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La technique est-elle la condition du bonheur ?

Publié le 13/03/2005

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technique

On l'accuse d'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à une uniformité de production qui choque le sens artistique. Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendus amusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil, après suppression de la machine. Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer les vraies originalités. «    

II. Les limites et les risques du confort technique

Cependant, la foi en la technique présente certains dangers : l'homme risque de ne s'attacher qu'à elle, de réduire le bonheur à une amélioration de ses conditions d'existence matérielles. Pire, il risque de n'envisager que les aspects positifs de la technique, de ne pas se soucier de ses dangers ou de ses mauvaises conséquences à long terme : la technique pourrait être finalement destructrice si l'on ne prend pas le soin de limiter notre rapport à elle.    Lévinas   TECHNOLOGIE : Etude générale de la technique, ses oeuvres, ses procédés et son histoire. En un autre sens, désigne plutôt aujourd'hui les éléments les plus avancés, les plus complexes de la technique moderne, en particulier ceux qui mettent en jeu les nouvelles machines. « Il serait urgent de défendre l'homme contre la technologie de notre siècle. L'homme y aurait perdu son identité pour entrer comme un rouage dans une immense machinerie où tournent choses et êtres.

La technique est l'ensemble des moyens artificiels, fabriqués, que l'homme met en oeuvre pour améliorer les conditions matérielles de son existence. C'est une capacité spécifiquement humaine, dont les productions sont en progrès permanent.

On définit le bonheur comme un état de satisfaction durable, et on le pose souvent comme la recherche finale de toute vie humaine. Le contenu du bonheur pose cependant problème : de quoi le bonheur est-il fait ? Quelles sont les conditions de son obtention ? Cette question est ici posée de manière très précise, car elle se concentre sur le rapport de la technique – donc, d'un confort matériel - et du bonheur. Etre la condition de quelque chose, c'est avoir un statut par lequel la chose en question n'est pas réalisée si la condition n'est pas remplie. Autrement dit, peut-il y avoir un bonheur sans technique ? Et, s'il ne peut y avoir de bonheur sans technique, quelle est la nature de la condition que représente la technique ?  

technique

« technique pourrait être finalement destructrice si l'on ne prend pas le soin de limiter notre rapport à elle.

Lévinas « Il serait urgent de défendre l'homme contre la technologie de notre siècle.L'homme y aurait perdu son identité pour entrer comme un rouage dans uneimmense machinerie où tournent choses et êtres.

Désormais, exister équivaudrait àexploiter la nature ; mais dans le tourbillon de cette entreprise qui se dévore elle-même, ne se maintiendrait aucun point fixe.

Le promeneur solitaire qui flâne à lacampagne avec la certitude de s'appartenir, ne serait, en fait, que le client d'uneindustrie hôtelière et touristique livré, à son insu, aux calculs, aux statistiques, auxplanifications.

Personne n'existerait pour soi.

Il y a du vrai dans cette déclamation.La technique est dangereuse.

Elle ne menace pas seulement l'identité despersonnes.

Elle risque de faire éclater la planète.

Mais les ennemis de la sociétéindustrielle sont la plupart du temps des réactionnaires.

Ils oublient ou détestent lesgrands espoirs de notre époque.

Car jamais la foi en la libération de l'homme n'étaitplus forte dans les âmes.

Elle ne tient pas aux facilités que les machines et les sources nouvelles d'énergie offrent à l'enfantin instinct de la vitesse ; elle ne tient pas aux beaux jouets mécaniquesqui tentent la puérilité éternelle des adultes.

Elle ne fait qu'un avec l'ébranlement des civilisations sédentaires, avecl'effritement des lourdes épaisseurs du passé, avec le pâlissement des couleurs locales, avec les fissures quilézardent toujours ces choses encombrantes et obtuses auxquelles s'adossent les particularismes humains.

Il fautêtre sous-développé pour les revendiquer comme raisons d'être et lutter en leur nom pour une place dans le mondemoderne.

Le développement de la technique n'est pas la cause - il est déjà l'effet de cet allègement de lasubstance humaine, se vidant de ses nocturnes pesanteurs.

» III.

Le bonheur philosophique, indépendant des conditions matérielles La seule manière de se préserver de ce risque, lorsque l'on cherche les conditions du bonheur, serait de refuser des'en remettre à la technique et de rechercher le bonheur d'une manière qui soit indépendante des conditions del'existence matérielle.

C'est une voie que la philosophie a traditionnellement beaucoup développée : la tentation deconsidérer la technique comme la condition du bonheur est grande, mais il importe, si l'on veut échapper auxdangers qu'apporte le caractère contingent du monde matériel, de lutter contre cette tentation et de rechercher lebonheur dans une autonomie de l'homme par rapport à son monde. Descartes « Quand on considère les biens et les maux qui peuvent être en une même chose, pour savoir l'estime qu'on en doitfaire, comme j'ai fait lorsque j'ai parlé de l'estime que nous devions faire de cette vie, on prend le bien pour tout cequi s'y trouve dont on peut avoir quelque commodité, et on ne nomme mal que ce dont on peut recevoir del'incommodité ; car pour les autres défauts qui peuvent y être, on ne les compte point.

Ainsi, lorsqu'on offre unemploi à quelqu'un, il considère d'un côté l'honneur et le profit qu'il en peut attendre, comme des biens, et de l'autrela peine, le péril, la perte du temps, et autres telles choses, comme des maux ; et comparant ces maux avec cesbiens, selon qu'il trouve ceux-ci plus ou moins grands que ceux-là, il l'accepte ou le refuse.

Or ce qui m'a fait dire ence dernier sens, qu'il y a toujours plus de biens que de maux en cette vie, c'est le peu d'état que je crois que nousdevons faire de toutes les choses qui sont hors de nous, et qui ne dépendent point de notre libre arbitre, àcomparaison de celles qui en dépendent, lesquelles nous pouvons toujours rendre bonnes, lorsque nous en savonsbien user ; et nous pouvons empêcher, par leur moyen, que tous les maux qui viennent d'ailleurs, tant grands qu'ilspuissent être, n'entrent plus avant en notre âme que la tristesse qu'y excitent les comédiens, quand ilsreprésentent devant nous quelques actions fort funestes ; mais j'avoue qu'il faut être fort philosophe, pour arriverjusqu'à ce point.

» TECHNOLOGIE : Etude générale de la technique, sesoeuvres, ses procédés et sonhistoire.

En un autre sens,désigne plutôt aujourd'hui leséléments les plus avancés, lesplus complexes de la techniquemoderne, en particulier ceux quimettent en jeu les nouvellesmachines.. »

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