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HEGEL: Le tresor de raison consciente

Publié le 24/04/2005

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Le trésor de raison consciente d'elle-même qui nous appartient, qui appartient à l'époque contemporaine, ne s'est pas produit de manière immédiate, n'est pas sorti du sol du temps présent, mais pour lui c'est essentiellement un héritage, plus précisément le résultat du travail et, à vrai dire, du travail de toutes les générations antérieures du genre humain. De même que les arts de la vie extérieure, la quantité de moyens et procédés habiles, les dispositions et les habitudes de la vie sociale et politique sont un résultat de la réflexion, de l'invention, des besoins, de la nécessité et du malheur, de la volonté et de la réalisation de l'histoire qui précède notre époque, de même ce que nous sommes en fait de sciences et plus particulièrement de philosophie nous le devons à la tradition qui enlace tout ce qui est passager et qui est par suite passé, pareille à une chaîne sacrée, [...) et qui nous a conservé et transmis tout ce qu'a créé le temps passé. Or, cette tradition n'est pas seulement une ménagère qui se contente de garder fidèlement ce qu'elle a reçu et le transmet sans changement aux successeurs; elle n'est pas une immobile statue de pierre, mais elle est vivante et grossit comme un fleuve puissant qui s'amplifie à mesure qu'il s'éloigne de sa source. HEGEL

On pourrait intituler ce texte: Nature et vie de la Tradition. Hegel ne se contente pas, en effet, de faire l'inventaire du patrimoine historique de l'humanité, il nous invite à réfléchir sur son mode de transmission et sur la façon dont le passé vit dans le présent pour préparer l'avenir.

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« différents moments de l'Esprit, et que le progrès historique ne soit pas seulement imputable au hasard (c.f.Hegel, Principes de la philosophie du droit , 3e partie, § 342).

Après cette première liaison d'une série d'effets à une série de causes, l'auteur entreprend un parallèle avec une deuxième liaison causale : celle de lascience et de la philosophie à une tradition.

Cette analogie de l'histoire de la raison avec l'Histoire du mondesuggère un rapport entre ces deux termes.

Cette tradition « enlace tout ce qui est passager » pour le garder enchaîné au présent.

Cette tradition est notre lien au passé.

Hegel caractérisera ensuite cette chaîne pard'autres métaphores dans la troisième partie. Troisième partie : Une ménagère dynamique ! On pourrait être tenté de croire que cette chaîne ou tradition est figée, mais cela impliquerait quele rapport au passé n'évolue pas à mesure que le temps avance, et donc que le progrès historique n'existepas.

Imaginer cette chaîne figée, c'est penser que même si les situations changent parmi les époques, celane n'apporte rien à nos connaissances.

Hegel emploie deux métaphores pour contrer l'idée d'une traditionfixe : celle de la « ménagère qui se contente de garder fidèlement ce qu'elle a reçu et le transmet sans changement aux successeurs ».

Si la transmission se faisait sans changement, cela voudrait dire que notre rapport au passé est toujours intact, et donc que nous n'évoluons pas, ni ne progressons.

L'implication estla même dans la seconde métaphore : celle de l' « immobile statue de pierre », car le propre de la sculpture est de se vouloir invulnérable, insensible aux changements.

Hegel veut montrer que cette tradition transmettout en se modifiant, qu'elle conserve tout en changeant.

Il a besoin d'une image qui ne soit pas figée maisdynamique.

C'est ce qu'il trouve dans la dernière métaphore du texte : le « fleuve puissant » porte toujours de l'eau, son rôle est toujours de transmettre alors qu'il change de physionomie le long de son cours.

Le faitqu'il « s'amplifie à mesure qu'il s'éloigne de sa source » permet d'imager l'idée que nos connaissances augmentent à mesure que le temps passe, et donc que le progrès historique existe.

Hegel a ici symbolisé uneidée temporelle par un objet spatial. Deux regards critiques sur ce texte en deux petits livres : - Nous pourrions reprocher à Hegel de prendre le point de vue d'une époque et non des individus qui composent cette époque.

Car si nos connaissances, objets de pensée, augmentent et semodifient, vivre est toujours aussi dur pour les humains.

C'est le point de vue des philosophesexistentialistes, qui refusent l'idée de progrès : si la situation d'un être humain est différente en fonction de l'endroit et de l'époque où il naît, la condition humaine , la difficulté d'exister, est toujours identique pour tous les peuples et toutes les générations. Jean-Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme . - Hegel considère l'Histoire comme une accumulation.

Cela ne va pas de soi.

En observant des cultures longtemps considérées comme primitives, on remarque qu'elles connaissent des inventions,mais qu'elles remplacent par les inventions qui suivent.

C'est que toutes les innovations techniquessont dirigées vers le même but, et que les outils antérieurs sont progressivement remplacés par leursaméliorations et oubliés.

Il y a donc progrès sans accumulation, une histoire stationnaire ; et une culture peut ainsi conserver son mode de vie pendant des siècles tout en évoluant. Claude Lévy-Strauss, Race et histoire , chapitre Introduction Lorsque nous contemplons la civilisation et la culture dans lesquelles nous vivons, et que nous disons que c'estnotre époque, il ne faut pas oublier tout ce que ce temps présent doit aux générations passées : c'est ce querappelle Hegel dans ce texte, en montrant ce qu'est la « tradition » et comment elle vit encore au présent.Après avoir rappelé que le présent est avant tout l'héritage du passé, Hegel illustre son propos par deux exemples(les « arts de la vie extérieure » et les sciences, particulièrement la philosophie) avant de montrer que cethéritage, loin d'être inerte, fait partie de la dynamique du temps humain qui va de l'avant « comme un fleuvepuissant ».

Nous pourrons, en terminant, discuter cette image du fleuve et ses implications. Étude ordonnée et intérêt philosophique Nous avons souvent tendance à nous attribuer le mérite des réalisations de « l'époque contemporaine » et à nousvanter des progrès réalisés par rapport aux générations précédentes; en quoi, nous dit Hegel, nous avons lamémoire courte, car tout ce qui constitue notre présent « ne s'est pas produit de façon immédiate ».

Ce « trésorde raison consciente d'elle-même », c'est-à-dire tout ce que les hommes ont pensé, voulu et réalisé, constitue «essentiellement un héritage », celui de « toutes les générations antérieures du genre humain ».Deux points doivent ici retenir notre attention.

Tout d'abord, la notion d'héritage, de patrimoine replace la. »

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