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La vérité a-t-elle une histoire ?

Publié le 20/09/2005

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histoire

La vérité désigne la réconciliation des deux premiers moments dans le dernier. L'esprit absolu, arrivé au terme de son déploiement, est pleinement réalisé, réconcilié, ou pour le dire autrement, il est parvenu à sa vérité qui est la plus pleine. Il y a donc bien une histoire de la vérité au sens de la succession des moments du déploiement de la raison qui cherche à se réaliser, à devenir véridique.   II - La vérité est-elle temporelle ?   Référence :  Nietzsche   « A force de devoir désigner une chose comme "rouge", une autre comme " froide", une troisième comme "muette", s'éveille une proportion morale à la vérité : de l'opposition au menteur, à qui personne ne fait confiance, que tous excluent, l'homme tire pour lui-même la démonstration du caractère respectable, rassurant et utile de la vérité. Il place maintenant son action en tant qu'être "raisonnable" sous la domination des abstractions ; il ne souffre plus de se laisser emporter par les impressions soudaines, par les intuitions ; il invente de généraliser toutes ces impressions en des concepts plus pâles et plus froids, afin d'y accrocher le wagon de la vie et de son action. Tout ce qui distingue l'homme de l'animal dépend de cette capacité à subtiliser en un schéma les métaphores intuitives, donc à dissoudre une image dans un concept. Dans le domaine des ces schémas quelque chose en effet est possible qui ne pourrait jamais réussir au milieu des premières impressions intuitives : édifier un ordre pyramidal selon des castes et des grades, créer un monde nouveau de lois, de privilèges, de subordinations, de délimitations, qui fait face désormais à l'autre monde, intuitif, des premières impressions comme étant ce qu'il y a de plus stable, de plus général, de mieux connu, de plus humain, et donc en tant qu'instance régulatrice et impérative. «   Le geste de Nietzsche consiste à montrer que la vérité que l'on a coutume d'opposer à la fausseté s'oppose en réalité toujours au mensonge. La vérité est donc une valeur morale et jamais un absolu que l'on pourrait atteindre par une quelconque manière.

Analyse du sujet :

  • Le sujet prend la forme d'une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui « ou « non « en conclusion avec les nuances qui s'imposent, au terme d'une argumentation documentée.
  • La vérité s'oppose premièrement à la fausseté. Elle est universelle et ne se limite donc pas à une opinion.
  • Elle est avant tout une caractéristique du discours. Elle se distingue donc du fait qui n'est par lui-même ni vrai, ni faux. Une proposition, par exemple : « il pleut « peut être dite vraie ou fausse, selon que dans les faits, il pleuve ou non. La proposition n'est cependant pas vraie par elle-même : c'est son adéquation avec le fait dont elle rend compte qui constitue le critère de sa vérité. Elle pourra très bien être fausse demain, si pour reprendre notre exemple, il ne pleut pas demain.
  • On pourrait se demander si la proposition « 2 + 2 = 4 « n'est pas vraie par elle-même, contrairement à ce qu'on vient de dire. Elle n'est en fait vraie que sous certaines conditions : en base 3 par exemple, 2 + 2 = 1 donc la proposition « 2 + 2 = 4 « est fausse. Dans ce cas, c'est le contexte qui permet de déterminer s'il y a adéquation ou non.
  • Dans son emploi courant, la vérité semble également être une propriété des objets : elle est alors synonyme d'authenticité, par exemple lorsque nous parlons d'un vrai tableau, pour manifester le fait qu'il n'est pas une copie.
  • La vérité s'oppose enfin au mensonge. Elle est une valeur positive
  • L'histoire désigne ou bien la succession des événements, ou bien la discipline historique, c'est-à-dire l'historiographie. Dans les deux cas, elle suppose une temporalité et est tournée vers le passé.

 

 

Problématisation :

 

Une première interprétation du sujet inviterait à ce demander s'il y a une Histoire, au sens d'une historiographie, de la vérité. Cela signifierait que l'histoire comme cours des événements dévoilerait peu à peu la vérité dont on pourrait alors faire l'Histoire. Plus exactement, l'Histoire de la vérité serait celle de sa découverte, de sa mise au jour progressive. La première question est donc :

I – y a-t-il un progrès de l'histoire vers la vérité ?

La seconde interprétation possible de l'historicité de la vérité remet immédiatement en question la première : il s'agit cette fois d'entendre l'historicité au sens strict d'une temporalité, d'une évolution dans le temps. Si justement la vérité n'est pas égale à elle-même, si son essence même est historique, alors toute idée de dévoilement d'une unique vérité perd son sens.

II – La vérité est-elle temporelle ?

 

histoire

« tradition s'accumule, s'amplifie comme un fleuve.

Troisièmement, le déploiement est dialectique, ce qui signifie qu'ils'opère selon différents moments.Où se trouve la vérité dans cette perspective ? La vérité désigne la réconciliation des deux premiers moments dansle dernier.

