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La science contredit-elle la religion ?

Publié le 23/08/2012

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De-même pendant longtemps, les scientifiques ont pu voir, dans tous les phénomènes qu'ils expliquaient, l'oeuvre d'un créateur. Dieu correspond à l'horizon de la science. Cette conception fut exprimée par le physicien Newton. Par exemple la loi de la gravitation universelle décrit la manière de la gravité mais ne permet pas de connaître sa principale cause. La connaissance scientifique du monde est donc mise en perspective par Dieu. Dans une configuration pareille, la science et la religion sont compatibles. Elles se complètent et s'appellent plus qu'elles ne se combattent.  Selon Spinoza, le message de la religion est très simple et peut être compris par l'homme le moins instruit.  Ainsi, les deux formes principales de la pensée humaine ne demande le sacrifice de l'autre.

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« s’interrogeait sur lui, il s’insinuait en vous comme une drogue ».

D’autre part, même si la femme éprouve véritablement de l’amour, cet élan naturel cache toujoursplus ou moins une certaine perversité qui transparaît dans son parfum, comme en témoigne ici encore le les pensée du narrateur de l’Ile : « c’était un parfumsournois, poivré, musqué, ambré, ambigu aussi » Enfin, il y a souvent comme un écho olfactif entre les parfums de la femme et ceux de la nature, créant ainsi unparallèle entre la femme et la nature qui renforce son animalité.

Cette structure s’observe notamment dans Le roman d’un Spahi , de Loti où des scènes évoquant lerenouvellement de la nature font écho aux relations sexuelles qu’entretient le spahi avec la jeune fille africaine.

Ainsi, juste avant que le jeune homme ne cède auxardeurs de l’étrangère, la nature amorce le renouveau de printemps : « L’air était chargé d’effluves lourds et brûlants de senteurs vitales, de parfums de jeunes plantes– la nature se dépêchait d’accomplir ses enfantements prodigieux ».

Si l’on suit alors le raisonnement de Todorov qui affirme que dans le roman colonial de Loti « lepays est réduit à ses femmes », cela concourt à dépeindre l’Afrique comme une terre de sexualité et de bestialité, ce qui se confirme d’ailleurs lorsque l’auteur évoquela maison de prostitution du village : « Il y avait là d’étranges odeurs de nègre et d’alcool ».

On peut peut-être alors se demander ce qu’est une « odeur de nègre »…La sensibilité olfactive de l’occidental peut ici laisser libre cours à son imagination.D’ailleurs, n’est-il pas justement dans la nature même du parfum de jouer bien davantage sur l’imaginaire que sur la réalité ? Comment transmettre la réalité d’uneodeur alors qu’au sein même du langage, le parfum porte en lui les stigmates de son caractère insaisissable ? Des recherches récentes menées par l’INALF sur ladiversité des modes d'expression des cinq sens, montrent qu’en français, il n'y a pas de termes spécifiques pour désigner les sensations olfactives : « À part quelquestermes génériques (parfum, odeur, fragrance...), ou par les propriétés génériques d'agrément ou de désagrément qu'elles provoquent (odeur agréable...), l'expressiondes odeurs intervient par la dénomination de la source odorante (odeur de fleur, de poisson...) ».

On peut alors en déduire que même en ce qui concerne la littérature,pour « faire sentir », il suffirait le plus souvent de nommer … Ne suffit-il pas d’évoquer l’odeur de la papaye verte pour faire naître dans l’esprit du lecteur occidentaltoute une série d’images alors qu’il n’a pas la moindre idée de l’odeur véritable de la papaye ? Le parfum est donc tout particulièrement à même d’offrir imagetotalement fantasmée de l’Ailleurs.En allant un peu plus loin dans cette voie, on peut alors se dire que si parfum est particulièrement propice à évoquer ce dont on ne connaît pas l’odeur, il peut-êtreparticulièrement efficace pour dépeindre ce qui est inaccessible à l’être humain de par sa non-appartenance au monde sensible.

