de ses observations sontconstitués généralement par ces faits peu apparents que les autres sciences écartent comme trop insignifiants, parle rebus du monde phénoménal.

» - Les petits détails ainsi de notre vie semblent insignifiants.

Il ressemble à ce que l'on appelle un acte gratuit, c'est-à-dire non motivé par quoique ce soit.

Chez Gide, l'acte gratuit est une façon de prouver sa liberté.

L'acte gratuit , c'est l'acte qui est accompli sans raison, par seul effet de la liberté.

Freud refuse justement l'acte libre.

Un acte esttoujours déterminé, sinon il ne pourrait s'accomplir et s'il ne répond pas à une motivation consciente, il reçoit sonorientation de quelques faits ou désirs inconscients.

« Mais ce qui reste ainsi non motivé d'un côté, reçoit ses motifsd'une autre source, de l'inconscient » Le déterminisme psychique exclut-il la liberté ? - Freud nous dit pourtant qu'il n'est pas nécessaire de mettre à mal la conviction en la liberté.

Mais si tous nosactes sont déterminés soient consciemment, soit inconsciemment, comment penser la liberté ? Le psychanalysteaffirme à la fin de son texte que « le déterminisme psychique apparaît sans solution de continuité ».

Pourtant, lapsychanalyse doit ménager un accès à une certaine liberté puisque sa pratique même consiste à essayer de rendreconsciente et de se défaire de certaines déterminations inconscientes.

Freud reconnaît d'ailleurs que l'inconscientne représente pas la totalité du psychisme : « la motivation inconsciente ne s'étend pas à toutes nosdécisions motrices ».

Il y a donc une place pour la motivation consciente et pour le retour conscient sur notreconscience et nos déterminations. - En fait, il faut concevoir la liberté non comme indifférence de choix, comme capacité de commencer hors de toutdéterminisme.

Il s'agit là d'une confusion entre libre-arbitre et liberté.

Certes l'idée de déterminisme psychique exclutl'idée de libre-arbitre c'est à dire l'idée d'une conscience totalement indéterminée, complètement maîtresse de seschoix, mais non l'idée de liberté.

Spinoza avait déjà ouvert une autre voie.

Bien avant Freud, il critiquait laprétendue liberté, qui poussait les hommes à se croire indéterminés.

Spinoza, par exemple, ne définit pas la libertépar la maîtrise de soi (l'homme n'est pas " un empire dans un empire " ) mais par la condition d'être agi par sa seule nécessité.

" J'appelle libre une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature, contrainte une chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée » .

Pour Spinoza, la seule possibilité de concevoir des pensées libres, c'est donc d'entendre une pensée libre comme une pensée dont lesraisons ne se tirent que de moi-même.

Ce qui implique une connaissance de nos pensées et de nos actions. - Freud disait ainsi « là où le ça ( principe pulsionnel inconscient) était, Je dois advenir » Ce qui veut dire que rienn'empêche que le sujet puisse reprendre une partie du contrôle de lui-même et de découvrir ce qui le faisait agir àson insu.

Par une réflexion sur lui-même, le sujet peut prendre conscience de son déterminisme psychique et cetteréflexion, cette mise à distance du déterminisme met en œuvre une certaine liberté du sujet qui agit sur sondéterminisme psychique.. »

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