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La science positive est-elle capable de donner une réponse valable au problème de la destinée humaine ?

Publié le 16/09/2014

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Rappelons d'abord, à titre d'exemple, l'une ou l'autre de ces théories philosophiques qui prétendent résoudre le problème de la destinée en se fondant sur quelque science positive.

Bien avant qu'on parle de science positive, par exemple au temps d'Epictuce et d'Amui« de Cyrène, c'est bien en définitive à une ébau­che de science positive que les philosophes qu'on appelle empiristes demandaient la solution du problème fondamental de la morale. Vous voulez connaître la destinée de l'homme ? Rien de plus facile : observez-le, regardez où il tend, ce qu'il cherche incoereiblement. Ainsi, c'est la psychologie, science positive, qui est chargée de résoudre le problème de la destinée humaine.

Mais, pour la science moderne, l'homme n'est pas, ainsi qu'on l'avait cru pendant longtemps en se fondant sur le récit de la Genèse, un être miraculeusement installé dans un monde essentiellement différent de lui. Il est le résultat d'une poussée évolutive qui traverse le monde vivant et même celui de la matière brute. Aussi, pour connaître la destinée de l'homme c'est la nature entière qu'il faut interroger. Il faut en parti­culier se pencher sur la longue histoire de la vie, observer d'où elle vient et déterminer où elle va; du même coup, nous déterminerons la destinée du dernier vivant apparu sur terre, l'homme. Or, une des conclusions de la biologie positive moderne est le progrès des organismes grâce à la 

« 400 MÉTAPHYSIQUE ce monde et s'en rend indépendant dans la mesure où il pense et réfléchit.

Mais s'il pense et réfléchit, n'est-ce pas parce qu'il est inséré dans un monde morcrl à la vie spirituelle du(1uel il participe? C'est du moins la -théorie de ! 'Ecole sociologique française d'après laquelle tout ce qu'il y a de spédfiquement humain en nous n'est qu'une participation à la vie de la société dont nous faisons partie.

Par suite, pour connaitre la destinée de l'homme, nous n'avons qu'à étudier la science positive des sociétés, la sociologie : c'est le sens de l'évolution de groupements humains qui nous apprendra le sens de notre propre vie.

Peut-on ainsi compter sur quelqu'une des sciences positives ou sur la science positive prise dans son ensemble pour résoudre le problème de notre destinée P Certes.

la solution de ce problème nécessite une certaine science posi­ tive : avant de déterminer où va l'homme, vers quel idéal il doit tendre, il faut d'abord savoir ce qu'il est en lui-même et dans quel milieu il se trouve plongé : le moraliste est nécessairement psychologue et il lui est utile d'avoir queiques lumières sur les sciences de la nature et dans le domaine de la sociologie.

]oi:; la science positive ne saurait suffire à fournir la réponse au probli;me de la destinée.

En effet, elle ne nous fait pas atteindre la nature essentielle de l'homme; d'ailleurs, comme elle ne nous fuit connaître que ce qui est, nous ne pourrons jamais, d'après ses données, déterminer ce qui doit être et fixer l'idéal vers lequel nous devons diriger notre marehe.

* * ..

Tout d'abord, de 1 'homme, la science positive nous fait connaitre et, dans une grande mesure, comprendre les diverses activités : elle nous laisse nu seuil du mystère de la vie et de la pensée.

Depuis cent ans, la biologie a fait des progrès de géant.

Les embryo­ fogistes nous ont fait assister à la genèse de l'être vivant à partir d'un œuf qui se segmente et dont les parties se différencient pour former les différents organes du type spécifique qui l'a produit.

Les physiologistes ont découvert le rôle d'organismes microscopiques, expliqué le mécanisme du système nerveux, démonté les admirables instl1!ments que sont les organes de nos sens.

Mais quand il s'agit de déterminer pourquoi cette petite masse de protoplasme devient un oiseau ou un homme, quelle est la nature de cette force mystérieuse qui la dirige vers la forme propre de l'espèce, la science positive en est au même point qu'au moyen âge et doit avouer qu'elle 1 'ignore.

Sans doute, il est des biologistes pour lesquels les phénomè,nes vitaux résultent des propriétés de la matière brute et d'autres qui estiment nécessaire de faire appel à l'existence d'un principe d'organisation distinct de la matière; mais les uns et les autres, quand ils hasardent des hypothèses de ce genre quittent l'attitude posi­ tive, qui consiste à s'en tenir rigoureusement aux faits, pour se faire métaphysiciens, cherchant à tirer des faits plus qu'il n'est immédiatement donné.

La science positive ignore done la nature profonde de ce qui, en nous, nous parait le plus facilement accessible, le corps ou l'organisme.

A plus forte raison est-elle incapable de nons renseigne,r sur la nature du principe de la vie intérieure qu'on appelle l'esprit ou l'âme.

La psychologie est bien en retard sur les sciences de la nature : il faut. »

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