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L'art est un besoin de l'esprit de G.-W. F. HEGEL

Publié le 05/01/2020

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esprit
La création de formes par l'art n'est pas seulement ici le résultat d'un amour de l'imitation, mais s'inscrit dans le devenir de la conscience. L’esprit devient dans l’histoire conscient de lui-même, à travers ses réalisations, en modifiant le monde sensible. L’art est un moment de cette histoire, exprimant une lutte entre l'esprit et la matière, dans laquelle celui-ci veut se reconnaître, et Hegel cherche à saisir cette attitude sous son aspect originel.
L’universalité du besoin d’art ne tient pas à autre chose qu’au fait que l’homme est un être pensant et doué de conscience. En tant que doué de conscience, l’homme doit se placer en face de ce qu’il est, de ce qu’il est d’une façon générale, et en faire un objet pour soi. Les choses de la nature se contentent d’être, elles sont simples, ne sont qu’une fois, mais l’homme, en tant que conscience, se dédouble : il est une fois, mais il est pour lui-même. Il chasse devant lui ce qu’il est; il se contemple, se représente lui-même. Il faut donc chercher le besoin général qui provoque une œuvre d’art dans la pensée de l’homme, puisque l’œuvre d’art est un moyen à l’aide duquel l’homme extériorise ce qu’il est.
 
Cette conscience de lui-même, l’homme l’acquiert de deux manières : théoriquement, en prenant conscience de ce qu’il est intérieurement, de tous les mouvements de son âme, de toutes les nuances de ses sentiments, en cherchant à se représenter lui-même, tel qu’il se découvre par la pensée, et à se reconnaître dans cette représentation qu’il offre à ses propres yeux. Mais l’homme est également engagé dans des rapports pratiques avec le monde extérieur, et, de ces rapports, naît également le besoin de transformer ce monde, comme lui-même, dans la mesure où il en fait partie, en lui imprimant son cachet personnel. Et il le fait, pour encore se reconnaître lui-même dans la forme des choses, pour jouir de lui-même comme d’une réalité extérieure. On saisit déjà cette tendance dans les premières impulsions de l’enfant : il veut voir des choses dont il soit lui-même l’auteur, et, s’il lance des pierres dans l’eau, c’est pour voir ces cercles qui se forment et qui sont son œuvre, dans laquelle il retrouve comme un reflet de lui-même. Ceci s’observe dans de multiples occasions et sous les formes les plus diverses, jusqu’à cette forme de reproduction de soi-même qu’est l’œuvre d’art.
 
G.-W. Friedrich Hegel, Introduction à l’Esthétique (1835), coll. «Champs», Aubier-Montaigne, 1964, p. 80-81, © Hegel G. W. F., trad. S. Jankélévitch.

esprit

« Ceci s'observe dans de multiples occasions et sous les formes les plus diverses, jusqu'à cette forme de reproduction de soi-même qu'est l'œuvre d'art.

G.-W.

Friedrich HEGEL, Introduction à/' Esthétique (1835), coll.

«Champs», Aubier-Montaigne, 1964, p.

80-81, © Hegel G.

W.

F., trad.

S.

Jankélévitch.

POUR MIEUX COMPRENDRE L.E TEXTE Hegel met en évidence la première manifestation de l'atti­ tude créatrice, première au sens où elle est le moment de la plus simple confrontation de l'esprit et de la matière.

L'.esprit perçoit la modification qu'il lui fait subir, entrant ainsi dans un rapport pratique avec le monde extérieur.

Malgré les apparences, c'est bien lui-même que l'homme contemple dans cette réalité extérieure modifiée.

Il ne contemple pas son image au sens de copie, mais il perçoit la marque de son pouvoir.

La conscience de soi est donc pra­ tique, par opposition à une attitude d'autocontemplation, dite théorique, qui a son prix mais ne donne pas naissance à une œuvre : agir et créer sont des moyens de se connaître à cer­ tains égards supérieurs à la contemplation «théorique».

Cette dernière peut faire penser ici au mythe de Narcisse, abîmé dans son reflet.

Une telle opération suffirait si la nature humaine était statique, si l'on pouvait en construire une image fixe.

En fait, la conscience se manifeste aussi dans l'action, dans la domination pratique de la réalité, dans le fait que l'homme ne subit pas, comme d'autres êtres, des conditions d'existence données, mais qu'il les crée.

Il prend conscience de son action et de son pouvoir, donc de lui-même, mais sur un plan pratique, et du changement qu'il provoque dans un monde dont il devient en partie l'auteur.

À partir du moment où il transforme le monde, non pour organiser sa vie concrète, mais « pour tirer une jouissance de la forme des choses», cette attitude annonce la création artistique.

Nous retrouvons ici l'idée que le jeu enfantin n'est pas gratuit {voir texte 14) : les ronds dans l'eau sont la marque d'une intention, d'une liberté, l'expérimentation d'un pou-. »

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