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l'action ne vise-t-elle que l'efficacité ?

Publié le 19/10/2005

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Si pour la machine, la visée de l'efficacité est la seule permise, (car en effet une machine inefficace est mise au rebut), cela est en revanche moins évident pour l'homme. En effet, une action ratée, peut-être tout aussi profitable qu'une réussie : si cela est impensable dans le cadre du modèle productiviste, en revanche dans le cadre de l'agir humain, l'importance constitutive de l'échec est évidente.             B- Plus généralement, faire de l'efficacité la seule valeur visée dans l'action réduit considérablement le champ de l'action humaine et amène à méconnaître la dimension intentionnelle de celle-ci. En effet, l'action humaine, contrairement aux actions de la chaîne de production est libre dans le sens où elle peut se choisir des valeurs à atteindre. Parmi elles, il y a certes l'efficacité, mais cela peut tout aussi bien être : -         le Bien : mettre en place un système de retraite ou une sécurité sociale n'est pas « efficace », il y a d'autre valeurs recherchées derrière cette acte ( et heureusement serait-on tenté de dire. Il faut refuser le cynisme et admettre que l'homme peut ne pas agir seulement par intérêt et se donner des idéaux nobles...) -         le Beau : tous les artistes ne sont pas « engagés », et partant ne recherchent pas l'efficacité quand il se consacre à leur oeuvre ( peut-être est-ce même le domaine par excellence où la pensée de l'efficacité est la moins à sa place, la création artistique étant typiquement ce qui tend à une certaine inefficacité, qui ne trouve sa fin qu'en elle-même). C- L'action exemplaire. Bergson dans son livre  Les Deux Sources de la morale et de la religion oppose deux types de morale, une morale « close », calculatrice à une morale ouverte : celle des héros et des saints. Une morale en partie fondé sur l'admiration des grands hommes dont les actions ont valeur d'exemple, actions qui par leur portée dépassent de loin celles seulement basées sur une basse utilité ou efficacité, des actions qui par leur hauteur de visée suscite l'admiration. Une expression superbe de cela peut se trouver dans le  Cyrano de Bergerac de Rostand où mourant il déclare, l'épée à la main face à mille ennemis (imaginaires) : « _ Que dites-vous ?

Dans un monde où nous sommes jugés sur nos actes, sur ce qu’ils manifestent de ce que nous sommes dans le monde, il parait normal d’attribuer pour unique visée de ceux-ci et de l’action en général, l’efficacité. C’est ainsi que l’homme politique par exemple, est écarté du pouvoir si ces actions sont jugées inefficaces. Pourtant, pour naturel que cela paraisse, on peut toutefois se demander si l’action ne vise que l’efficacité. En effet, viennent aussi à l’esprit des actions qui semblent sortir de ce cadre : d’un strict point de vue économique, mettre en place un système de sécurité sociale par exemple est particulièrement inefficace (cela coûte cher et ne produit pas de richesses), dès lors on peut se demander ce qui motive cette action, d’où une double interrogation : d’une part, l’action peut-elle avoir d’autre finalité que l’efficacité (c’est-à-dire viser d’autres valeurs, dans le cas de la sécurité social ici, une certaine solidarité, un bien commun) ? Et d’autre part, on peut se demander si en abordant la question de l’action à travers la perspective de l’efficacité c’est-à-dire des effets, on ne risque pas de laisser de côté l’autre pôle de l’action, l’intention ?  Il s’agit de se demander en somme si l’action ne vaut que par son efficacité. On montrera d’abord que si l’action peut en effet sembler viser seulement l’efficacité, on verra néanmoins ensuite que cela n’est vrai que d’un certain type d’action que l’agir humain excède. Enfin, il restera à examiner les conséquences morales et politiques qu’entraînent une conception de la finalité de l’action comme efficacité.

« Bergson dans son livre Les Deux Sources de la morale et de la religion oppose deux types de morale, une morale « close », calculatrice à une morale ouverte : celle des héros et des saints.

Une morale en partiefondé sur l'admiration des grands hommes dont les actions ont valeur d'exemple, actions qui par leur portéedépassent de loin celles seulement basées sur une basse utilité ou efficacité, des actions qui par leurhauteur de visée suscite l'admiration.

Une expression superbe de cela peut se trouver dans le Cyrano de Bergerac de Rostand où mourant il déclare, l'épée à la main face à mille ennemis (imaginaires) : « _ Que dites-vous ? C'est inutile ? _ Je le sais mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès.

_ Non ! Non ! C'est bien plus beau quand c'est inutile ! » TRANSITION: On le voit l'agir humain, ne se réduit heureusement pas à viser exclusivement l'efficacité, il est capable de se donner d'autres valeurs qui témoignent non seulement de l'intention de l'action mais plus encore de laliberté humaine.

Reste en plus, à voir les conséquences morales et politiques que peut avoir un tel modèlepragmatiste de l'action. III- Conséquences d'une certaine conception "pragmatique" de l'action.

A) L'amoralité politique.Comme l'a bien montré Machiavel dans Le Prince , le politicien se doit de rechercher avant tout l'efficacité dans ses actions, il n'a pas à se soucier de la morale : le politicien est non pas immoral, il est amoral.

Cela amène ainsi àrefuser de traiter de valeurs : le politicien doit composer avec ce qui est et ne peut s'occuper de ce qui devrait être .

Or si cela est, dans une certaine mesure, acceptable dans le contexte politique dont s'occupe Machiavel ( situation de crise exceptionnelle à Florence, et nécessité de fonder un état, non de le maintenir), il y a quelquesdangers à ce refus des valeurs en politique.

Comme le dit Kant dans la Critique de la Raison Pure dans un célèbre passage où il défend l'esprit du projet de cité idéale de Platon, il faut un idéalrégulateur, quelque chose d'exemplaire vers quoi tendre.

Certes, on saitqu'on ne peut atteindre un tel niveau de rationalité et de vertu, mais ce quiimporte c'est d'essayer de s'en rapprocher le plus.

Il y a ainsi une vertu del'utopie, qui est d'être un horizon certes inatteignable mais qui indique oùtourner ses regards et permet d'éviter le risque que court le disciple deMachiavel à rester prisonnier de l'état des choses et du monde.

B) Il y a une même tension entre la morale et cette finalité de l'efficacité.L'action efficace est rarement l'action morale : l'action morale pour Kant estainsi seulement conforme au devoir et n'a pas à répondre à d'autres finalités,telle que l'efficacité ou quoi que ce soit d'autre.

On agit moralement parcequ'on le doit, non en vue d'un but intéressé.

Inversement, la froide logique etla rationalité qui préconise l'efficacité, amène rarement à faire des actesmoraux : le plus efficace économiquement correspond bien souvent à ce quiméprise le plus l'individu.

Conclusion : Certes, l'action peut se penser comme devant viser avant tout l'efficacité,c'est même bien souvent nécessaire, mais il ne faut toutefois pas imaginerque ce soit le tout de l'agir humain.

En effet, s'il est une preuve d'une certaine liberté de l'homme, c'est justementcette capacité à se choisir d'autres finalités, d'autres valeurs que celles de l'efficacité et de l'intérêt.

Oublier cela,peut avoir des conséquences assez graves : penser l'action humaine comme on pense la production, c'est oublier cequi fait la grandeur de l'homme, cela peut amener aux pires politiques, aux actions les plus inhumaines.. »

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