L'esprit absolu, arrivé au terme de son déploiement, est pleinement réalisé, réconcilié, ou pour le direautrement, il est parvenu à sa vérité qui est la plus pleine.Il y a donc bien une histoire de la vérité au sens de la succession des moments du déploiement de la raison quicherche à se réaliser, à devenir véridique.

II – La vérité est-elle temporelle ? Référence : Nietzsche « A force de devoir désigner une chose comme "rouge", une autre comme "froide", une troisième comme "muette", s'éveille une proportion morale à lavérité : de l'opposition au menteur, à qui personne ne fait confiance, que tousexcluent, l'homme tire pour lui-même la démonstration du caractèrerespectable, rassurant et utile de la vérité.

Il place maintenant son action entant qu'être "raisonnable" sous la domination des abstractions ; il ne souffreplus de se laisser emporter par les impressions soudaines, par les intuitions ; ilinvente de généraliser toutes ces impressions en des concepts plus pâles etplus froids, afin d'y accrocher le wagon de la vie et de son action.

Tout cequi distingue l'homme de l'animal dépend de cette capacité à subtiliser en unschéma les métaphores intuitives, donc à dissoudre une image dans unconcept.

Dans le domaine des ces schémas quelque chose en effet estpossible qui ne pourrait jamais réussir au milieu des premières impressionsintuitives : édifier un ordre pyramidal selon des castes et des grades, créer unmonde nouveau de lois, de privilèges, de subordinations, de délimitations, quifait face désormais à l'autre monde, intuitif, des premières impressions commeétant ce qu'il y a de plus stable, de plus général, de mieux connu, de plushumain, et donc en tant qu'instance régulatrice et impérative.

» Le geste de Nietzsche consiste à montrer que la vérité que l'on a coutume d'opposer à la fausseté s'oppose en réalité toujours au mensonge.

La vérité est donc une valeur morale et jamais unabsolu que l'on pourrait atteindre par une quelconque manière.

Mais si justement elle est une valeur, alors elle estinstituée, ce qui signifie qu'elle varie en fonction des institutions qui posent telle ou telle vérité.

L'institution, diraitMichel Foucault à la suite de Nietzsche, institue un partage entre le vrai et le faux selon un geste d'exclusion de ceque l'on ne doit pas admettre comme vrai.

La vérité possède donc sa temporalité propre qui est celle de lasuccession des pouvoirs qui déterminent ce qu'elle doit être : elle est donc essentiellement historique.

Transition :Si la vérité est historique au sens de la temporalité, alors il semble impossible de produire une Histoire au sens del'historiographie qui suivrait le développement d'une vérité.

Cette Histoire elle-même ne serait vraie qu'à une époquedonnée, sous une institution donnée, si bien que chaque Histoire pourrait nier la précédente.

Autrement dit, si lavérité est historique, alors l'Histoire elle-même n'a plus de vérité, et nous sombrons dans un profond relativisme.

III – Y a-t-il une vérité de l'Histoire (historiographique) ? Chaque Histoire semble pouvoir nier la précédente, si bien que la discipline historique peut ne plus rien signifier.Comment sortir de ce relativisme ?Hans Georg Gadamer, dans Vérité et Méthode , entrevoit une issue au problème de la variabilité de la vérité dans la discipline historique : pratiquer l'Histoire ne consiste justement pas chaque fois à réécrire toute l'histoire en fonctionde ses propres critères de vérités, dont nous avons dit qu'ils variaient temporellement.

Au contraire, il fait partir dela variabilité elle-même : chaque époque écrit sa propre histoire selon ses propres conceptions de la vérité.

C'est enréalité la distance entre la manière dont une époque se conçoit et la manière dont nous la concevons et concevonsnotre propre époque qui est féconde pour la discipline historique.

Traduire dans des termes contemporains ce qu'uneépoque pensait d'elle-même est impossible : l'Histoire consiste bien plutôt en dialogue entre les questionnementscontemporains et les questionnements passés.

C'est donc l'abîme infranchissable des époques de l'histoire qui fournitla matière à l'Histoire historiographique.

Apprendre du passé, c'est justement mesurer la distance qui nous sépare dece que nous ne sommes pas et ne seront jamais.

Conclusion : Nous avons montré que la vérité possédait sa propre historicité (temporalité), ce qui menaçait la vérité de l'Histoire(historiographique) : l'Histoire serait alors elle-même historique.

Mais précisément, la vérité de l'Histoire ne consistepas dans la vérité de ce qu'elle énonce comme étant une vérité figée.

Au contraire, la vérité de l'Histoire est pourainsi dire méthodique, en ce qu'elle consiste à toujours évaluer la distance qui nous sépare irrémédiablement desHistoires passées.

L'Histoire, dans cette perspective, est un questionnement ouvert, une invitation au dialogue avecle passé.

Mais puisque alors il faut admettre qu'elle possède une temporalité (du moins à l'égard de ce qu'elle énonce. »

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