Nous allons donc maintenant aborderune dimension plus spirituelle du voyage vers l’Ailleurs. Qu’est-ce que l’Ailleurs ? S’agit-il obligatoirement un pays lointain ? Si l’on élargit sa définition, l’Ailleurs ne peut-il être à la fois spatial ou temporel, à l’extérieurou à l’intérieur de soi ? Car si le parfum évoque facilement l’exotisme, il est également l’un des meilleurs vecteurs du souvenir.

Ainsi chez Baudelaire, dans LesFleurs du Mal, cette caractéristique est tout particulièrement mise en valeur.

Comparé au "vin du souvenir", le parfum possède un "charme profond, magique" qui ale pouvoir de faire apparaître « Dans le présent le passé restauré ».

Cette réminiscence des souvenirs, beaucoup d’entre nous en ont fait l’expérience lorsqu’un parfumfugitivement respiré nous ramène des années en arrière, dans la cour d’une école, une salle de classe, une maison, dans les bras d’une personne aimée.

Bien desécrivains ont relaté cette expérience et la plus marquante est sans doute le très célèbre épisode de la madeleine évoqué par Proust dans Du côté de chez Swann.

Ilsuffit au jeune Marcel de quelques cuillerée de thé pour faire revivre tout un monde disparu, pour faire renaître un passé pourtant complètement oublié.

Il s’agissaitdavantage dans cet épisode du goût du gâteau que de son parfum mais pour l’écrivain, odeur et saveur se situe sur le même plan : "Mais, quand d'un passé ancienrien ne subsiste (…), seules, plus frêles et plus vivaces, immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, àse rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir." Ainsi, leparfum n’est pas seulement un moyen de représenter l’Ailleurs et de lui donner souffle et vie, mais il est en quelque sorte un moyen de transport vers l’Ailleurs.C’est ainsi qu’il finit par avoir le pouvoir de conférer une profondeur quasi vertigineuse au réel, comme dans la description de la chambre de Combray, descriptionqui repose uniquement sur l’approche olfactive.

Dans un premier temps, Proust la compare d’ailleurs à quelque horizon lointain : "C'était de ces chambres deprovince qui - de même qu'en certains pays des parties de l'air ou de la mer sont illuminées ou parfumées par des myriades de protozoaires que nous ne voyons pas -nous enchantent des mille odeurs qu'y dégagent » Au fur et à mesure de la description, la chambre s’ouvre sur tout un univers olfactif : sur la maison tout d’abordavec l’odeur du feu dans la cheminée, de la cuisine, des plats, mais très vite sur l’extérieur également avec les odeurs de la nature, des fruits, la campagne voisine etmême, sur le plan temporel, l’évocation des saisons successives.

La chambre s’ouvre également sur le « paysage » intérieur et odorant de ses hôtes variés, personnesqui habitent la maison, ou qui y ont dormi par le passé : odeurs de leur corps bien sûr, mais aussi les odeurs de leurs habitudes ou celles plus abstraites de leurpersonnalité : « s’y dégagent les vertus, la sagesse, toute une vie secrète ».

Il y a donc un processus d’ouverture sur l’Ailleurs qui fait littéralement exploser lesfrontières de l’univers temporel et spatial de la chambre.

Le lieu serait porteur des fragrances de toutes les générations qui se sont succédées par une sorte deréminiscence transcendantale et mystique qui nous amène à nous pencher sur les liens entre parfum et spiritualité. Le rapport étroit entre parfum et spiritualité est ancestral.

Pour les Anciens, les parfums étaient non-seulement comme un hommage qu'on devait aux dieux, maisencore comme un signe de leur présence.

Ainsi, chez les poètes grecs, les dieux ne se manifestent jamais sans annoncer leur apparition par une odeur d'ambroisie.

Parailleurs, on employait aussi des parfums sur les tombeaux pour honorer la mémoire des morts.Il est bien évident que les traditions religieuses de tous les pays ont un lien privilégié et sacré avec les parfums.

