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L'accomplissement de tous ses désirs est-elle une bonne règle de vie

Publié le 18/01/2010

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Les mots du sujet    Désir : le désir n'est pas le besoin. Ce qui caractérise le besoin est qu'il doit toujours être satisfait sous peine de mort. Si je ne satisfais pas un désir, je ne meurs pas pour autant. Le besoin est naturel (et aussi animal), le désir est culturel et humain. Par exemple, le désir sexuel est un besoin pour l'espèce (elle disparaît s'il n'est pas satisfait) mais un désir pour l'individu (on ne meurt pas de ne pas le satisfaire).  Le désir est la recherche d'un objet que l'on imagine ou que l'on sait être source de satisfaction. Il s'accompagne donc d'un sentiment de manque, de privation.    Accomplir ses désirs, c'est les satisfaire. Le sujet précise « accomplir tous ses désirs «. « Tous « signifie « sans exception «.    Règle de vie : une règle est une formule ou une proposition indiquant une démarche ou une voie à suivre, une manière de se conduire. Une règle de vie est donc un précepte qui nous dit comment il faut vivre.    « Bonne « règle de vie : double sens. Une règle de vie peut être « bonne « au sens où elle nous est utile c'est-à-dire où elle nous conduit au bonheur.  Mais est bon aussi ce qui est conforme au bien, aux normes éthiques, bref ce qui est moral  Une bonne règle de vie peut donc être aussi bien une règle de vie qui conduit au bonheur qu'une règle de vie morale.    Le sens du problème    Il s'agit de savoir si pour être heureux et si pour être moral il faut admettre la règle, le précepte, de satisfaire tous ses désirs sans exception ou si, au contraire, il convient de maîtriser certains d'entre eux, voire renoncer totalement à la satisfaction de certains désirs. On remarquera que l'alternative à « tous ses désirs « n'est pas « aucun de ses désirs « mais « quelques désirs «.    Présupposé de la question  Il est présupposé qu'il est possible d'accomplir tous ses désirs, ce qui ne va pas de soi.    Réponse spontanée    Elle est plutôt affirmative.

« identifie le philosophe à Éros (désir, amour), fils de Poros (ressource, richesse intellectuelle ou psychologique) et dePenia (pauvreté).

Éros est donc « intermédiaire » entre la ressource ou la richesse et la pauvreté, assez riche pourcombler son dénuement mais trop pauvre pour être pleinement satisfait.

Éros passe sa vie à philosopher.

Lesphilosophes, dit le texte, ne sont ni sages ni ignorants.

Les dieux ne philosophent pas car ils sont sages et nedésirent donc pas l'être.

Les ignorants ne philosophent pas non plus car, croyant déjà connaître, ils ne désirent pasla connaissance.

Fils d'un père sage (Poros) et d'une mère pauvre (Penia), Éros ne peut être que philosophe.La philosophie est donc désir et ne saurait condamner absolument le désir.

Il relève de la condition humaine etsemble être notre dignité par rapport à l'animal. 3) Le désir comme moteur de vie et comme créateur de valeurs On peut même définir l'homme par le désir.

C'est ce que fait Spinoza.

Pour Spinoza, l'homme est animé par ce qu'ilappelle le conatus, défini comme le « désir de persévérer dans son être ».

Celui-ci ne caractérise du reste passeulement l'homme mais la Nature toute entière (c'est-à-dire Dieu).

La Nature (dont nous sommes une petite partie)est elle-aussi désir de persévérer dans son être (elle est « nature naturante ») et la réalisation de son conatus estla production d'elle-même (« nature naturée »).

La Nature se produit elle-même.

Elle peut le faire, du reste, sanslimite car, infinie, elle ne rencontre aucun obstacle.

L'homme, en tant que partie de la nature, est, lui aussi, animépar ce désir de production de lui-même.

Le conatus se manifeste en lui tant au niveau de son corps qu'au niveau deson âme.

En tant que corps, il cherche à vivre le plus longtemps possible, à garder la santé mais aussi vise à une vieagréable, à un certain confort.

Bref, il vise à l'utile.

En tant qu'âme il désire connaître, et connaître pour connaîtrec'est-à-dire pour permettre à son âme de persévérer dans son être.Tant que nous agissons selon notre seul conatus nous éprouvons de la joie.

