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La science peut-elle fournir à l'homme des réponses définitives ?

Publié le 07/03/2004

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On va passer du stade infantile de l'observation à celui, scientifique, de l'expérience. Il faut, comme le souligne Spinoza, dépasser les connaissances du premier et du second genre, produits d'une vague expérience, à celles du troisième genre, soumises à la raison en se faisant « une idée claire et distincte « des phénomènes. C'est ce qui va donner son crédit à toute découverte, à toute loi s'en dégageant.La valeur des découvertes repose cependant sur l'affirmation du déterminisme. Il faut supposer comme certaine l'existence de lois naturelles, immuables, universelles qui régissent l'univers. La nature devient alors quantifiable et justifie toute recherche scientifique. L'homme de science est celui qui va tenter de démasquer ces mécanismes éternels de déchiffrer le monde. C'est l'idée de Descartes lorsqu'il appelle « machines « les animaux, donnant ainsi une justification à la théorie fixiste. Et Newton, découvrant la loi de l'attraction universelle, pense avoir découvert l'un de ces déterminismes immuables. Le domaine de la science se précise alors : c'est l'explication par la cause, par opposition à l'explication finaliste qui appartient à la métaphysique.

La question de la fiabilité de la science n’est pas neuve. Après tout, tout un mode de vie est fondé sur la viabilité des sciences. Si nous en pouvons avoir la certitude que les réponses qu’elle nous apporte sont définitives, il peut nous être difficile de progresser. Mais al science peut-elle nous fournir de telles réponses ? Dans un premier temps, nous devons admettre que c’est là le principe d’une science. Pourtant, rapidement ne voyons nous pas les limites de ce principe, en pratique ? Si l’expérience nous apprend que les réponses de la science ne sont jamais définitive, mais que dans le même temps, c’est ce que nous attendons d’elle, comment faire ?

« Dans les domaines nouveaux de la science, par exemple en microphysique, les anciennes idées sont contestées.Ainsi il apparaît que malgré tout ses efforts, l'homme de science reste soumis à un certain empirisme.

Appartenantau monde, l'homme reste influencé par ses structures.

L'exemple le plus saisissant est celui de la géométrieeuclidienne.

Ne pouvant démontrer son cinquième postulat (par un point on ne peut mener qu'une seule parallèle àune droite distincte), Euclide l'admet et se range devant une évidence terrestre.

Or Lobatchevski et Riemann ontdémontré qu'il était fort possible de construire une géométrie cohérente (les espaces courbes) en niant cecinquième postulat.

Il apparaît donc que l'homme de science ne peut vaincre certains obstacles et ne peut doncdonner une valeur indubitable et immuable à ses réponses.

Ainsi, l'autorité d'une sommité scientifique peut-elles'opposer au progrès : Huygens ne put combattre la théorie corpusculaire de la lumière soutenue par Newton etDescartes.Il apparaît donc que les découvertes ne sont plus aussi sûres et rigoureuses que l'on aurait pu le penser.

D'autrepart les réponses scientifiques sont mises en doute par une certaine négation de déterminisme.

En effetl'impossibilité d'une prévision exacte de certains phénomènes est aujourd'hui admise.

Ainsi,en microphysique, la position de l'électron autour du noyau ne peut être donnée que par les possibilités.

Certainssavants imaginent même un certain libre arbitre de l'électron.

La science ne peut alors donner qu'une réponserapprochée.

De même, la mécanique relativiste a créé une grande surprise quand elle a montré que la masse d'uncorps (jusqu'alors considérée comme constante) dépendait de la vitesse de ce corps.

Le déterminisme devient sicomplexe, le nombre de facteurs entrant en jeu est tellement important qu'il laisse un grand nombre de possibilités,une sorte de choix.On ne peut donc accepter comme définitives des découvertes scientifiques.

La science n'est plus cet outil parfait,rigoureux du XIXe siècle.

On passe alors du triomphalisme au scepticisme.

Ainsi les nouvelles expérimentations, tellesque la chambre de Wilson, ne parviennent à donner qu'un résultat partiel soumis aux incertitudes.

Dans le domainedes sciences humaines, ou de la nature, le déterminisme devient encore plus contestable, les lois plus incertaines.L'honnêteté exige de reconnaître les lacunes de la méthode scientifique.

Doit-on alors conclure sommairement que lascience n'apprend rien à l'homme, qu'elle n'est que spéculations abstraites mutilées aboutissant à des résultatsdécevants ? Il semble qu'une telle idée méconnaît la valeur profonde de la science et le processus de la recherchescientifique.Il faut tout d'abord, si l'on veut rétablir la vérité en ce domaine, retrouver le mécanisme scientifique.

La scienceprocède en effet par bonds, ou par retournements successifs.

Claude Bernard a bien expliqué ce processus : à partird'une observation contredisant une théorie en vigueur, naît une intuition qui pousse le scientifique à élaborer uneexpérimentation, celle-ci décidant de la justesse de l'intuition.

L'exemple de la théorie des ondulations en ce quiconcerne la lumière vérifie cette idée : Fresnel et Young, en obtenant des interférences lumineuses, vérifient lathèse d'Huygens.

Mais Planck et Einstein en interprétant le fonctionnement de la cellule photo-électrique vontmodifier cette théorie par l'hypothèse des photons, à la fois ondes et corpuscules.

Il n'y a donc pas nécessairementrejet d'une théorie : on observe plus fréquemment qu'une nouvelle théorie complète la précédente. On peut alors accepter cette opinion : les réponses données par la science, dans un souci de probité, d'honnêteté,ne sont ni définitives, ni fausses mais partielles.

L'évolution générale des connaissances amène les hommes descience à reconsidérer les questions et à tenter d'y répondre d'une manière plus complète.

Ainsi la mécanique deNewton n'est pas infirmée par la mécanique relativiste : elle en est un cas particulier.

De même la géométrieeuclidienne est un cas particulier de celle de Lobatchevski, elle-même cas particulier de celle de Riemann.

Ce fait,loin de détourner l'homme de la science, doit au contraire le pousser vers elle : la science est fondamentalementouverte à la nouveauté et tournée vers le progrès.

Il faut toutefois ne pas se départir d'une certaine réserve lascience ne donne qu'une approche de la réalité susceptible d'être corrigée par la suite.

Il convient donc d'accepterles réponses proposées par la science mais comme une étape et non comme un aboutissement.La richesse de la science est donc certaine : moyen de connaissance, elle enseigne cependant l'humilité le savantne prétend plus aujourd'hui présenter une approche immuable et rigoureuse d'un phénomène.

Conscient des limitesde son savoir, il donne à l'homme une image plus exacte des choses et du pouvoir de l'être humain face à l'univers.Il faut donc essayer de se placer entre le positivisme inconsidéré et le scepticisme. La science est avant tout une connaissance exacte et approfondie.

C'est donc connaitre avec certitude.

En règlesgénérales, la science est ce qui est fondé, ce qui définit.

C'est le fondement sur lequel l'homme peut ensuiteconstruire toutes ses théories. Nous comprenons aussi sous le terme de science la recherche scientifique, à proprement parler, la recherche d'uneréponse sûre et certaine.

Si une recherche aboutie à une certitude, nous avons coutume de penser que la sciencequi en est issue est définitive.. »

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