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Kant et la méchanceté de la nature humaine

Publié le 17/04/2009

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kant
Quand on songe à la méchanceté de la nature humaine, qui se montre à nu dans les libres relations des peuples entre eux (tandis que dans l'état civil elle est très voilée par l'intervention du gouvernement), il y a lieu de s'étonner que le mot droit n'ait pas encore été tout à fait banni de la politique de la guerre comme une expression pédantesque, et qu'il ne se soit pas trouvé d'État assez hardi pour professer ouvertement cette doctrine. [...] Toutefois cet hommage que chaque Etat rend à l'idée du droit (du moins en paroles) ne laisse pas de prouver qu'il y a dans l'homme une disposition morale, plus forte encore, quoiqu'elle sommeille pour un temps, à se rendre maître un jour du mauvais principe qui est en lui (et qu'il ne peut nier). Autrement les États qui veulent se faire la guerre ne prononceraient jamais le mot droit, à moins que ce ne fût par ironie, et dans le sens où l'entendait ce prince gaulois, en le définissant : « L'avantage que la nature a donné au plus fort de se faire obéir par le plus faible. KANT

INTRODUCTION    Quelles relations concevoir sérieusement entre le droit et la guerre ? Celle-ci en constitue-t-elle la négation pure et simple, ou y trouve-t-on malgré tout l'espoir que les rapports entre les sociétés pourront un jour n'obéir qu'au droit, en dehors de toute violence ?    I. LA GUERRE COMME RUPTURE DU DROIT    — Il y a dans la nature humaine de la «méchanceté«. Kant adopte ici un point de vue sans illusion : l'homme peut être aussi bien méchant que bon (ce qui indique que la bonté est une conquête).  — Cette méchanceté se montre dans les relations des peuples entre eux (dans la guerre) beaucoup plus nettement que dans les relations des individus à l'intérieur d'un État (où le gouvernement tempère et équilibre le jeu des égoïsmes). Dans la guerre, l'opposition entre les gouvernements libère le jeu du mal.  — Dès lors, on peut s'étonner que, même pendant une guerre, on continue à évoquer le droit (ou à sous-entendre malgré tout le maintien de ses exigences : c'est ce qui, après la Seconde Guerre mondiale, justifiera les procès de Nuremberg).  

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