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La psychologie est-elle une science d'observation ou une science de raisonnement ?

Publié le 31/05/2011

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La psychologie est à la fois une science d'observation et une science de raisonnement, puisqu'elle a des phénomènes à étudier et des problèmes à résoudre, puisqu'elle opère en même temps sur des faits et sur des idées; mais elle est surtout une science d'observation.

« La psychologie appartient-elle, selon vous, à l'ordre des Lettres ou à l'ordre des Sciences ? INTRODUCTION.

- Jusqu'aux temps modernes, « philosophie » était synonyme de « savoir désintéressé », et la discipline désignée par ce nom englobait toutes les sciences.

Mais celles-ci se sont progressivement détachées dutronc sur lequel elles avaient apparu, et nous observons aujourd'hui ce fait dont l'habitude nous empêche de voirl'étrangeté : la philosophie relève, non de la Faculté des sciences, mais de la Faculté des lettres.

Cetteappartenance n'est pas et surtout ne fut pas sans inconvénients : d'une part, elle suggéra que les problèmesphilosophiques ne sont que littérature, et, d'autre part, confina trop étroitement les chercheurs dans leur spécialité.Mais elle ne fut pas sans avantages, car c'est à partir de son émancipation à l'égard de la philosophie que tascience fit les gigantesques progrès que nous admirons.

Aussi, bien que, de nos jours, philosophes et savantsentretiennent entre eux d'étroits rapports, il n'est pas question de transférer les chaires de philosophie à la Facultédes sciences.Mais la question se pose pour la psychologie.

Apparue comme complément de l'étude métaphysique de l'homme etdénommée tout d'abord psychologie expérimentale » par opposition à la « psychologie rationnelle », qui traitait desproblèmes philosophiques relatifs au principe de la pensée, la science que, de nos jours, nous appelons «psychologie » reste attachée à la philosophie et, comme cette dernière, relève de la Faculté des lettres.

N'y a-t-ilpas là une anomalie, et la psychologie n'appartient-elle pas à l'ordre des Sciences plutôt qu'à l'ordre des Lettres ? I.

— LA PSYCHOLOGIE ET L'ORDRE DES LETTRES Si la psychologie a été si longtemps et reste encore rattachée aux Lettres, ce n'est pas sans raisons.

Lettres etpsychologie s'aident et se compénètrent si intimement qu'elles ne sauraient jamais s'ignorer complètement. Les Lettres font appel à la psychologie. Par « Lettres » on entend d'abord l'étude des langues — langue maternelle, autres langues vivantes et languesanciennes — et l'on peut dire que la psychologie ne joue pas un grand rôle dans ce domaine.

Mais ce terme désignesurtout les oeuvres littéraires et, par extension, toutes les recherches relatives à l'histoire de la pensée et de lacivilisation.

Il ne suffit pas, pour être lettré, d'avoir une connaissance du vocabulaire d'une ou plusieurs langues, desavoir écrire ou parler avec distinction.

Un lettré est en même temps un humaniste : il connaît l'homme, ce qui estune autre façon de dire qu'il est psychologue.La psychologie est nécessaire à la compréhension des oeuvres littéraires, dont, la lecture et l'étude constituentl'occupation principale de l'homme de lettres.

Il s'agit pour lui d'expliquer l'ouvre par l'auteur et l'auteur par sontempérament, par son milieu et par son époque.

On devine tout ce qu'il faut de pénétration psychologique dans letravail littéraire.

Mais il en faut plus encore pour exposer et juger la psychologie qui ressort des ouvrages étudiés :on ne peut pas commenter intelligemment les portraits de LA BRUYÈRE ou les maximes de LA ROCHEFOUCAULD, niparler judicieusement de la passion d'une Hermione ou de l'héroïsme du Cid sans être un véritable psychologue; quesi, ensuite, on prétend porter un jugement sur la justesse des conceptions que se fond de l'homme les auteurs qu'onétudie, il faut s'être fait soi-même une psychologie suffisamment cohérente.D'autres disciplines qui appartiennent à l'ordre des Lettres, celles qu'on dénomme les « sciences morales » ou les «sciences humaines », en appellent constamment à l'intuition psychologique.

L'histoire ne se réduit pas àcollectionner des documents en vue d'établir des faits : « être historien, c'est en dernière analyse comprendre,pénétrer par le dedans l'âme des hommes d'autrefois, retrouver ce qui donna un sens, une valeur à leur pensée, àleurs actes, à leur vie »; sans psychologie, impossible de faire de la bonne histoire.

De même, la sociologie vraimentéclairante est une sociologie compréhensive; or, celle-ci consiste en ce que le sociologue, recourant à la méthodeintrospective de la psychologie, expérimente en lui-même les faits qu'il étudie. La psychologie fait appel aux lettres. Si l'homme de lettres a besoin d'une formation psychologique, inversement le psychologue a besoin d'une culturelittéraire.C'est dans la fréquentation des chefs-d'oeuvre de la littérature classique que l'homme cultivé s'initie à.

l'observationpsychologique.

Le réel est trop complexe pour que nous puissions le débrouiller aisément sans une préparation àl'analyse.

Cette préparation est constituée par l'étude d'ouvrages dans lesquels est consignée une longueexpérience, mais une expérience schématisée, et d'une lecture plus facile que le réel brut.Pour déchiffrer la réalité morale, si variée et si complexe, pour nous orienter au milieu des faits, nous regardons àtravers les oeuvres littéraires.

Nous y trouvons des types, des caractères, des schémas de relations de l'hommeavec le milieu matériel et moral qui nous servent de modèles et de repères.

L'initiation psychologique de l'enfant etde l'adolescent se font en partie par la culture littéraire.

Des oeuvres devenues classiques, consacrées par leur rôledans l'éducation, fixent ces types d'homme et de situations dans les images auxquelles l'art donne un relief puissant.Les poèmes homériques, les chansons de geste, la bible et les évangiles, les oeuvres classiques de la littératureprofane — Corneille, Molière et La Fontaine chez nous — ont tour à tour joué ce rôle.

L'éducation psychologiqued'un homme cultivé consiste surtout dans la connaissance d'un certain nombre de ces images.

L'homme réel estdifficilement accessible parce qu'il est trop complexe et aussi parce qu'il se dérobe aux autres et à lui-même,utilisant et faisant naître les circonstances qui peuvent le masquer ou le montrer tel qu'il veut paraître.

Lescréations littéraires, au contraire, présentent des types intelligibles, représentatifs d'un certain caractère moral;elles les placent dans les situations les plus propres, les mettent en lumière; au besoin elles les expliquent ou les. »

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