Elles ont toutes, semble-t-il, utilisé l'encens brûlé surl'autel pour favoriser la méditation ou encore pour atteindre « l’Au-delà », autre terme donné à l’Ailleurs par la religion.

On trouve donc dans la littérature demultiples traces de ces circonvolutions de fumées, dès qu’il s’agit d’évoquer la spiritualité.

Dans les Fleurs du Mal, il y a de multiples références à l’encens,caractérisé par Baudelaire comme l’un des parfums les plus propices à « l’expansion des choses infinies » et c’est d’ailleurs cette fragrance qui est évoquée enpremier dans son poème intitulé Le Parfum : « Lecteur as-tu quelquefois respiré /Avec ivresse et lente gourmandise / Ce grain d’encens qui remplit une église ? ».Le parfum crée donc le climat propice à l'élévation spirituel, au voyage de l’âme mais il peut-être également un indice terrestre des senteurs de l’au-delà.

Ainsi chezFlaubert, par une transmutation poétique, les corps des défunts ont un parfum délicieux, les morts ne sont pas embaumés mais ils sont perçus comme tel.

Dans laDanse des morts, lorsque les personnages s’assoient dans le cimetière, tout autour d’eux, ce n’est que parfum : « Alentour, le vent soufflait sur les fleurs qui sepenchaient sur l’herbe pleine de rosée et de parfums (…) ; quelque chose de suave comme un regard et d’embaumant comme un baiser parcourait les bois […] Oneût dit une âme qui s’était couchée sur la terre.

Pas un bruit, pas un murmure, rien du monde que les morts qui dormaient sous les fleurs.

L’herbe était haute etnourrie, la terre couverte de parfums […] était tiède et chaude ; les morts dormaient sous les linges parfumés ».

Les morts embaument, la tombe est conçue comme lecontenant d’un parfum qui se diffuse.

D’ailleurs, l’âme elle-même est une substance odorifique.

Ainsi Emma Bovary s’évapore progressivement après sa mort : « illui semblait que s’épandant au dehors d’elle-même, elle se perdait confusément dans l’entourage des choses (…), dans les senteurs humides qui montaient » Enfin,chez Baudelaire, cette contrée lointaine à laquelle on n’accède que par la mort peut être elle-même un lieu merveilleusement odorant, comme en témoignent ces versissus de la Mort des amants : « Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères / Des divans profonds comme des tombeaux, /Et d'étranges fleurs sur des étagères /Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

» dans lequel on ne manquera de noter la présence de ces « fleurs étranges » qui rappelle les paysages exotiques.Cependant, nous allons voir que cet Ailleurs représente la plupart du temps, davantage une expérience mystique et sensorielle qu’une réelle dimension religieuse. Plutôt que de rêver d’un Au-delà religieux, les poètes symbolistes du 19ème siècle sont partis à la conquête de ce qu’ils appellent « L’Idéal », notion difficilementdéfinissable parce qu’elle correspond justement à un Ailleurs que l’âme ne peut atteindre qu’à travers la poésie.

Pour parvenir à cet état de félicité il faut nonseulement travailler la pâte du langage mais se mettre soi-même dans un état de réception profonde des signes de l’univers, processus que l’on cherche à activer,selon la célèbre formule de Rimbaud par un « dérèglement des sens ».

C’est pourquoi les cinq sens vont être particulièrement présents dans toute la poésie symboliste,mais c'est sans doute avec Baudelaire que les parfums pénètrent avec une telle prégnance dans la littérature.

En effet, Les Fleurs du Mal exaltent un sens de l'odoratqui prévaut largement sur celui de la vue et de l'ouïe : "Mon âme voltige sur les parfums comme l'âme des autres hommes voltige sur la musique.

" Le parfum setrouve au cœur d’un certain nombre de poèmes aux noms évocateurs : Parfum exotique, le Parfum, le Flacon mais aussi dans Correspondances, la vie antérieure, laChevelure etc.

Baudelaire recherche la diversité des sensations, il navigue entre les parfums subtils et délicats et les lourdes senteurs qui lui procurent de sensationsviolentes.. »

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