La tristesse vient lorsque nous sommesempêchés de réaliser notre conatus à cause de l'intervention des choses extérieures.

Satisfaire nos désirs, en tantqu'ils proviennent de nous même et non en tant que nous subissons les actions extérieures, est donc pour Spinozaune bonne règle de vie.

Accomplir ses désirs consiste alors à rechercher l'utile qui nous est propre, ce qui est bonpour nous.

Le bon se définit d'ailleurs comme ce qui est l'objet de nos désirs.

Quelque chose n'est pas désirableparce qu'il est bon mais au contraire bon parce que nous le désirons.

Le désir apparaît alors comme producteur devaleurs.Il faut satisfaire les désirs émanant de notre conatus et suivre sa nature définit exactement pour Spinoza notreliberté.

Mais, justement, tous nos désirs proviennent-ils de nous-mêmes ? Satisfaire tous ses désirs contribue-t-ilréellement à notre bonheur ? II Le désir comme obstacle au bonheur 1) L'infini du désir Il nous faut revenir à l'expression « accomplir tous ses désirs ».

Accomplir tous ses désirs serait les satisfaire sansexception, sans relâche, au fur et à mesure qu'ils apparaissent.

Or ne s'agit-il pas là d'un processus sans fin ?Platon compare le désir au tonneau des Danaïdes.

Selon la mythologie, les Danaïdes ont été condamnées à remplird'eau un tonneau percé.

De la même façon que le tonneau ne sera jamais rempli, le désir n'est jamais satisfait.

Àpeine accompli, il renaît car de la satisfaction passée naît le regret qui est nouveau désir.

En ce sens, accomplirtous ses désirs n'est nullement une recette de bonheur.

Celui qui choisirait cette règle de vie serait sans cesse enmouvement, incapable d'atteindre la sérénité de l'âme que suppose le bonheur.

Épicure décrit de même le plaisir enmouvement, toujours en quête, jamais satisfait, obstacle à l'ataraxie, absence de trouble de l'âme, seul compatibleavec la béatitude.

Le bonheur ne saurait être la somme de satisfaction de tous les désirs car cette satisfactioncomplète et totale n'existe jamais.Il faut ajouter que la psychanalyse nous a montré que le désir est fantasme et que nous embellissons l'objet denotre désir.

Dans ces conditions sa satisfaction est souvent décevante.

Le seul cas de satisfaction intégrale desdésirs se trouve dans la fiction romanesque, chez Sade par exemple, où l'orgie a toujours lieu dans des lieux clos etisolés qui symbolisent la dimension utopique.

Bataille souligne que les personnages actifs finissent par atteindre unétat de neutralité par saturation qui n'est autre qu'une extinction du désir.

Le désir se nourrit justement de l'interdit. 2) Renoncer à tous ses désirs Faut-il alors renoncer à tous ses désirs ? C'est cette solution que préconise Schopenhauer.

Selon lui, tout dansl'univers (les êtres vivants comme les forces chimiques ou physiques) est animé de volonté.

On pourrait rétorquerque la volonté n'est pas le désir, sauf que chez Schopenhauer la volonté n'a rien à voir avec le libre-arbitre mais estune puissance aveugle de vie, sans fondement et surtout sans finalité.

L'homme est un jouet inconscient de ce quil'anime.

Il n'existe aucun plan divin et nous sommes esclaves de notre vouloir-vivre.

Le désir est alors l'expressionconsciente et individuelle de ce vouloir-vivre.

On peut donc affirmer, qu'aux yeux de Schopenhauer, l'homme estesclave du désir et oscille entre la souffrance (quand le désir est encore insatisfait) et l'ennui (après lasatisfaction).

La souffrance est alors notre condition.La morale de Schopenhauer va alors être une morale du renoncement.

Il faut d'abord renoncer à transmettre la viecar c'est transmettre la tromperie du bonheur, le seul sentiment moral acceptable étant la pitié qui reconnaîtl'universalité de la souffrance.

La seule délivrance est la négation du vouloir-vivre, non pas dans le suicide, maisdans l'acte de non-volonté (cette thèse n'est pas éloignée du bouddhisme).

Il faut renoncer au désir qui est le malradical.Comment renoncer au désir ? Une première solution se situe dans la contemplation esthétique.

Comme Kant,Schopenhauer considère qu'elle est désintéressée et donc délivrée des désirs.

Mais le vrai remède, le remède radical. »

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